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 DECRYPTIMAGES;NET NOUVELLE FORMULE LE 16 OCTOBRE ! |
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decryptimages.net est le plus important portail francophone d'éducation aux images. Doté de nombreux contenus, il bénéficie de collaborations entre l'Institut des Images et la Ligue de l'Enseignement nées dans les années 1990, d'activités en ligne lancées dès 2000 et rassemblées en 2008 dans le site decryptimages.net.
Aujourd'hui ce site fait peau neuve en rendant plus accessible ses ressources pour valoriser tous ses travaux de référence concernant la priorité du XXIe siècle : APPRENDRE A VOIR. Continuant à donner le dernier était de la recherche, il développe parallèlement --au-delà des expositions gratuites téléchargeables qui ont un très grand succès-- des modules pour tous les publics à différents âges.
LA MISE EN LIGNE DE LA NOUVELLE FORMULE SE FERA LE 16 OCTOBRE.
VENEZ LE LUNDI 16 OCTOBRE DE 18h A 20h A LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE SITE TOLBIAC (à l'aquarium près de l'entrée) POUR FETER AVEC DE NOMBREUX PROFESSIONNELS CETTE NOUVELLE ETAPE !
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25 : 07 : 17 |
 ON A RALLUME LES LUMIERES ! |
ON A RALLUME LES LUMIERES !
4 jours magiques. 4 jours où jamais nous n'avions eu autant de
personnes à chaque moment, venues d'ici ou d'ailleurs. 4 jours aussi où
nous avons affronté les intempéries et dû annuler un spectacle (Les
artisans de l'Ephémère arrivés de Troyes)... L'équipe de bénévoles a
assuré par un travail vraiment incroyable et courageux. La population
s'est mobilisée en accueillant plus de 70 invités. Les intervenant(e)s
ont offert beaucoup de générosité et d'échanges, tel Speedy et Emily
parlant avec la population en réalisant la fresque (grand moment) ou Gg
qui non seulement a dessiné des chroniques pour ces
Rencontres-Promenades, mais offre à l'association le fruit de la vente
de ses dessins originaux exposés jusqu'à fin août au Kiosque de la
vallée à Argentat (un livre peut-être se prépare).
Que dire,
alors que nous sommes fatigué(e)s mais heureuses/reux et fier(e)s de ce
bel acte de résistance culturelle dans les temps de crimes et
d'obscurantisme où nous vivons ? Chaque édition d'Histoires de
Passages... est faite de moments uniques dans un agencement où nous
dégustons des savoirs, des savoir-faire, de la création et de la
gastronomie. Portés par un narrateur que je m'efforce d'être, cette
longue transhumance permet de découvrir personnes et lieux. Difficile de
ne citer que certains événements. Tous nous ont marqué, même quand ce
fut difficile : le concert d'Extatic devait avoir lieu dans le cadre
exceptionnel du barrage du Chastang et a dû être repoussé en intérieur
en fin de soirée au jardin public d'Argentat. Eh bien, j'y ai découvert
le déhanché redoutables de quelques-unes et quelques-uns porté(e)s par
une musique profonde...
Oui, beaucoup ont compris que dans notre
échange de générosités où tout est gratuit, les spectateurs ne sont pas
des CONSOMMATEURS mais des PARTICIPANTS. Ainsi --grand moment de
solitude--, je me souviens être arrivé à l'espace EDF samedi avec une
météo exécrable, avec grand retard, avec un concert annulé, avec un
appareil de projection des films de Raphaël Minnesota momentanément en
panne, avec un public qui attendait pourtant sagement, nombreux,
attentif et où Edouard Launet nous a soudainement transportés pour nous
parler de Sorbonne Plage, de cette communauté de savants atomistes
autour de Marie Curie, Langevin, correspondant avec Einstein à la
presqu'île de l'Arcouest et voulant bâtir un monde de paix... Très beau
souvenir.
