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07 : 12 : 15 |
 BLUES ET REVEIL NECESSAIRE |
Ce dessin de Willem a une histoire. Il a été réalisé à l'été 2015 après que Corinne Bonnet lui ait demandé plusieurs semaines avant une oeuvre pour l'exposition "Au-delà, atlas des visionnaires" (conçue par Olivia Clavel et qui rassembla 20 artistes des plus réjouissants). Willem laissa Corinne Bonnet, la galeriste et voisine îlienne, sans réponse. Puis, à l'été, il lui donna ce dessin.
C'est ce dessin qui était exposé lors de sa venue à Paris le 14 novembre avec Medi dans l'exposition. Et, le 14 novembre, après l'horrible réplique des assassinats de Charlie-Hebdo la veille, il n'y avait rien à faire que d'ouvrir une bouteille...
Aujourd'hui, ce n'est pas l'horreur absurde qui est au programme, mais la ringardisation entière d'un pays qui s'est laissé entraîner vers un raidissement national à rebours de l'Histoire. Marine Le Pen n'est pas Hitler, mais justement c'est le problème : la droite française s'est fait kidnapper par l'extrême-droite. Pour des raisons profondes : il existe une crise démocratique dans le pays et une absence d'idéaux alternatifs clairement affirmés à un repli nationaliste rassurant en apparence, très dangereux dans les faits.
De même qu'après les assassinats perpétrés la réponse sécuritaire ne peut suffire (il faut un réveil culturel et éducatif), de même les élections à venir ne doivent plus être détournées par ce qui n'est pas le sujet premier d'un pays en devenir. Pour la jeunesse, pour les actifs comme pour toute une partie d'un troisième âge soucieux du vivre en commun, il faut tout placer sur les objectifs de justice et de durabilité. Je le dis depuis des années et la personnalité politique qui saura rassembler et avancer sur ces objectifs clairs avec les conséquences constitutionnelles qui en découlent renversera la table.
Cela suppose de cesser de se désintéresser du local, du terrain. Tout vient de là : le retour au local. Cessons d'avoir des quartiers urbains et des villages abandonnés. Soyons fiers de là où nous vivons en faisant des choix rétrofuturos où la population est associée : décider de ce qu'on veut garder et magnifier comme traditions et de là où on veut innover. A partir de ce retour au local, de cette défense du local avec des circuits courts, de l'innovation économique, il faut cependant comprendre notre univers en réseaux planétaires.
Oui, notre dimension est locale-globale désormais et l'illusion du repli autarcique est dangereux. La COP21 donne l'exemple du fait qu'une gouvernance planétaire doit être construite. Les enjeux environnementaux comme d'ailleurs le terrorisme ne se traitent --nous le voyons tous les jours-- qu'à la bonne échelle : elle dépasse les pays et même les continents. Elle implique l'ensemble de la communauté humaine dans son environnement, en interaction avec son environnement. S'enfermer dans une conception bornée au sens propre, c'est être inopérant et subir des conséquences environnementales mais aussi économiques ou sur les libertés publiques considérables. La cécité des néo-réactionnaire est là : ce sont des oies blanches prêtes à se livrer à toutes les catastrophes et aux effets de la guerre mondiale médiatique des propagandes et des publicités où ils ne décident plus de rien.
Je viens de terminer un livre sur ces questions. Alors, souhaitons que cette pensée soit enfin largement relayée dans les médias, souhaitons que beaucoup s'en emparent. L'espace médiatique s'est laissé phagocyter de façon pernicieuse par les néo-réactionnaires --comme si c'était "courageux" d'être réactionnaire, de déverser sa bile...--, représentants gonflés d'une seule partie du peuple et en tout cas d'options dangereuses pour le futur. Assez donc de temps perdu et d'autodestruction, de morbidité nostalgique : disons-le, si par malheur le Front national arrivait au pouvoir, soit il ne ferait pas grand chose comme sa politique assez prudente actuelle locale, soit il provoquerait des troubles graves. Du temps perdu et de l'auto-destruction.
