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08 : 11 : 20 |
 Le retour au réel |
LE RETOUR AU REEL
« Vous avez
choisi la science ». Voilà des mots bien singuliers prononcés en
novembre 2020 lors de la victoire de Joe Biden aux Etats-Unis. Ils ont peu été
relevés. C’est pourtant un point décisif.
Donald Trump –avec beaucoup plus de rouerie probablement que
son personnage affiché-- a organisé une présidence fictionnelle dans la haine
de la science, des intellectuel-le-s, des faits. La télé-réalité appliquée à l’organisation
de la planète. C’est une version renouvelée de la propagande où le tweet
établit un pseudo lien direct avec le guide, au-delà des médias. Le corps du
roi s’exhibe 24h sur 24h par écran interposé. La rumeur devient méthode de
communication.
Dans ce cadre, la contestation de la science est une manière
de fuir le réel et de flatter les religions qui ont notamment un autre récit
des origines (du moins la frange qui interprète au pied de la lettre cette
métaphore des origines). La question climatique fut un point central. Récuser
les changements climatiques pour continuer toutes les pratiques polluantes
destinées à permettre des intérêts à court terme est en effet le pivot arrivé
très tôt. Et –c’est significatif-- Joe Biden a annoncé que sa première mesure consistera
à revenir dans l’accord de Paris (COP21).
Montrons alors une
relique précieuse et symbolique : le marteau de la COP21 dédicacé par
Laurent Fabius à Nuage Vert. Voilà un objet qui parle, qui nous raconte l’époque à travers un de ses
enjeux fondamentaux. Jean Jouzel du GIEC viendra d’ailleurs à
Argentat-sur-Dordogne le 23 juin 2021 pour échanger autour du climat.
Pourquoi le climat a-t-il donc un rôle si important ? Ses
effets réels (ou supposés, car contestés ponctuellement par les scientifiques) touchent
d’abord tout le monde, partout. De plus, les accords sur le climat mettent en jeu
tout le reste et notamment permettent de prendre enfin en mains les pollutions
massives de l’air, des terres, de l’eau. Des catastrophes dénoncées depuis 50 à
60 ans sans effets directs et massifs : on s’empoisonne en silence. Notons
aussi que l’assentiment sur le climat
est le fruit d’échanges riches entre des scientifiques divers avec le GIEC et
un dialogue avec des politiques et des entrepreneurs sensibilisés.
C’est essentiel. Nous
ne pouvons vivre en se côtoyant avec des croyances et des pensées différentes
sans un plus petit dénominateur commun. J’avais appelé en 2010 à une Résistance des savoirs / Knowledge is Beautiful (avec une
action symbolique fondatrice à Hong Kong en 2012). Seules les sciences constituent en effet une base de dialogue possible pour tous
les humains. Les sciences, pas le "scientisme", religion de la Science, qui n'est pas très scientifique.
Les sciences, car la caractéristique de leur exercice est d’avoir
des variétés de points de vue, des échanges de disciplines, un regard critique
et expérimental, des conclusions évolutives. Les sciences où l'erreur et l'anomalie, l'imagination, le contrepoint servent la recherche. C’est ce qui a d’ailleurs manqué
pour la crise du covid où une partie des spécialistes a été sommée de donner
des réponses pratiques sur un virus qu’ils découvraient et qu’ils continuent de
découvrir, sans ouvrir le débat et la réflexion à d’autres spécialistes et à la
société.
Tout cela révèle surtout une crise des modèles patente. Je n’ai rien
contre les footballeurs ou footballeuses, qui ont parfois un grand talent
physique et intellectuel, ni contre les actrices et acteurs, même si leur
nombrilisme souvent fatigue. Mais il n’est
pas normal que nos modèles soient axés sur la notoriété ou l’argent. Je ne
peux me définir par mon nombre de followers ou mon compte en banque, auquel cas
je ne vaux rien.
Beaucoup de personnes réalisent des choses très utiles à la
société et aux personnes autour d’elles et eux dans l’anonymat avec un
bénévolat remarquable. Les savoirs, les
savoir-faire et les créations ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
Combien de personnes exceptionnelles sont ignorées alors qu’elles et ils sont
des trésors locaux, nationaux et internationaux ? Il serait vraiment temps
de reconsidérer nos admirations.
Et faut-il parler comme un rappeur pour transmettre tout cela ?
Non, inutile de singer ce qu’on n’est pas. En revanche, ces idées vont gagner à
se répandre de toutes les manières.
Le respect des sciences
est aussi un retour au réel. Nous vivons l’ubiquité où notre regard indirect prime sur le regard
direct (celui concernant ce qui nous entoure). Voilà pourquoi l’interrogation
sur ces regards indirects nécessite d’autant plus d’avoir des vérifications et
remises en question avec une démocratisation de l’information où des
médias-relais sélectionnent parmi les milliards de diffusions individuelles en
diversifiant les sources des médias traditionnels qui par nature concentrent
leur informations à quelques news tournant en boucle.
J’aime où je vis :
ma fenêtre et ma planète. Il est temps de prendre ainsi en compte notre existence locale-globale et
d’enfin avoir des structures stratifiées qui permettent de décider les choses
au bon niveau : local, régional, national, continental, planétaire. Pour l’instant,
c’est non seulement embryonnaire mais la plupart du temps inopérant.
Nous comprendrons alors
peut-être que nous vivons ici avec des réalités bien différentes, tout en étant
conditionnés par des enjeux planétaires (les micro-plastiques ou la montée des eaux sur des îles
désertes ou non). Occupons-nous alors d’abord du local, pensons notre vie
quotidienne dans un cercle de vie urbain (un quartier) ou rural (un bassin de
vie) avec la conscience de l’interdépendance et pas du fractionnement
autarcique. Nous n’avons pas le choix car ne pas agir c’est être décidé par un
environnement coercitif !