Comme Monceaux entre Chemin de pensées, spectacle de
Marie-Laure Fraysse et Thérèse Canet, création de Claire Angelini et
lumières cinématographiques de François Albera, stand des Lumières de
Louis Rollinde et notre grande tablée si chaleureuse. Comme la mythique
"Porte du musée imaginaire" avec Choukri à la manoeuvre et France,
Francis, Jean-Claude qui se sont battus pour qu'existe matériellement
cette oeuvre marquante, futur totem d'un territoire dans un art visible
par toutes et tous et gratuit. Bon, je vais me mettre à égrener tout le
programme mais quand même, grosse émotion pour l'avenue Roland Topor et
sa soeur Hélène, et l'articulture de Sinono chez Naja Bendix,
formidable après-midi et soirée à Saint Martial Entraygues, les cabanes,
le jardinier Claude Bureaux, Prince Roro et Louis Winsberg qui nous font deux sublimes
concerts dans cette splendide petite église à l'acoustique intimiste, et
Grothendieck et... Et Krizek, un monde fou et ému avant de pénétrer cet
incroyable lieu grâce à Philippe Brugnon et notre collectionneur de
voitures, Saint-Privat où nous passons de physique quantique à
l'accordéon qui ont tous deux passionné, comme la forêt. Les gabares et
le spectacle de Marchegay et Broussot, Viincent Laffaire excellent avec
un saxophoniste subtil qui nous réchauffe de nos déboires climatiques,
l'équipe qui assure sur des repas locaux et fins. Et et et la mique avec
Prince Roro, Ory, Le Ny, Mandryka, K Dick, Speedy et Emily devant leur
fresque, Bergounioux improvisant sur gabarot avec Marie Binet qui lui
répond à coup de cuisine cannibale de Topor dans des joutes organisées
par Philippe Di Folco...
ET TOUS LES AUTRES ET TOUS LES MOMENTS
D'ECHANGES EN DEHORS DES EVENEMENTS ET TOUT CE QUI S'ECHAPPE ET TOUTES
LES AMITIES QUI SE NOUENT ENTRE DES PERSONNES QUI NE SE CONNAISSAIENT
PAS ET N'AVAIENT AUCUNE RAISON DE SE RENCONTRER.
OUI NOUS AVONS
BRAVE LES ELEMENTS ET NOUS AVONS RALLUME LES LUMIERES GRACE A TOUTES ET
TOUS, AVEC TOUTES ET TOUS, POUR TOUTES ET TOUS !
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13 : 06 : 17 |
 POURQUOI UN LABEL "EARTH-VILLAGE / VILLAGE-TERRE" ? |
La décision du Président des
Etats-Unis de dénoncer l’accord de Paris sur le climat en juin 2017 --comme tant
d’autres actes moins directement visibles mais tout aussi néfastes—déclencha
une initiative : la création d’un label « Earth-Village /
Village-Terre » Pourquoi un
label ? Il ne s’agit pas d’un gadget de plus. Il s’agit de rassembler de
façon volontariste --car ces questions concernent tout le monde tout de suite--
autour de la défense de la biodiversité
et de la culturodiversité. L’originalité de la démarche consiste en effet à
enfin lier les deux priorités.
Précisons les choses. Défendre la
biodiversité ne consiste nullement à devenir les conservateurs de parcs
mondiaux que nous déciderions de rendre immuables, que nous figerions alors
qu’ils sont le résultat d’évolutions diverses, dont des évolutions climatiques.
Non, il s’agit de nous considérer comme un des éléments d’un environnement dont
les agissements humains produisent des modifications accélérées du climat et
–pire peut-être—des pollutions graves de l’air, de l’eau, de la terre. Nous
tuons en commettant des crimes écologiques qu’il va bien falloir enfin
caractériser et pénaliser.
Cela touche tous les milieux. Il
n’y a plus de différences entre les villes et les campagnes. Les océans
charrient des déchets dans des zones inhabitées. Alors, défendre la
biodiversité dans nos « villages », c’est décider à l’échelle de nos
communautés de vie (quartiers des villes ou petites structures agraires) de
penser à la défense de la diversité biologique comme composante première des
villes et des campagnes. C’est reprendre en mains directement nos pratiques de
proximité. Ce retour au local est la base de ce qui pèsera dans notre réalité
locale-globale, qui est trop faible à la fois en démocratie directe et en
organisation planétaire fédérée contraignante sur des enjeux communs.