Finalement, à idéaliser le passé, ces personnes ne croient plus en la capacité des Françaises et des Français d'inventer le futur, de créer, d'innover dans tous les domaines. Eux qui ne cessent de trier les bons Français et les mauvais Français, ils ne croient plus en la France, ils veulent faire de ce pays un territoire muséographié dans le plus mauvais sens du terme, congelé. Assez de masochisme ! Oui, il n'y a vraiment plus de temps à perdre pour une jeunesse qui se sent ignorée, délaissée, sans perspective et qui végète dans la dépression ou s'exile.
Levons l'espoir d'une République durable et solidaire, clairement engagée pour la justice et la qualité environnementale locale et globale. Retrouvons des idéaux dans le respect de la relativité des pensées, des croyances, des civilisations : une écologie culturelle. Ces idéaux ont fait les meilleurs moments de notre Histoire comme de celle des Etats-Unis, ceux d'appels généreux à la communauté humaine. Rallumons les Lumières !
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17 : 11 : 15 |
 MEDIA-TERRORISME ET RESISTANCE CULTURELLE |
MEDIA-TERRORISME ET RESISTANCE CULTURELLE
Nous confirmons l'exposition : Michel Granger, un amoureux de la planète !
Venez nous soutenir ce jeudi 19 novembre de 18h à 20h (ECART, 18 rue Jacob, 75006 Paris) pour l'inauguration en présence de l'artiste
Inutile de dire que toute l'oeuvre et les valeurs de Michel Granger -- paisible habitant du 10e arrondissement de Paris-- sont à l'exact opposé des horreurs qui viennent d'être commises.
Alors que les chamailleries politiques recommencent et les surenchères sécuritaires, alors que les médias font de facto la pub de ce media-terrorisme inauguré avec le World Trade Center, il est essentiel de se rassembler et de parler de ce qui doit faire notre force : l'éducation à tout âge et la culture, la défense de la science et des savoirs contre l'obscurantisme fanatique.
Et, affirmons-le, la COP21 est plus importante que les agissements de 8 criminels.
Partout, il faut non seulement continuer mais affirmer nos valeurs, organiser la RESISTANCE CULTURELLE
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14 : 11 : 15 |
 MEDIA-TERRORISME ET SILENCE DE RESISTANCE |
MEDIA-TERRORISME ET SILENCE DE RESISTANCE
J’avais mis en avant dans le journal Le Monde en 2004, lors des
attentats à Madrid, la notion de « média-terrorisme », c’est-à-dire le
fait que les terroristes, depuis le World Trade Center, scénarisent
désormais leurs actions et l’usage de l’horreur. Ils conçoivent des
événements simultanés et successifs sur des cibles symboliques comme
dans une fiction.
Aujourd’hui, 13 novembre 2015 dans la nuit,
j’apprends ce qui s’est passé dans ce quartier du 10e arrondissement où
j’ai habité pendant 25 ans. Mon fils a travaillé au restaurant Le
Cambodge, qui a ouvert le Petit Cambodge en face du café Le Carillon...
Comment ne pas être saisi par l’horreur. Comment s’autoriser même à
réfléchir dans l’élan naturel de compassion et de solidarité. Comment
penser au-delà dans ces premiers instants.
Et pourtant. Et
pourtant il va bien falloir mener une réflexion de fond sur
l’instrumentalisation de l’horreur, qui est une victoire indéniable des
terroristes dans un kidnapping de l’actualité. Il va falloir réagir,
réagir probablement par la contention médiatique, par un SILENCE DE
RESISTANCE. Dire les faits et les mesures mais fermer les antennes à ces
programmes en continu qui sont exactement ce qu’attendent les
terroristes jouant en réel un mauvais polar.
Le World Trade
Center avait des allures de film de science-fiction avec des caméras de
surveillance. Les événements actuels propagent des paroles trash sur une
absence d’images, un discours de l’horreur propre à mobiliser nos
imaginaires. Tout cela se fait dans un contexte très particulier. Pour
la course à l'audience, la Gore Attitude a gagné partout sur les écrans :
pas de fiction sans meurtre, pas d'info sans mort. Quelle époque
étrange, comme si l'absence de guerre directe ici provoquait des
simulations d'états de guerre.
Cela se répétera. Il va donc
falloir apprendre à informer autrement d'une part et décriminaliser les
fictions d'autre part. Informer sans tomber dans le compassionnel.