Alors, agissons autour de nous et redéfinissons-nous dans des
identités qui sont partout imbriquées, hybrides, fruit d’évolutions longues. Soyons terristes, c’est-à-dire par
juste habitant-e-s de la planète Terre, mais défenseuses et défenseurs de ce
lieu unique commun riche de biodiversité et de culturodiversité, ici et partout.
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09 : 09 : 20 |
 LES HURLUBERLU(E)S |
LES HURLUBERLU(E)S
D'abord, à l'heure où on ne cesse de parler de choses "virales", il serait intéressant d'analyser les processus de viralité, tant du point de vue des contenus que des moyens d'obtenir la viralité et des vecteurs. Probablement des textes n'ont aucune chance d'intéresser au-delà d'un cercle acquis, hormis achats de publicité et encore. Ce sont les vecteurs et la forme aussi qui importent : un slogan simple et provocateur à travers des images accrocheuses qui bougent.
Bref, ce texte ne retient rien des critères et n'est sûrement pas sur le bon vecteur...
Il est pourtant destiné à essayer de comprendre comment nous sommes privés par des médias quasi unanimement propagandistes de débat réel concernant ces mesures inédites dans l'Histoire liées au virus. La bunkérisation médiatique n'est pas neuve. Pourtant la transformation profonde d'une société du spectacle en une société des spectateurs-acteurs a des conséquences sur notre ubiquité et la circulation de ce que l'on considère comme de l'information. Cela devrait ouvrir des réflexions sur l'information minoritaire, qui permettraient de comprendre pourquoi il existe tant de replis sur soi et de défiance. Mais il semble que toute critique soit passée sous silence ou diabolisée comme complotiste.
Car voilà ce qui est nouveau : l'utilisation de termes visant à priori à salir celles et ceux qui ne pensent pas comme vous. Dans un monde de slogans criés par les avocats sans vergogne, il faut déconsidérer plutôt que de contester l'argumentaire. Ainsi aujourd'hui il est strictement impossible en France de critiquer l'ordre sanitaire en marche et le lobby médical sans se faire traiter d'hurluberlus, de sectaires, de complotistes, de négationnistes... Négationnistes, c'est hallucinant !... Et, dans les reportages, on sort quelques illuminé(e)s et suppôts néo-nazis de Trump ou Bolsonaro.
Je le répète, la seule personne un peu cohérente, qui ait eu un peu de visibilité très temporaire sans être sali, est André Comte-Sponville. Sinon, jour et nuit les mêmes arguments sont assénés sans comprendre que tout cela tient d'une propagande massive. Mais ouvrons les yeux ! Avons-nous déjà vécu pareille chose ? Les Suédois sont-ils irresponsables ? Et d'autres ?
Et je dois préciser, pour éviter toute équivoque (ce qui en dit long sur la situation actuelle), que si je suis contre cette mascarade généralisée, je porte le masque en suivant les dispositions légales.
Il est temps vraiment de raison reprendre et de se poser des questions de fond. Nuage Vert a organisé dès la sortie du confinement une exposition et un livre ("MONTRER L'INVISIBLE. Ca ressemble à quoi un virus ?") destinés à donner la profondeur de l'Histoire et des réflexions diverses. Est-ce normal que l'information minoritaire (ces nouvelles en petit nombre répétées en boucle massivement) n'aient pas signalé cette initiative ? Non. c'est même le signe d'un dysfonctionnement grave.
Il n'y a pas que des allumé(e)s, des néo-nazis ou des terroristes qui pensent que nous sommes sur une pente dangereuse anti-démocratique. Le procès des attentats à Charlie Hebdo vient rappeler les périls qui gagnent. La fracturation des sociétés en autant de groupes antagonistes fait peur. L'insécurité elle est là en fait : dans la marmite dangereuse des haines qui s'accumulent. Le virus constitue un point d'orgue du bâillonnement à l'oeuvre.
Il est donc raisonnable de discuter au sujet des sociétés du contrôle et du grand hôpital planétaire en marche que je décrivais déjà il y a des années. Et, dussé-je être totalement seul, je persiste à affirmer que les buts terristes de biodiversité et de culturodiversité induisent une lutte pour la liberté de comportements et d'expressions qui nécessite d'ouvrir vraiment des débats sur ce qui est imposé aujourd'hui.
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01 : 09 : 20 |
 BAS LES MASQUES ! |
(faîtes circuler ce texte car nous avons besoin de défense des libertés et de débats critiques / utilisez NO MASK comme signe de résistance)
Bas les masques !
Se sentir en décalage avec la vulgate commune est habituel.
Il est d’ailleurs probablement utile pour le « mainstream » d’avoir des fureteuses et fureteurs en
hors-piste. Mais notre temps historique me paraît très singulier.
Deux choses sont frappantes : l’hyper-convergence
médiatique et la docilité immédiate de populations en prison mentale et
matérielle. Elles posent de façon directe des questions non traitées depuis
longtemps : la démocratisation de l’information et le droit à la diversité
des modes de vie dans une structuration locale-globale stratifiée.
Des médias
auto-bâillonnés
J’ai écrit depuis longtemps sur la normalisation des sociétés
et le « grand hôpital planétaire ». Cette tendance était rampante. Et
puis, en peu de temps, sans aucune concertation ni aucun débat, est advenu le
confinement accepté de milliards d’individus dans une accélération dont
l’Histoire ne nous a pas habitué à cette échelle.