Commençons ainsi par nous occuper de notre sphère « directement
visible », autour de nous, et faisons-le savoir pour peser sur les enjeux
globaux.
La chose est claire. Mais défendre
la culturodiversité peut sembler moins évident, annexe ou dangereux. De quoi
s’agit-il ? Il s’agit enfin d’affirmer le droit de vivre de façon
différente sur la planète avec des visions du monde variées et des coutumes et
des langues diverses. Défendre cette diversité et défendre cette diversité à
l’intérieur même des communautés géographiques. Non pas donc créer une planète
d’égoïsmes concurrents, de communautarismes fermés et exclusifs ou autoritaires
et expansionnistes, mais affirmer la possibilité du choix. A Miami, veut-on vivre la vie de la Creuse ou celle de
Ouagadougou ? Partout, nous ne pouvons fonder nos modes de vie sur
l’uniformisation des mœurs basée sur une consommation addictive de produits
standardisés. Défendre la culturodiversité c’est affirmer la nécessité
d’options individuelles et collectives « rétro-futuro », avec des
traditions choisies et des innovations.
Ainsi adopter le label
« Earth-Village / Village-Terre » est un engagement double :
celui de l’environnement physique et celui de l’environnement mental où la
tolérance existe dans une conscience claire des limites collectives de base
nécessaires. Il reste ainsi à bâtir un Pacte
commun planétaire évolutif qui interdise des choses simples --pouvant
paraître évidentes mais qui ne le sont pas dans notre monde de terrorisme ou de
peine de mort pour homosexualité ou de répression pour croyance religieuse ou
philosophique ou parce qu’on naît femme. La décision d’adopter le label
« Earth-Village / Village-Terre » est une première étape volontariste
dans une perspective pas seulement humaniste mais terriste. Elle doit être le moyen de lancer une vaste réflexion générale
grâce aux habitantes et habitants eux-mêmes, par propagation sur tous les
continents d’une volonté pratique de millions de groupes humains.
DEMANDEZ LE LABEL EN HAUTE DEFINITION SUR MULTITERRATV.NET !
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28 : 03 : 17 |
 VOIR, REVOIR, AIMER TOPOR ! |
VOIR, REVOIR, AIMER TOPOR !
Allez à la Bibliothèque nationale
de France où Roland Topor reçoit un bel hommage qu'il aurait tant aimé
découvrir. Comment croire que Roland est
mort il y a 20 ans ? Son oeuvre est intemporelle. En images ou en
écrits, il laisse une trace philosophique, décapante, amusée et
désespérée.
Et sachez que
c'était un être humain d'une belle rigueur, d'une immense générosité,
d'un charme sans pareil et d'une intelligence si brillante. Comment ne
pas l'aimer ? Comment admettre qu'il soit mort ? Je pense à lui, comme à
Cabu et très peu d'autres, si souvent.
Au fait, j'allais oublier
: ressort aux éditions Alternatives le dictionnaire commencé avec lui
lors de jours et de nuits à son domicile de la rue de Boulainvilliers.
C'est une joie de retrouver ce bel ensemble qui montre la richesse et la
diversité de ses créations, sa résistance à la connerie, au harcèlement
du fisc et des médiocres. par l'humour, le désir, l'imaginaire et
l'effroi.
Merci Roland. Ne cédons rien !
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10 : 03 : 17 |
 Un musée pour comprendre la différence |
Le 4 mars 2017, a lieu l'inauguration d'une nouvelle institution à La
Force près de Bergerac dont il a conçu le projet et dont il préside le
conseil scientifique : la Maison John et Eugénie Bost - un musée pour
comprendre la différence (maisonbost.com). Placée par lui sous cet appel
à "comprendre la différence", cette institution pluridisciplinaire et
gratuite appartient à la Fondation John Bost, qui accueille et soigne
des personnes (enfants, adolescents, adultes et seniors) souffrant de
troubles psychiques et de handicaps physiques et/ou mentaux, ainsi que
des personnes âgées dépendantes. L'originalité du musée est d'être la
carte d'un territoire et d'inviter à circuler dans ces lieux ouverts, de
provoquer des rencontres avec un parcours d'expositions évolutives
auxquelles participent les résidents. La première exposition a été
consacrée en 2017 à : Francis Masson, le Calder de La Force. Plusieurs livres sont sortis à cette occasion, dont La Saga Bost
(Labor et Fides), co-dirigé par Patrick Cabanel et moi-même,
qui retrace les persécutions sous Louis XIV de la famille originaire de
Beaumont-lès-Valence et la fuite à Genève, la diaspora sur plusieurs
continents et des personnages forts comme Pierre Bost (écrivain et
scénariste avec Jean Aurenche), Jacques-Laurent Bost, ami de Jean-Paul
Sartre et Simone de Beauvoir, ou le chanteur Renaud.