Vaincre la prise à la gorge de l'actualité par les terroristes en
limitant volontairement l'impact médiatique. Donner des faits mais sans
déborder, sans faire des directs pendant des heures où il n'y a pas ou
très peu d'informations nouvelles. Donc sans faire la publicité de facto
pour ces êtres médiocres embrigadés se jouant le film.
Le
terrorisme est une forme de virus. Il est très pervers. Dans le passé,
le mouvement anarchiste --qui était pourtant un mouvement généreux pour
la liberté et la solidarité, inventant par exemple mutualisme ou
coopératives-- a pâti très gravement des attentats terroristes. Il est
devenu synonyme non seulement de foutoir (« c’est l’anarchie ! ») mais
de crimes (l’anarchiste poseur de bombes ou assassinant les puissants).
Ce fut une erreur stratégique et éthique totale, discréditant le mot «
anarchie » lui-même. Dans les années 1970, quand les gauchistes
allemands ou italiens pratiquèrent la violence, Guy Debord écrivit avec
Gianfranco Sanguinetti pour expliquer que le terrorisme ne pouvait faire
que le jeu d'une répression toujours plus forte.
A cet égard,
nous sommes devant des responsabilités graves aujourd'hui. Pouvoir
politique et médias doivent réfléchir urgemment à leurs buts et leur
fonctionnement. Car la pente est dangereuse : les terroristes font de
l'audience et de la part de marché, ils vendent du papier. Du point de
vue politique, sans tomber dans un complotisme maladif que j'exècre,
constatons que, comme dans la guerre froide où les deux camps se sont
merveilleusement accommodés de la mobilisation totale contre l'ennemi
total, les terroristes-stars des médias arrangent les pouvoirs
politiques et économiques. Ils soudent les populations et gomment les
problèmes. Le défi terroriste est donc aussi un défi de liberté d'expression et un défi de fonctionnement démocratique.
La tâche n'est pas facile, mais nos dirigeants doivent alors tenir les
deux bouts du front nécessaire contre cette violence instrumentalisée :
des mesures de sécurité publique indispensables et résolues, avec
l'affirmation sans cesse renouvelée de la défense des libertés (qui fait
contre-modèle : ne rien céder à ce que nous rejetons). Il faut, tout en
luttant collectivement contre ce cancer intérieur dans un pays fracturé
où des banlieues et des campagnes se sentent reléguées, ghettoïsées,
éviter la policiarisation du monde en images et dans des sociétés du
contrôle et de la norme. Voilà pourquoi d'ailleurs le temps d'une grande
action pédagogique de long terme sur l'éducation aux images à tout âge
est un impératif civique. Face au maëlström de nos écrans, apprendre à
voir devient aussi important qu'apprendre à lire.
Bref, combattre
résolument, réfléchir aux usages médiatiques tout en défendant les
libertés et faire une oeuvre éducative durable à la hauteur de la
transformation de civilisation qui est la nôtre.
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11 : 11 : 15 |
 POUR UNE CITE DE L'ECOLOGIE - RENE DUMONT |
Pour une Cité de l’écologie – René Dumont
Beaucoup l’ignorent : le mot
« écologie » a été inventé en 1866 par le savant allemand Ernst
Haeckel. Cette notion, qui concerne les rapports des humains avec leur
environnement, fut jusqu’en 1970 essentiellement une notion scientifique. Elle
concerne désormais tous les domaines : de vie quotidienne, culturel,
politique, économique, philosophique… Mais, à l’heure de la COP21, ce grand
chantier du devenir collectif humain sur notre planète manque singulièrement de
lieux d’échanges et de diffusion des savoirs (pour trop apparaître dans
l’actualité sous des aspects dérisoires peu dignes des grands enjeux
collectifs).
Le constat : un basculement s’opère
René Dumont fut en 1974 le premier candidat
écologiste au monde à une élection présidentielle. Sa campagne --menée sur une
péniche, se déplaçant à bicyclette et montrant un verre d’eau comme une valeur
précieuse à la télévision-- fut prémonitoire. Il ne recueillit que 1,32% des
votes. Aujourd’hui, alors que les périls climatiques sont mis en avant, que les
pollutions de l’air, de l’eau, de la terre et les dérives de la nourriture
industrielle touchent tout le monde et notamment les plus pauvres, ses messages
deviennent d’une grande actualité.