Ce qui est sidérant reste le basculement des pouvoirs et
l’absence totale de débats sur des décisions qui engagent sur la durée le
devenir commun. D’un seul coup, les pouvoirs politiques en domino ont consacré
un principe de précaution en règle allant jusqu’à saborder l’économie. L’argent
dominant est devenu virtuel. Et les médias minoritaires (ces médias de masse
peu nombreux qui touchent beaucoup de personnes) ont embrayé dans un matraquage
sans équivalent dans l’Histoire et sans contradiction. Nuit et jour, toutes les
informations se sont concentrées sur le même sujet, ignorant les milliards
d’expressions individuelles s’occupant d’autre chose.
La technique, habituelle désormais, de l’assaut préventif a
interdit toute tentative de débat en traitant de
« complotistes » ou « négationistes » celles et ceux qui
voulaient émettre d’autres pensées de la situation en parlant de pays comme la
Suède qui avaient décidé d’appliquer des comportements plus rationnels ou de
comparer les maladies et leurs dangers en prenant en compte les effets induits
des confinements. Les pensées alternatives ne sont pas juste le fait de zozos
sectaires ou paranoïaques.
La chose n’est pourtant pas une première car la concentration
des opinions publiques advient aux moments historiques forts (l’ « Union
sacrée » en 1914-15). Mais elle est en l’occurrence --par sa brutalité, sa
radicalité, son absolutisme-- la
caricature d’un système qui se révèle très déséquilibré.
Nous vivons l’ubiquité : la vision directe est étouffée
par la vision indirecte par écran interposé. Jamais, le « loin » n’a
autant eu d’implications pour le « près ». Ce déséquilibre est
structurel dans l’information et vient de connaître une apogée avec ce virus. Hyper-visibilité
d’un sujet contre invisibilité de milliards d’autres. C’est irrationnel et
dangereux.
Le triomphe des politiques enrégimentés et du lobby médical,
parallèlement à la faiblesse médiatique et économique, ne peut nous satisfaire.
La question de la démocratisation de l’information se pose ainsi aujourd’hui
avec plus d’acuité que jamais. C’est une question éducative à tout âge mais
aussi structurelle : nous manquons de médias intermédiaires qui pourraient
sélectionner et faire émerger des infos parmi les milliards d’émissions
individuelles. Si la seule manière pour les spectateurs-acteurs d’apparaître
dans les médias minoritaires est de jouer le marketing des réseaux sociaux,
jamais un texte comme celui-ci n’a aucune chance de pousser qui que ce soit à
se poser des questions. Et c’est un problème.
Le triomphe de l’humour ou de la colère comme vecteur
vidéographié dans une mise en scène de soi condamne l’écrit et oublie les
idées. Voilà des questions qui devraient être posées. Elles permettraient
d’éviter que des milliers d’heures soient passées à ânonner les mêmes choses,
tandis que les pensées contradictoires sont invisibles. Au black out total de
départ au temps du confinement dans une propagande sans précédent et sans
équivalent, seules de très très rares voix contradictoires cohérentes ont pu
s’exprimer (comme l’anti-hygiénisme d’André Comte-Sponville). C’est consternant
et dangereux. C’est révélateur.
Des populations voilées
Regardons-nous vraiment ce que nous sommes devenus par
consentement mutuel ? Des êtres hagards en distanciation sociale, masqués,
anonymisés, clonés dans une nouvelle religion hygiéniste. Filmons-nous et
réfléchissons. Aurions-nous cru en octobre 2019 en un pareil film de
science-fiction ? La question n’est pas celle de crises sanitaires locales
temporaires, c’est celle de l’application généralisée d’un principe de
précaution sur la durée à tout le monde, même aux âges et conditions de santé peu
risqués, et partout.
Nos scientifiques se sont joyeusement emmêlés les pinceaux
(masque, pas masque…) et c’est normal car ils découvraient une maladie
nouvelle. La science est expérimentale et résulte d’un savoir critique. Mais on
agit comme on soigne : avec une courte visée. Les médecins traitent du
corps et souvent d’une partie spécialisée du corps. Chaque individu est un
puzzle médical. L’esprit, lui, ne compte pas ou alors il est traité séparément
dans des cellules de dégrisement doloriste par des professionnels de la
profession.
Il est pourtant d’autres aspects oubliés dans la santé :
le rapport aux autres et à l’environnement. Il est aussi d’autres spécialistes
qui pourraient apporter des éléments de compréhension, spécialistes-généralistes
nécessaires. La course en avant dans l’hygiénisation généralisée doit être
questionnée et pas par les seuls médecins. Voilà ce qui est scientifique. Voilà
pourquoi il faut réévaluer les savoirs et les savantes et savants de toutes
disciplines.
Nous ne pouvons accepter une société liberticide du contrôle
généralisé au nom du « Bien » et de la durée. La surveillance et la
disparition de la vie privée comme celle de la liberté d’expression sont des
calamités pires que ce qu’elles veulent corriger. L’intrusion administrative
dans tout –cancer généralisé moderne--, comme l’inquisition de tous les actes
du réel (filmés sans cesse) ou à distance (espionnés et utilisés) définissent
des sociétés du contrôle. Elles viennent de franchir une étape décisive avec
l’Ordre sanitaire. Bientôt nous serons punis pour comportement sanitaire
déviant, rejetés, parqués, supprimés.
Il est temps de réagir. Je suis censé être à risque et ne
prône pas l’illégalisme. Je porte un masque quand on m’y oblige. Mais portons
des masques « NO MASK », des masques qui refusent ce carnaval
sinistre, cette mascarade dont on ne sait même pas si elle est utile.