Aventure collective, c'est une très belle réalisation. Elle a mobilisé une centaine de personnes qui n'ont pas ménagé leur peine. Je remercie particulièrement l'équipe scénographique (François Payet et Anne Bourdais), la conservatrice (Ariane Dahan) et le staff de direction de la Fondation avec Olivier Pigeaud, Christian Feuillette et Christian Galtier, ainsi qu'Arnaud Bigex pour le site Internet.
L'inauguration fut un moment très chaleureux, fort, avec des réactions enthousiastes d'un public très très nombreux. Maintenant, grâce au comité scientifique prestigieux et attentif et les équipes sur place, il faut faire vivre cet outil très original.
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03 : 02 : 17 |
 LE TEMPS DE LA DEQUALIFICATION |
Issu du site decryptimages.net :
L’accumulation planétaire d’images,
texte et sons et leur circulation exponentielle ont plusieurs conséquences
directes. Les plus évidentes sont l’obsolescence généralisée et la déqualification
avec perte de tout repère. D’autant que notre ubiquité constante ne s’est pas
accompagnée d’un effort éducatif à tout âge pour offrir des bases en histoire
du visuel et des méthodes d’analyse. Elle ne s’est pas non plus accompagnée d’efforts
pour multiplier les médias-relais, les médias intermédiaires, géographiques ou thématiques
qui trient et proposent entre les milliards d’expressions individuelles et les
médias minoritaires dans lesquels les mêmes informations très restreintes et
les mêmes personnages tournent en boucle.
Au début des années 2000
(en 2003), dans le cadre des activités de l’Institut des Images, l’un des
ancêtres de ce site (imageduc.net) avait mis en place un Baromètre européen des
médias, premier outil comparatif de mesures statistiques des contenus, dont la
synthèse fut publiée à La Découverte dans Inventer l’actualité. La
construction imaginaire du monde par les médias internationaux. Nous avions
pointé juste. Pourquoi ? Au temps du n’importe quoi et des fameuses « vérités
alternatives » (évoquées récemment sur decryptimages), il apparaît de plus
en plus clairement que les humains se séparent aujourd’hui essentiellement
entre deux visions du monde : une vision figée, d’exclusion, autoritaire
et propagandiste qui n’a rien à faire avec les faits (religieuse ou non d’ailleurs)
et une vision qui conçoit le vivre ensemble comme une défense de la diversité,
biodiversité ou culturodiversité (religieuse ou non).
Dans le cadre de la défense
de la diversité et des libertés publiques –qui est clairement la perspective de
decryptimages.net--, nous ne pouvons alors que soutenir tous les efforts visant
à la mise en place de médias intermédiaires et aussi de mesures des vecteurs d’information.
Ainsi en France, même si l’initiative vient d’un journal (Le Monde) --donc
d’un média partie prenante de l’objet d’étude--, le récent baromètre Décodex (lemonde.fr/verification/)
est une initiative intéressante, qui devrait se multiplier. Nous nous apercevons
en effet tardivement que publicité et propagande ont envahi la guerre mondiale
médiatique à l’œuvre aujourd’hui.
Voilà pourquoi le combat de
la pertinence est devenu prioritaire. Voilà pourquoi la qualification des
images importe davantage que les images elles-mêmes, pour tous les types d’images.
C’est ce à quoi nous appelons sans cesse.