Ils deviennent d’une grande actualité aussi
parce que René Dumont est un savant, un agronome, c’est-à-dire quelqu’un qui a
eu une pratique expérimentale et critique, sillonnant tous les continents. René
Dumont est ainsi fort loin d’une vision arrêtée, idéologique, sectaire de l’écologie.
Passionné, il a évolué, prônant d’abord une agriculture intensive pour
« nourrir la planète » après la Deuxième Guerre mondiale. Puis, il a
compris que la destruction de l’environnement, détruisait d’abord les
habitants. Il a vu les conséquences sur le terrain : l’enjeu en effet est
non seulement la biodiversité mais aussi la culturodiversité (la destruction
très violente et rapide des modes de vie traditionnels pour un consumérisme
aveugle et addictif) et bien sûr tout simplement la santé des populations.
Heureusement, une prise de conscience générale
émerge aujourd’hui, qui dépasse les clivages politiques ou philosophiques et
confessionnels. Elle émerge avec la compréhension progressive que seule la voie
des savants est viable : une approche sans à priori, pragmatique, expérimentale
et critique. Mais où ces savants, avec les politiques, les acteurs de terrain,
les artistes, les entreprises, peuvent-ils se retrouver pour échanger et
débattre de telles questions centrales pour notre quotidien et notre futur ?
Où un travail de diffusion des savoirs, de pédagogie, d’interaction avec les
jeunes et tous les moteurs de notre vivre-en-commun peut-il s’opérer ?
Faut-il juste des événements ponctuels comme la COP21 pour faire émerger cela
momentanément ?
La nécessité d’un lieu d’échanges, de pédagogie et de
diffusion culturelle
La France a joué un rôle important dans la
prise de conscience écologique avec des pionniers comme Dumont, Dubos,
Charbonneau, Gorz, Ellul, Carlier, Fournier, Reiser, Cabu ou André Louis pour
l’agriculture biologique… N’est-il pas temps de créer un lieu d’échanges
pérenne, qui perpétue la mémoire de ces pionniers autour du personnage
symbolique de René Dumont, en l’inscrivant dans tous les débats du jour ?
Peu le savent, là encore, mais à
AgroParisTech (l’école de René Dumont) existe le premier musée international
sur l’écologie et le développement durable : le Musée du Vivant (www.museeduvivant.fr). A travers de
vastes collections (des herbiers à 600 dessins de Cabu, d’un fonds d’affiches
depuis le XIXe siècle aux œuvres de Cueco ou Speedy Graphito…), il traite des
rapports des humains avec leur environnement depuis la Préhistoire en diffusant
largement ses expositions avec la Ligue de l’Enseignement. Ces ressources
exceptionnelles sont une chance à valoriser pour notre pays.
Nous
demandons donc qu’un lieu de débats, d’informations, de diffusion pédagogique
et culturelle, soit mis en place. L’écologie --au sens large des rapports des humains
avec leur environnement—est un sujet crucial qui doit rassembler les points de
vue et permettre des échanges. Il doit le faire avec la diffusion du dernier
état des savoirs et en associant largement les entreprises, les acteurs de
terrain, le monde culturel et associatif. Ce sera de plus une source de
rayonnement international indéniable. Après la COP21, créons donc rapidement un
lieu pérenne, une Cité de l’écologie –
René Dumont !
Pour tous renseignements et soutiens :
Marc Dufumier (Président de la Fondation René Dumont), Laurent Gervereau
(Vice-Président de la Fondation René Dumont). Page facebook : http://www.facebook.com/citeecologie.
Contact sur : www.gervereau.com
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12 : 09 : 15 |
 AYLAN: IMAGE PREUVE OU IMAGE INSTRUMENTALISEE |
Concernant la fameuse photo d'Aylan Kurdi, ses implications et son antériorité, lisez www.decryptimages.net :
AYLAN : IMAGE PREUVE OU IMAGE INSTRUMENTALISEE
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02 : 09 : 15 |
 Be MULTI ! |
Je vais vous raconter une histoire bizarre qui ne cesse de m'amuser.