Et puis ne nous laissons pas chloroformer par les
gesticulations hygiénistes. Les masques ne nous protègerons ni des pollutions
de l’air, de l’eau, de la terre, ni des dérèglements climatiques, ni des
catastrophes naturelles ou non… Il est temps de repartir du local pour peser
sur le global, de penser aux fondamentaux ici et partout, d’avoir une
conception stratifiée. Nous ne pouvons rester des Terriennes et Terriens
aveugles à ce qui se passe pour nous et autour de nous. Nous devons devenir des
Terristes, des défenseuses et défenseurs de cette planète unique en évolution
où les humains interagissent avec l’environnement. Bref, remettre les choses
dans l’ordre des priorités, maintenant, ici, autour de moi et du directement
visible, en réseau et en résonance planétaire.
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09 : 08 : 20 |
 ETRE TERRISTE |
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05 : 05 : 20 |
 Supprimer le ministère de la Culture ? |
SUPPRIMER LE MINISTERE DE LA CULTURE ?
Alors que les forces culturelles se mobilisent en France et que le président de la République fait des annonces, rappelons notre appel dès le début du confinement à la "Résistance culturelle".
Un grand marasme risque en effet de résulter de cette période. La culture s'est vue marginalisée et même regardée comme inutile, coûteuse, pour quelques-uns. Finalement, les idées du Front national ont gagné partout pour une vision rabougrie, repliée sur des logiques territoriales et de rentabilité directe. Mais la culture c'est notre tissu social, de la Joconde au sport, du tourisme à la gastronomie. Nous vivons de toutes les formes culturelles.
Et, au passage --cela m'énerve prodigieusement alors que j'ai consacré aux musées une grande partie de ma vie avec tant de professionnels imaginatifs et talentueux (imaginatives et talentueuses souvent) mais "taiseux"-- arrêtons d'ostraciser les musées :
LES MUSEES FONT VIVRE LES PIECES DE NOTRE HISTOIRE ET DE NOTRE IMAGINAIRE
Ce sont des oeuvres et objets qui parlent, qui nous parlent. Les musées et médiathèques et bibliothèques ont beaucoup changé. COMMENT PARLER DE CULTURE SANS LES TRACES DE NOTRE HISTOIRE, DE NOS ARTS, DE NOS SAVOIRS ?
Décidément, il y a un problème de fond dans ce pays quand un ministère est en déshérence, avec des agents placardisés sans moyens, juste utile pour être un guichet aux dernières subventions des lobbies les plus puissants. Depuis François Mitterrand, aucun président de la République ne s'est intéressé à la culture véritablement. Et dans le passé, il faut revenir à André Malraux et le général de Gaulle ou Jacques Duhamel et Georges Pompidou et Jacques Chaban-Delmas pour avoir une impulsion culturelle véritable.
Je l'avais écrit dans le journal Le Monde, soit le ministère de la Culture doit être renforcé en englobant le tourisme et tout ce qui fait image pour le pays, soit il faut le supprimer et que les régions aient leur propre politique culturelle parallèlement aux initiatives privées. Il est peut-être temps, à la faveur de la crise sanitaire actuelle devenant une crise économique, de redéfinir les missions de chacun dans des réalités stratifiées où, des municipalités à l'Etat et à l'Europe chacun puisse faire des choix et donner des impulsions à un champ culturel élargi, mêlant cultures élitistes et cultures populaires avec une pensée de l'aménagement territorial.
Dès la Première Guerre mondiale où Hollywood s'est développé pour devenir la première industrie des Etats-Unis, balayant la position dominante de la France avant le conflit, ce pays a compris l'importance des industries et expressions culturelles où le "low" influence le "high" et où le marginal peut retoquer le mainstream.
Profitons du marasme à venir pour renforcer notre défense d'un domaine si important, si ancré, si vital pour notre devenir. NON LA CULTURE N'EST PAS HONTEUSE, ELLE EST MEME NOTRE CAPACITE A INNOVER ET A RAYONNER !
Oui, de la ruralité, nous vous interpelons, car il est temps de prendre les choses en mains. Faites circuler ce texte...
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26 : 04 : 20 |
 La rumeur planétaire |
La rumeur
planétaire
Vous étiez au courant d’un virus qui a changé de nom entre
coronavirus et COVID-19 ? Oui probablement. Nous vivons, là maintenant en
2020, une époque singulière de centralisation, polarisation et répétition
médiatique sans précédent dans l’Histoire. Un envoutement généralisé. Jamais
durant les guerres mondiales ou les grandes crises un tel matraquage ne s’est
opéré, car l’état des communications n’était pas semblable. Voilà le premier
temps d’une propagande de masse convergente planétaire. Cet article n’est pas
consacré au virus et à ses représentations mais à un rapide décryptage (je
n’ose plus utiliser ce mot si galvaudé, alors que je l’utilisais déjà dans les
années 1990 et ai créé le site decryptimages.net…) de la congestion médiatique
inédite.
Le propos n’est ainsi pas de juger des faits –et c’est bien
le problème—car les faits ne pourrons être jugés qu’à posteriori. Cet
emballement général doit alors conduire à réfléchir à deux phénomènes
actuels : le virtuel absorbe le réel ; l’espace privé est aboli.