Cela est d’autant plus
important que la nécessité de médiatisation (ce qui n’est pas vu, n’existe
pas) a dévoyé les méthodes et l’éthique scientifiques. Ne parlons pas
simplement de leur instrumentalisation par l’argent en finançant et en
orientant les recherches, mais aussi grâce à une dérive. Dans le marketing des
news au sein du flux continu, l’oubli est règle et le commentaire
prime sur l’étude. Ainsi, des philosophes, sociologues, psychanalystes autoproclamés font du journalisme avec une
aura scientifique ne reposant sur aucune recherche autre que leur éventuel brio
oral. Mais cela s’est répandu dans toutes les sciences, notamment les sciences
humaines. Désormais, d’obscurs tâcherons souterrains ou des étudiant(e)s
exploité(e)s réalisent de longs travaux que d’autres pillent sans vergogne et
sans citer personne. C’est la piraterie généralisée. Désormais aussi, des
esprits futés construisent hâtivement des thèses à partir d’une conclusion
choisie pour faire des articles à scandale qu’ils appellent des livres.
Les sciences sont donc
fortement touchées par la déqualification. Et pourtant aujourd’hui, face à la
perte des repères et aux vérités auto-proclamées, quel est le seul terrain sur
lequel les humains peuvent échanger comme base de leur vivre en commun, si ce n’est
le terrain scientifique ? Pas le scientisme, la religion de la science,
mais ce grand mouvement évolutionniste qui est celui des recherches critiques et
expérimentales aptes à donner des éléments d’appréciation du monde, de
compréhension et de choix individuels et collectifs.
Voilà pourquoi, de même qu’il
faut urgemment qualifier l’espace médiatique et donner des repères, il est très
urgent de requalifier l’espace scientifique. Cela changera probablement
la visibilité publique et offrira des surprises étonnantes sur les contenus et
les pratiques. A quand un Décoscientex ?
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15 : 01 : 17 |
 HISTOIRE NATIONALE, HISTOIRE GLOBALE, HISTOIRE STRATIFIEE |
Il est toujours très difficile
d’expliquer les basculements. Pourquoi des notions cachées, des pensées
invisibles et méprisées surgissent soudain comme des évidences collectives.
Prenant de l’âge, je devrais avoir du recul sur cela et des réponses
éclairantes, mais non. Il s’agit d’un sujet de recherches bien mystérieux, en
tout cas pour moi. Benjamin Stora, lors d’un entretien dans l’émission
[decryptcult] visible sur ce site, expliquait que l’exposition La France en guerre d’Algérie en 1992 au
Musée d’histoire contemporaine constitua un tournant dans la recherche et la
compréhension des événements. Pourtant, cette exposition et l’important ouvrage
qui l’accompagnait se déroula dans un silence médiatique quasi-total (hormis un
article dans le journal Le Monde qui
expliquait qu’il ne fallait pas faire d’exposition ambitieuse quand on n’avait
pas les mêmes espaces que le Centre Pompidou…). A partir de 2002, tout le monde
cependant courait après le livre et la guerre d’Algérie occupait des médias
étonnés qu’on n’en parlât point suffisamment.
Il en est de même avec ce que j’appellerais
l’histoire élargie. Cela fait des dizaines d’années qu’il y eut des travaux sur
les circulations ou de l’histoire comparatiste. Après plusieurs manifestations comparatistes
dans les années 1990 au Musée d’histoire contemporaine, j’y apportais –parmi d’autres--
ma contribution en créant la revue Comparare
en septembre 2001 avec un comité comprenant Jacques Le Goff, Eric Hobsbawm,
Bronislaw Geremek, Carlo Ginzburg, Rudolf von Thadden. Jacques Le Goff et Eric
Hobsbawn se montrèrent particulièrement actifs. En 2006, ce fut une initiative
d’une toute autre ampleur : le Dictionnaire
mondial des images, croisant les travaux de 475 spécialistes de toute la
planète, qui analysait l’ensemble de la production visuelle humaine.