Au début du XXIe siècle, j'ai fait l'erreur stratégique de rester dans le pays qui m'a vu naître : la France. Par attachement et paresse sûrement. J'ai eu tort. En effet, ce pays a connu alors un temps de forte constipation, de vieillissement généralisé, comme si tout ne devait être que nostalgie tandis que les actifs sont déconnectés : la "rétro attitude". Symptôme : ce pays oligarchique à ascenseur social bloqué sacralise de vieux penseurs sclérosés qui ne veulent pas dételer, laissant le terrain libre aux râleurs réactionnaires rances. Et les dirigeants ont accumulé mensonges et incurie. Lionel Jospin n'avait pas tous les mérites mais sa défaite surprise (par trop d'orgueil) a en effet correspondu à des temps de pouvoirs catastrophiques : un Chirac tétanisé, un Sarkozy velléitaire et mafieux, un Hollande technocrate aux idées des années 1980... Bref, pas étonnant mais pas brillant.
Comme d'autres, j'ai dû entrer dans la résistance et la clandestinité, défendant toujours ce que j'estime être la qualité scientifique et de création ("Résistance des savoirs" avec notamment l'émission [decryptcult]). Un principe : ne jamais rien céder à la médiocrité ambiante et à la veulerie --qui salissent ; ne jamais se résoudre à l'absurde et à l'inacceptable.
Cela se
fait avec des réseaux souterrains. J'ai poussé l'exercice jusqu'à
l'aspect le plus minimal. En inventant, depuis mon atelier en
sud-Corrèze à Hautefage, les Rencontres-Promenades "Histoires de
passages..." J'y ai développé quelques principes qui me sont chers et ce
fut très sympathique, sans chercher à communiquer hors du niveau local.
Mais ne vlati pas que le 7 août le magazine national Marianne fait
un dossier en "une" sur le réveil des villages de France. Et
qu'Argentat sur Dordogne est l'exemple de base avec 6 pages (et la repro
de l'affiche de Cabu pour les Rencontres-Promenades). Le microscopique
devient le signifiant car la qualité est là, la liberté, la mobilité.
Chacune et chacun, partout, devient le centre du monde, le centre du
"faire" possible dans les sociétés des spectateurs-acteurs. Inversion :
les campagnes perdues innovantes inspirent les micro-quartiers des
villes à totalement repenser.
C'est ce qu'exprime ce petit
logo des multiterriennes et des multiterriens (les "MULTI"), qui
défendent biodiversité et culturodiversité, le local-global et le
rétrofuturo sur une planète occupée depuis l'origine de mutations et de migrations. Bref, plein de notions que je promeus depuis des années et
qui émergent aujourd'hui. Un singulier-pluriel, du micro-macro montrant
que nulle part est partout. Cela fait plaisir. Il a fallu que j'aille
dans mon Guernesey pour que se confirment mes pressentiments... J'y suis
bien.
BE MULTI !
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25 : 08 : 15 |
 Sidérations |
Je suis au chaud. Lisant cet être hésitant qu'est Bakounine. Fortement imparfait et critiquable. Mais aux pressentiments forts : fédéralisme planétaire, désuétude des Etats et dangerosité des nationalismes. Ici, j'exècre les médias obsolètes et gangrénés, les propagandes pitoyables : crises et terrorisme pour faire peur (la Gore Attitude et le Thriller perpétuel). Pendant ce temps, des puissances oligarchiques infectes et des money makers criminels toujours plus riches...
Il est temps de raison savoir. Mon paysage m'apprend. Je suis là où je vis, où je vois. Humaine-Terrienne ou Terrien en découverte.
Merci à "Histoires de passages...".
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15 : 07 : 15 |
 LE COULOBRE EST SORTI DE LA DORDOGNE ! ! |
LE COULOBRE EST SORTI DE LA DORDOGNE !
Un monstre serpent-dragon est sorti des eaux à Argentat. Le sculpteur Diadji Diop, aidé par beaucoup d'habitants, en est un peu fautif... L'animal mythique annonce les Rencontres-Promenades "Histoires de passages..." (16 au 19 juillet : www.histoiresdepassages.com). Il y aura celles et ceux qui auront vécu ces moments privilégiés ... et les autres !