Le virtuel absorbe le
réel
La plupart des populations, qui vivent d’autres épidémies,
des cancers, des morts nombreux pour diverses raisons (pollutions, catastrophes
naturelles, guerres, misère…) se sont retrouvées confrontées à une polarisation
totale de l’information sur un seul sujet : le virus. Et le plus fort de
cette affaire est que ces informations venues de loin, qui n’avaient la plupart
du temps aucune matérialité dans le quotidien, aucune visibilité, aucun effet,
ont fait basculer plusieurs milliards de personnes dans l’immobilisme.
C’est-à-dire que le virtuel, le « on dit », le
« on a vu », s’est mis à contraindre la vie pratique de ces personnes
et à paralyser les économies. Tu ne raisonnes plus en fonction de ton espace de
vie, de ton directement visible, mais tu transformes totalement ton espace de
vie au nom de l’ailleurs et
l’ailleurs t’impose la « distanciation sociale » (nouvelle expression
médico-technocratique), terrible séparation des corps et dérapage fatal vers la
communication indirecte. Ce ne sont pas les morts autour de toi qui paniquent comme lors des pestes jadis, non les morts sont invisibles, ce sont des chiffres assénés et souvent des chiffres putatifs : la terreur en statistiques prospectives --en omettant d'ailleurs les morts "secondaires", ces morts réels indirects provoqués par les mesures de confinement. Très étrange moment historique qui conduit à
plusieurs réflexions.
D’abord c’est le retour apparent de l’autorité des Etats,
mais en fait on s’aperçoit que ces Etats sont interdépendants dans un jeu de
dominos tombant les uns après les autres. Il n’existe pas de gestion globale
des problèmes terrestres et cela se fait sentir. Chacun ouvre son parapluie.
D’autre part, le seul dénominateur commun à tous les humains
demeure les sciences (j’ai
lancé en 2012 à Hong Kong le mouvement « Résistance des savoirs / Knowledge
is Beautiful ») et même Donald Trump --qui pourtant incarne avec Bolsonaro l'emprise immorale et destructrice de l'argent accaparé par quelques-uns-- a éprouvé le besoin d’avoir un Jiminy
Cricket scientifique à ses côtés. Or les sciences sont fondées sur l’aspect
expérimental, ne sont pas exemptes de querelles de spécialistes pour des
intérêts divergents, et possèdent une temporalité qui n’est pas celle de la
réponse immédiate des médias en continu. Sciences et médias, sciences et
politique fonctionnent difficilement, d’autant que la dramatisation sert à
défendre des intérêts sectoriels.
On s’aperçoit alors que les Etats sont fragiles en fait et
dépendants. Ils sont soumis à une structuration médiatique qui est très
concentrée sur peu de nouvelles avec un impératif marketing de faire de
l’audience, donc pas forcément d’informer mais de vendre des informations. Et,
face à la convergence et à la répétition médiatique sans précédent sur le virus
–alors que l’obsolescence est généralement de mise, passant d’un émoi à un
autre--, les dirigeants ont cédé.
Cela montre bien les dysfonctionnements à l’œuvre dans la gouvernance.
Pas assez de pouvoir local et pas assez de gouvernance globale. Nous n’avons
rien adapté au monde stratifié qui est le nôtre, où le retour nécessaire au
local devrait s’accompagner de décisions prises à chaque strate compétente
(régionale, nationale, continentale et terrestre). Et c’est vrai également pour
les médias où tout est hyper-concentré sans médias-relais intermédiaires pour
trier et valoriser parmi les milliards d’expressions individuelles ou de petits
groupes, ce qui d’ailleurs aiderait les médias mainstream (ces médias
minoritaires qui pèsent totalement) à diversifier leurs infos et leurs
approches. A exclure les critiques exogènes dans une défense corporatiste, ils
nourrissent des réflexes de défiance absolue, de déconnexion ou des tendances
paranoïdes complotistes.
Ainsi, avec cette dévoration du réel par le virtuel, l’autre
écueil grave réside dans la perte de la mesure, du rationnel. On fait parler en
boucle une partie des scientifiques, spécialistes ou pas de virus (c’est le
triomphe de la blouse blanche), mais notre réel quotidien est fait de beaucoup
d’autres aspects très importants. Outre le fait qu’il existe bien d’autres
façons de mourir de façon massive (cancers, accidents de la route…), la
survisibilité exclusive impose l’invisibilité encore plus grande de phénomènes
cruciaux de nos rapports à l’environnement qui tuent bien davantage que ce
nouveau virus : les pollutions de l’air, de l’eau, de la terre, les
dérèglements climatiques, la malbouffe… Les grands criminels restent impunis
quand un jeune délinquant devient cause de tous les maux de la planète.
Voilà l’irréalité que nous vivons au temps de la dévoration
de notre vie quotidienne par un virtuel polarisé. Le virus c’est la
polarisation.
Abolition de l’espace
privé
Ces temps très singuliers accélèrent un autre phénomène
grave : la disparition de la vie privée. Dans les années 1970, nous
assistions à une captation de la vie privée par les idéologies politiques. Tout
le monde devait avoir un idéal et la vie privée se fondait dans cet idéal.
C’était l’héritage des grandes utopies de l’entre-deux-guerres, relayées par
l’affrontement de la guerre froide.
Aujourd’hui, partout dans les médias, on parle du
« corps » et on se livre à la confession. Chacune et chacun se
raconte entre nombrilisme exacerbé, psychanalyse publique et recherche de l’empathie
dans une surenchère doloriste (plus tu souffres, plus tu vaux). Le confinement
a fait totalement basculer. On est au-delà du selfie (moi et…, mais moi
partout), welcome at home ! Pour
les célébrités comme pour les anonymes, bienvenue dans les cuisines, regardez
mon plumard, comme c’est drôle quand je joue dans le couloir avec mes gosses et
du papier-chiottes…
Le confinement a ouvert une énorme barrière, celle de la
porte d’entrée des logements. Cela se rajoute à la tendance longue de l’autoreprésentation.