J’ai longtemps –assez seul, je
dois le dire-- critiqué une « provincialisation » de la science
historique française, la marginalisant, sous l’influence d’un ouvrage collectif
initié par l’éditeur Pierre Nora : Les
Lieux de mémoire. J’y critiquais, non pas l’intérêt ou la qualité de l’entreprise
(et d’ailleurs beaucoup d’ami(e)s y ont participé), mais l’impasse et l’influence
nocive. L’impasse parce qu’on ne peut donner comme piste d’avenir aux jeunes
chercheuses/cheurs cette histoire au second degré sur un roman national bâti au
XIXe siècle. L’influence nocive car l’irruption d’un « tout mémoire »
en France (avec un succès qui a d’ailleurs dépassé Pierre Nora) fut néfaste
pour le développement de la science historique (la mémoire n’a que faire de la
véracité des faits) et permit l’instrumentalisation communautariste de seulement certaines mémoires.
L’Histoire –reconstruction problématique
du passé—rassemble quand les mémoires peuvent faire éclater le vivre-ensemble.
Au slogan ressassé « devoir de mémoire », devrait se substituer « besoin
d’Histoire ». Car aujourd’hui nous nous trouvons avec tous les
inconvénients : l’Histoire sous contrôle par les groupes de pression et l’oubli
total immédiat dans une obsolescence généralisée qui a fini par toucher même le
monde universitaire où le pillage, la non-citation, l’ignorance des références
antérieures sévit : des produits marketing fabriqués pour une société de l’instant
ballotée au gré des secousses médiatiques.
Ce long préambule me permet d’expliquer
combien, par contraste, nous pouvons nous réjouir de l’initiative de Patrick
Boucheron avec son équipe d’une Histoire
mondiale de la France (Seuil). Bien sûr, il y aura des esprits chagrins
pour trouver les articles courts trop sommaires, pour contester les dates
choisies, pour souligner tous les manques. C’est inévitable et facile.
Moi-même, je me suis amusé de la cécité récurrente des historiens quand Asterix
est seulement vu comme un satellite dans l’espace, alors que l’émergence de la
bande dessinée française dans les années 1960 avec Pilote et Hara Kiri,
héritiers de la bande dessinée belge, du New
Yorker et de Mad, avec une
génération exceptionnelle d’auteurs, aurait mérité une entrée. Mais Laurence
Bertrand Dorléac ou Antoine de Baecque apportent par ailleurs des éclairages
très pertinents sur d’autres aspects visuels.
Les contestations peuvent en
effet être sans fin et il serait très facile de détruire l’entreprise pour
mille raisons pertinentes. Elle est néanmoins méritoire, intelligente,
réjouissante et utile. Pourquoi ? Parce qu’elle prend les tenants d’une
histoire chronologique et les nostalgiques d’une histoire-récit au mot. Voilà
des articles, courts, clairs, qui racontent,
avec quelques références à la fin et des renvois à d’autres articles (ce que j’avais
fait dans le Dictionnaire mondial). L’entreprise éveille la curiosité et donne
envie d’aller plus loin. Elle n’établit pas un nouveau dogme, un nouveau roman
national, elle offre des perspectives sur des moments où les événements d’un
territoire résonnent avec l’ailleurs.
Après des années d’une France repliée
sur elle-même, angoissée sur son identité, « moisie », nostalgique de
tout et souvent du médiocre (des variétés ressassées), voyant ses penseurs les
plus gauchistes initialement devenir des défenseurs de l’académie atrabilaires,
ce livre et le bel accueil qu’il reçoit fait sens. Peut-être enfin allons-nous
sortir du repli masochiste et sénile. Il serait temps. Il serait temps d’ouvrir
les portes de la pensée et non seulement de faire de l’histoire globale mais de
reconsidérer l’ensemble de l’histoire longue du territoire à l’aune des
échanges et des conflits.
Chaque individu aujourd’hui a une
identité imbriquée dans laquelle des lieux, des goûts, des histoires familiales
se mélangent. Le besoin de repères n’a jamais été aussi fort. Pour cette
raison, pédagogiquement, il est nécessaire désormais de faire de l’histoire stratifiée, c’est-à-dire de
partir de l’histoire locale –là où on vit—qui est beaucoup trop ignorée, pour l’inscrire
dans une histoire régionale (est-il semblable de se trouver en Bretagne ou au
pays basque ou en Alsace ?), une histoire nationale en fonction du territoire
du moment, une histoire continentale et une histoire de la Terre (car, depuis
les origines, nous avons eu de grandes circulations des humains et des biens et
des évolutions environnementales et économiques et culturelles dépassant toutes
les frontières variables).