Tu existes parce que tu te montres dans les réseaux sociaux. Guy Debord parlait
de la société du spectacle, je dis depuis longtemps que nous sommes entrés dans
les sociétés des spectateurs-acteurs, pour le meilleur et pour le pire. Le
meilleur parce que la connexion abrase les concentrations géographiques
nécessaires et abolit la rupture ville-campagne, parce que les échanges
horizontaux deviennent essentiels à la circulation des informations et aux
échanges.
Pour le pire, car qui ne se montre pas, n’existe pas. Dans
l’obsolescence généralisée et la perte des repères avec une crise éducative
grave, la visibilité incarnée est essentielle. Nous jouons notre rôle. Nous devenons même la caricature de notre
identité supposée et la complexité n’a pas de place. Nous sommes prisonnières
et prisonniers à tout âge de notre réputation, des rumeurs, parfois
malveillantes et criminelles. Et le ricanement s’impose comme le nouveau volapük
obligé, traduction du désarroi d’êtres sans repères, candidats à l’addiction
aux divers maîtres à penser, à l’exploitation de la souffrance morale, sortant pendant l’épisode COVID-19 ce slogan paradoxal « Plus de masques ! ». Nous
vivons dangereusement dans ce monde de l’apparence.
Le COVID y a ajouté une dimension indélébile. Il a ouvert
définitivement toutes les portes de l’intime. Mais il est aussi le démarrage de
ce que j’ai appelé le «grand hôpital planétaire ». La médicalisation de
tout, l’hygiénisation au nom d’une durabilité illusoire. Nous n’avons plus le
droit de mourir. Nous n’avons plus le droit de nous détruire. Panique chez les
artistes… Van Gogh et Manchette au sanatorium ! La mise en fiche
électronique a commencé et beaucoup demandent à pister les personnes à risque.
Nous devenons des stigmatisés de la statistique. Cela pourrait faire sourire,
c’est terrible.
C’est terrible parce que c’est une longue mise en place des sociétés du contrôle. Au nom de notre
« bien », on nous auto-enferme. Au nom de notre durabilité, on nous
interdit des comportements et on nous emprisonne dans des camisoles chimiques. Au
nom du « bien », nous sommes administrativement pistés partout,
remplis de publicités ciblées, réduits à nos clics. Sidérés, robotisés, uniformisés, apathiques ou révoltés pour
réclamer plus de servitude. Au nom du « bien » et du « progrès », le cancer
administratif s’auto-reproduit et contamine les populations --épaulé par la
judiciarisation galopante-- en multipliant les procédures qui visent à
justifier de tout plutôt qu’à faire.
De façon annexe, cela pose aussi définitivement la
question de vivre longtemps
pour vivre longtemps, qui n’a aucun sens, comme l’argent n’a aucun sens (ce qui
compte est ce qu’on en fait –banalité de base). Une vie intense, voilà un but
probablement plus stratégique. Une vie de partages, de découvertes. La
philosophie personnelle doit donc revenir pour sortir des réflexes dociles sans
fondement grâce à une acquisition de connaissances permettant des choix à tout
âge. Non, la défense du libre-arbitre n'est pas un modèle si répandu en fait dans les communautés des humains.
L’épisode actuel disparaitra (pour d’autres) –mais pas
l’hygiénisation et les sociétés du contrôle. Et il restera des séquelles autres
qu’économiques (avec
de terribles dangers d’inégalités renforcées par des crimes écologiques et
culturels). Elles peuvent nous orienter vers l’uniformisation autoritaire
au nom du « bien » et/ou au contraire un éclatement généralisé en
autant de communautarismes autarciques concurrents. Elles doivent ainsi nous
inciter à penser la démocratisation et la diversification des médias, la stratification
des décisions du local au global en refondant partout notre rapport à
l’environnement dans une révolution éducative nécessaire avec une claire
conscience de nos intérêts communs « terristes », de cette aventure
collective sur une planète unique.
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19 : 04 : 20 |
 Auto-photo |
MESSAGE PERSONNEL, MESSAGE UNIVERSEL
Je me montre rarement sur
ces réseaux où chacune et chacun ne cesse de se raconter, comme si cela
intéressait la planète entière. Dégorgement vomitif du nombrilisme
compulsif.
Et pourtant, dans ces temps de confinement, de
précautions, d'assurances tous risques, je montre ma trombine pour
rappeler un droit essentiel : celui de choisir de mourir.
Ce choix je ne l'ai pas fait (rassurez-vous, ou pas). Mais le rappeler
permet de restituer une réalité qui oriente sa vie et lui donne un prix.
Morts potentiels, nous sommes des vivants plus intenses, qui exercent
leurs libertés, choisissent, parlent à celles et ceux qui nous
importent.
Ne nous laissons pas chloroformer et bâillonner au nom d'une durabilité qui n'a pas de sens.
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16 : 04 : 20 |
 Virus in Mind by Mister Local-Global |
BLABLAVIRUS
La chanson un peu folle pour traverser le temps qui peut changer à chaque instant
Vous me racontez
Une longue histoire
Vous me répétez
Des morceaux en forme de poire
Je ne vois rien
Sauf vos tronches masquées
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Où es-tu ?