Voilà pourquoi la parution de l’Histoire mondiale de la France est un
bon signe, le signe que nous recommençons à penser large, que nous pouvons
sortir de l’instrumentalisation politique ou communautariste, que des perspectives
nouvelles peuvent se mettre en place. Il était temps. Souhaitons que cela ait
des conséquences positives pour la recherche et pour la vulgarisation dans tous
les domaines quand nos télévisions sont focalisées encore de façon stupéfiante sur
le culte des puissants avec une vision régressive d’extrême-droite (que
dirions-nous si une vision marxiste de l’histoire accaparait les écrans ?),
totalement coupée des travaux historiques en cours.
Il est possible donc que ce livre
soit le signe d’un basculement longuement attendu, un basculement qui permette
de réconcilier la science historique avec la société de son temps en donnant
des repères concentriques dont nous avons besoin pédagogiquement et aussi pour
ouvrir les écoutilles des passionné(e)s et des chercheuses/cheurs. On s’apercevra
alors probablement dans la foulée qu’apprendre à voir est aussi important qu’apprendre
à lire et que lorqu’on reçoit toutes les images passées et présentes de façon
indifférenciée sur le même écran, il devient crucial de les situer par des
repères concernant l’histoire planétaire de la production visuelle.
Grand merci donc à Patrick
Boucheron et à son équipe. Work in Progress !
Laurent Gervereau
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30 : 12 : 16 |
 BD : 10e anniversaire d'Artemisia ! |
J'ai accepté de devenir Président d'honneur du prix Artemisia pour son 10e anniversaire. Ce prix récompense des femmes créatrices de bandes dessinées. Le scandale provoqué en 2016 au festival d'Angoulême par la sélection d'aucune femme dans les 30 nominations pour le Grand Prix a justifié pleinement cette initiative. Ma présence et celle d'autres hommes dans le jury montre de plus l'ouverture d'esprit de ce qui doit beaucoup à Chantal Montellier, dont j'apprécie fort l'oeuvre.
Alors, soyez là le jeudi 12 janvier à 18h30 (Musée du Vivant-AgroParisTech, 16 rue Claude Bernard, 75005 Paris). Ce sera gai et passionnant avec la présence de créatrices inventives et talentueuses !
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11 : 12 : 16 |
 Rallumons les Lumières ! |
La violence, l'imbécilité, l'obscurantisme, la veulerie semble dominer les agissements humains sur cette planète. Il est temps donc d'entrer en résistance, de "Rallumer les Lumières !", de célébrer les savoirs, les savoir-faire et la création, qui concernent une exigence précieuse traversant tous les milieux sociaux, du Yao en forêt laotienne à l'apicultrice/teur, au menuisier ou au mathématicien/ne, à l'agronome et au musicien/ne ou à la dessinatrice/teur.
Cette année, Argentat sur Dordogne a pris ce beau thème pour les Rencontres-Promenades (www.histoiresdepassages.com) du 20 au 23 juillet 2017. Il y aura tant d'événements passionnants et même une rue Roland Topor, clin d'oeil à un touche-à-tout profond et réjouissant.
René Pétillon a réalisé le formidable dessin de l'affiche. Mandryka expose le concombre masqué, premier super-héros végétal. Speedy Graphito peint un mur en public et montre des oeuvres originales. On écoute Louis Winsberg en forêt comme Gilles Clément. Bref, des moments d'exception avec vous et grâce à vous.
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15 : 11 : 16 |
 SEUL(E) dans la multitude à l'ère de la confusion |
SEUL(E)
dans la multitude
à l’ère de la confusion
La
grande question contemporaine réside dans le rapport entre l’individu et les
foules. Certes, des conceptions (notamment asiatiques) du monde peuvent nier
cela en pensant que l’individu n’existe qu’en tant que partie prenante d’un
tout, société humaine et environnement. L’individuation peut n’avoir pas de
sens.