Tu t’éclates
Dans ton squat
A crier
Des débilités
T’as peur aussi
Coronaminus
Coronaparci
Coronaparlà
Coronatueur
Coronarumeur
T’es à l’air avec tes poules
Tu butines les salades
Te fous des foules
Soutiens les malades
Vois les viocs
Qui pendeloquent
et les aime
même au carême
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Yaourt à cervelle anesthésiée
Votre histoire est bien blanche
Comme un médicament
Elle est bien paralysante
Comme un testament
Coronavie
Narocorusvé
Cocoronié
Coronamytho
Couroucoucou
La musique c’est fait pour se balader
Pour rêver et s’impliquer, rigoler
La musique, c’est fait pour oublier
Ca déchire dans ma tête,
J’ai l’haleine blette
Tu es paralysé, tétanisé, chosifié
Par l’invisible
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Enchaîné
Je suis déchainé
Echappé
Vous échapper
Repenser
Gambader
Luciole…
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10 : 04 : 20 |
 A et O, La communication virale |
LE TRIOMPHE DU VIRTUEL
J'ai rencontré à quelques mètres des personnes d'apparence réelle hier. Ca m'a fait bizarre...
De fait --que ce soit vu comme positif ou négatif-- nous sommes entrés
dans la plus grande opération de propagande planétaire de l'Histoire,
avec une focalisation totale de tous les médias. Elle s'applique à des
personnes qui sont séquestrées volontaires, séparées, isolées et plus
que jamais dépendantes de la vision indirecte puisque leur vision
directe se limite à quelques mètres.
L'anonymisation, la massification, la politique des quotas est
appliquée à une population masquée et bientôt pistée. Tout devient
virtuel, même l'argent quand les entreprises privées sont brutalement
plongées dans un endettement qu'elles subissent et dont elles ne sont en
rien responsables, quand les individus vivent des chômages techniques
forcés et quand les Etats dépensent un argent qui apparaît soudain.Viralisation généralisée.
Le virtuel triomphe partout au détriment d'un réel confiné. Nous sommes
entrés dans ce dont je parlais depuis longtemps : les sociétés du
contrôle dans un grand hôpital planétaire. Chacune et chacun va pouvoir
être surveillé en direct. L'apathie générale me frappe de quotidiens
hébétés.
Une population-Zorro dans un grand plan blanc est en train de protester pour se baillonner au sens propre. Plus de masques, plus de masques crie la droite comme la gauche ! Et les délations vont bon train...
Je suis censé cocher toutes les cases des personnes dites à risques, donc je ne fais pas n'importe quoi. Mais de là à déguiser tout le monde dans un grand carnaval sanitaire sous le prétexte de préconisations fluctuantes, puisque certains disent que le problème vient d'un déficit de personnes contaminées pour pouvoir sortir du confinement...
Moi, plus on m'enchaîne, plus cela me déchaîne... J'ai
lancé beaucoup de projets qui sont un échappatoire du ciboulot, une
rupture face au chloroforme généralisé, aux existences réduites dans le
plus petit néant commun. A la servitude volontaire chère à La Boétie, on ajoute la séquestration naturelle. Chacune ou chacun devient le geôlier de soi-même.
SOCIETE DU VIRTUEL, SOCIETE
ANESTHESIEE. Plus que jamais, la Résistance culturelle est nécessaire,
le retour de l'imagination et surtout la reprise en mains de notre
vision directe. Imposons la reconquête du réel ! Ne nous faisons pas voler le futur dans une grande entourloupe de la peur ! Lançons un tri rétro-futuro pour savoir ce qu'on veut conserver et là où il faut évoluer ! Pensons enfin du local au global avec des strates de décisions ad hoc ! A la paralysie volontaire par hantise pandémique doit succéder la mobilisation environnementale et une conscience terriste pour l'ici et l'ailleurs !
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06 : 04 : 20 |
 "Mon coronavirus" by Mister Local-Global |
Grand hôpital planétaire
ou
mutation environnementale
Cette intoxication planétaire subite que nous vivons n’est
rien moins qu’irréelle, imprévue et surprenante. Elle induit directement un
rapport différent à ce que nous nommons le « réel » et à nos
priorités quotidiennes. Aura-t-elle des conséquences profondes pour le devenir
de nos sociétés ou sera-ce juste une parenthèse étrange ?
Beaucoup de signes nous incitent à craindre que la seconde
solution ne soit ce qui adviendra : la reprise des mauvaises habitudes.
Déjà, les chamailleries pour chercher des responsabilités à posteriori sont
délétères et participent de la décridibilisation de politiques qui restent dans
des logiques partisanes hors de propos et de médias obligés à la surenchère
incessante du scandale pour réveiller l’intérêt d’une info en continu
particulièrement répétitive (ce sont les avatars du « news market »).
Pourtant, nous vivons deux phénomènes prometteurs qui
devraient trouver des développements : l’émergence de médias
intermédiaires et l’abolition de la séparation ville-campagne.
L’émergence de médias
intermédiaires
La structuration de l’information est –on le
sait—particulièrement déséquilibrée. Il existe des médias de masse qui font
circuler quelques nouvelles en boucle et, de l’autre côté, des milliards
d’expressions individuelles sans relai. Ce déséquilibre est patent et nocif.
Aujourd’hui d’ailleurs il trouve son expression dans le retour des Etats et la
monopolisation de l’information au sujet d’un virus éphémère d’un seul coup
starisé.
L’information, les informations, ce sont des milliards de
micro-événements. Bien sûr ces micro-événements ne peuvent être connus à
égalité d’intérêt. Cependant, ce que nous vivons au niveau des décisions
planétaires, existe aussi au niveau de la structuration de l’information. Il
faudrait le développement massif de médias intermédiaires, qui sélectionnent ce
qui vient de la base et sont ainsi force de proposition et facteur de
diversification pour les médias de masse.
Je plaide depuis longtemps pour le développement d’une
Histoire stratifiée, qui va du local au global. Pour l’information, il en est
de même. Et, à cet égard, l’effet positif du confinement est que, des individus
aux institutions, tout le monde a pris conscience de l’importance de notre
ubiquité. Oui, nous ne sommes plus dans la seule société du spectacle comme le
postulait Guy Debord au temps de la télévision triomphante, mais, au temps
d’Internet et des réseaux sociaux, nous sommes devenus des
spectateurs/trices-acteurs/trices. Cela veut dire que nous vivons l’ubiquité
totale : nous vivons ici, avec les réalités du directement visible, mais avec
tout le poids d’un ailleurs que nous ne voyons pas et qui pèse sur nos actes et
nos pensées.
Sinon, comment expliquer le coup de chloroforme général de ce
virus invisible. De surcroît, nous émettons, nous vivons en apparaissant dans
la vision directe mais en apparaissant dans la vision indirecte aussi, parfois
massivement, pour le meilleur et pour le pire. Nous sommes le représentant de
commerce de nous-mêmes dans un temps où le multi-visible et le talent oral
importe plus que le contenu --d’où d’ailleurs les « punchlines » préparées et la technique des
colères incessantes.
Cela n’est pas que dangereux ou négatif, car l’époque
singulière où nous vivons a incité les particuliers comme des communautés ou
des institutions à prendre conscience de ce rôle d’émetteur. Beaucoup alors ont
soit construit de petites chroniques suivies ou découvert des programmes à
distance qu’ils pouvaient valoriser et développer. Il reste cependant à faire
éclore des portails à toutes les strates, à passer d’une information de l’exclusivité
à une information du partage et du signalement. Cela valorisera des expressions
individuelles singulières ; cela aidera la diversification des médias de
masse.
L’abolition de la
séparation ville-campagne
Ce qui me frappe, moi qui ai vécu à Montmartre et suis
maintenant dans le plus grand couloir forestier de France en sud-Corrèze, est
l’abolition de cette rupture ville-campagne provoquée par les mesures liées à
ce virus. Quand tout s’arrête, les modes de vie sont les mêmes et les
aspirations semblables. S’est opéré alors un exode urbain massif car beaucoup
ont vite compris que le confinement dans des espaces confinés était un problème.
L’arrêt des transports a rendu une ville de couvre-feu avec ses silences et ses
oiseaux et un Airparif notant au bout de 15 jours «une
baisse des émissions de plus de 60% pour les oxydes d’azote ».
Une ville un peu à la campagne. Une ville en tout cas qui
prend conscience de son empoisonnement journalier dans des espaces de vie de
plus en plus étroits. Du point de vue climatique également, la suppression du
végétal a montré ses effets néfastes. Toutes les conditions sont ainsi réunies
pour une vraie pensée de la ville avec la nature, des villes végétales
respirant grâce à ce qui devrait s’amorcer : l’agrandissement des espaces
par l’exode urbain. Des villes de micro-quartiers qu’on s’approprie, car une
ville n’est pas un bloc, mais un agrégat de quartiers différents et de
circulations.
Pour les campagnes, il semble bien que nous ayons atteint un
pic négatif, celui de l’exode avec ces villages sans commerces et sans services
publics, ces terres sans repreneur, ces perspectives de travail très
restreintes pour les jeunes. Les urbains réfugiés momentanément dans des « déserts
ruraux » constatent que souvent il existe une vivacité du tissu social,
des réseaux associatifs très importants, des initiatives avec des jeunes qui
expérimentent dans différents domaines (agriculture comme artisanat ou
entreprises de niches). L’accès à Internet en plein développement avec la fibre
change complètement le rapport au territoire.
Nous entrons ainsi dans une ère locale-globale où un
interlocuteur australien se moque que son correspondant soit à Paris, Lyon ou
dans la Creuse. Le réveil des campagnes s’est amorcé et c’est un mouvement
profond qu’il faut accompagner --notamment en maillant le territoire avec des
pôles d’excellence dans la ruralité (cessant cette concentration parisienne
obsolète et autodestructrice).
Ce réveil des campagnes permet de valoriser les territoires
avec leur diversité, mêlant traditions choisies et innovations. Ce n’est pas un
localo-localisme, la tête tournée jusqu’au torticolis vers le passé en
s’imaginant obtenir le bonheur par l’exclusion des autres, mais de la fierté
locale pour les habitantes et habitants de longue date comme pour les nouveaux
arrivant-e-s, combinant des caractéristiques propres à la culture du lieu et
des idées novatrices pour toutes et tous tenant compte des évolutions,
notamment climatiques. Un vrai local-globalisme dans les micro-quartiers des
villes, comme dans les villages.
Ce temps arrêté que nous vivons doit ainsi être un temps de
remise à plat et de réflexion sur nos modes de vie. Rien ne serait pire que
d’en sortir pour ne rien apprendre en nous construisant un grand hôpital
planétaire de contrôle des individus, en injectant de l’argent massif dans la
perpétuation de consommations obsolètes et polluantes ou servant à la
financiarisation, en détruisant le tissu associatif précieux et la culture vue
comme variable d’ajustement peu utile.
Passer du virus à la mobilisation environnementale générale
semble un but raisonnable. Ce que les Etats viennent de faire dans la
coercition des populations pour une maladie peut laisser à penser que nos
enjeux directs, visibles, faisant tous les jours des morts, détruisant des
cultures (on détruit la biodiversité et, ce faisant, on détruit aussi la
culturodiversité), modifiant notre climat, mérite d’être considéré comme
prioritaire.
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