Pourtant
l’histoire humaine fut une longue mise en avant d’individus, individus
valorisés pour leur force, leur beauté, leur puissance politique ou religieuse,
leur savoir, leur savoir-faire… Bref, nous n’avons cessé de construire de la
différence individuelle. Aujourd’hui, au XXIe siècle, à l’ère de l’ubiquité
médiatique, la question n’est plus vraiment seulement de savoir si l’individu
émerge et a une latitude de singularisation dans des groupes sociaux larges,
mais comment sa singularisation peut s’exprimer et peser sur le tout.
Bien
sûr, des forces monorétro (pour une seule manière de penser héritée du passé)
se satisfont parfaitement de la dissolution de l’individu dans des masses
manipulées par quelques-uns politiquement, religieusement ou commercialement ou les trois à la
fois. La confusion sert les plus puissants.
Elle
est un formidable broyeur de sens dans tous les domaines. Le fact checking s’avère sans impact face
aux rumeurs et aux communautés virales sur les réseaux sociaux. L’individu
isolé n’a aucune chance de porter à la connaissance publique une idée
originale. Pire, des chercheurs peuvent végéter dans l’invisibilité totale ou
être récupérés et détournés sans être cités. En art, tout est art, donc rien n’est
art. Hier est aussi actuel qu’aujourd’hui et le marché de l’offre devient
exponentiel.
Bref, nous sommes dans la confusion généralisée avec une guerre
mondiale médiatique. Aucune démocratie de l’information n’existe quand
les même choses tournent en boucle parmi les milliards d’émissions sans
aucun média-relai intermédiaire : à réalité stratifiée, nécessité de
stratification médiatique. Alors, personne ne s’y retrouve au sein de
pareille cacophonie, ce qui est dangereux car les individus perdus se
raccrochent à n’importe qui, n’importe quoi.
Il est
probablement temps, pour toutes et tous, de devenir des
spécialistes-généralistes et de s’occuper de l’essentiel. Quels sont les
priorités environnementales collectives ? Comment structurer la planète
autour de nos vies locales-globales par des fonctionnements fédérés où
la dimension nationale n’est plus qu’une des strates ? Comment penser
ses propres actions comme des choix responsables éclairés par
l’éducation à tout âge ?
L’émiettement planétaire dans l’explosion des égoïsmes locaux n’est pas
la solution car les questions qui nous occupent, environnementales,
financières, migratoires, sont collectives. De plus, la diversité des
religions et des conceptions philosophiques peut être préservée grâce à
un vivre-en-commun fondé sur l'approche scientifique et critique, la
seule qui rassemble sans imposer une vision du monde. A l'inverse,
l'uniformisation planétaire dans l'acculturation et la consommation
addictive des mêmes produits et des mêmes images pour des sociétés de la
norme et du contrôle forme une alternative dangereuse (elle est refusée
à juste titre par les peuples, car on ne vit pas et on ne veut pas
vivre dans tel quartier de New York comme à Limoges, en forêt laotienne
ou à Bamako).
Voilà pourquoi il importe de repenser général en
transformant un niveau local rétro-futuro (avec des traditions
défendues et choisies et de l’innovation). Voilà pourquoi il faut songer
au rare, à l’unique, au précieux, à ce qui fait valeur pour soi. Cela
n’est pas mesurable par l’argent. Voilà pourquoi aujourd’hui nous avons
besoin de repères et de quelques idées claires sur l’état de notre
planète et sur les buts collectifs minimaux. Voilà pourquoi il est temps
de revivifier l’action locale, dans les quartiers des villes ou dans
les campagnes, et de peser enfin collectivement sur le devenir terrien
qui nous concerne toutes et tous, en définissant des limites dynamiques
dans tous les domaines. Bâtissons un Pacte planétaire évolutif qui s’impose partout avec une responsabilité collective et la possibilité de sanctions.
Il
est temps, pour permettre de sortir de la confusion, d’avoir des buts communs,
qui seront aussi des garanties de diversités locales fortes. L’un(e) ne peut
apprécier sa singularité dans la multitude qu’en sortant de la confusion. Nous
devons penser nos repères.
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