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21 : 06 : 15 |
 Rencontres-Promenades |
Il ne s'agit pas d'un festival, vous savez ces lieux
prétextes où quelques snobinards viennent goûter l'été à la couleur
locale. Il s'agit de Rencontres-Promenades. Rencontres entre des
personnes du pays d'Argentat sur Dordogne et d'ailleurs (tous les
invités logent chez des particuliers), rencontres entres les âges et les
goûts, rencontres de curiosités bien placées réciproques. Et des
promenades où on découvre ce pays magnifique de sud-Corrèze avec ses
forêts et ses rivières, ses barrages, son architecture et surtout ses
habitants à l'esprit vif, à l'humour décapant, qui aiment là où ils
habitent.
Respect mutuel et sens de la découverte irriguent cette manifestation.
Je suis infiniment heureux d'avoir pu organiser cela en moins d'un an.
C'est grâce à France Chastaingt et Muriel Paucard qui, sur place, ont su
remuer les montagnes avec ténacité. C'est grâce à l'appui des élus
(avec Jean-Claude Leygnac en tête, le maire d'Argentat) et des acteurs
de terrain (les Sièges d'Argentat, les Jardins Sothys, les Ruchers de la
Maronne, la scierie Duclaux, la pâtisserie de Saint Privat ou la ferme
bio de Merle...). et puis bien sûr tous les invités venant de France et
de l'étranger, qui m'ont fait confiance, Diadji Diop en premier. Il nous
construit un Coulobre (serpent-monstre mythique de la Dordogne) géant
sur le vieux pont d'Argentat et a pensé un meuble élaboré et présenté
aux Sièges d'Argentat. Mon complice de longue date, Eric Mouton, a une
fois de plus assuré bénévolement la qualité graphique pour le site
Internet et les affiches. Sylvain Golvet assure la couverture vidéo.
Une conjugaison de générosités donc pour cette manifestation où tout est gratuit et tout le monde bénévole.
Cabu a donné le ton, lui qui avait généreusement créé l'image (sa
dernière affiche) de ces Rencontres-Promenades pour aider l'association
et lancer la manifestation. Il n'y a pas de jour où je ne pense à lui.
A
n'en pas douter, voilà un moment collectif qui restera dans nos
mémoires, avec des échanges et des complicités actives, là, sur le
terrain, où chacune et chacun peut transformer la vie pour que le
quotidien soit inventif, novateur, tout en défendant des points forts
locaux (le rétrofuturo).
Le Conseil général fait
un affichage dans tout le département. L'aventure commence et la
convivialité sera la récompense de toutes et de tous.
Pour tout savoir : www.histoiresdepassages.com
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04 : 06 : 15 |
 Repenser l'enseignement et les contenus de l'Histoire au XXIe siècle |
ENSEIGNER UNE HISTOIRE STRATIFIEE ET VISUELLE
Les débats actuels sur les programmes d’Histoire au collège en France
se focalisent sur deux façons passéistes de travailler sur le sujet :
pour schématiser, une Histoire de « droite » chronologique et cultivant
le fameux « roman national » né au XIXe siècle contre une Histoire de «
gauche » privilégiant l’aspect thématique et les fractures sociales ou
coloniales. L’une accusant l’autre de flagellation et de confusion,
l’autre dénonçant la première comme étant totalement idéologique et
déconnectée des réalités d’aujourd’hui et de la vérité des faits
(cultivant des mythes). Nous comprenons combien tout cela aboutit à une
impasse et conforte la provincialisation des historiens français qui
sont –à quelques exceptions près—passés à côté des grandes évolutions
nécessaires
. Parler d’ici et d’ailleurs
Quelles
sont-elles, ces évolutions ? Il faut d’abord réfléchir à la profonde
transformation des récepteurs, des publics. A l’heure où tout s’accumule
sur les écrans de façon indifférenciée, des repères sont nécessaires.
Ils sont temporels, d’où l’impérieuse nécessité de la chronologie. Mais
ils sont géographiques aussi. Quand on a dans une classe des enfants
ayant souvent des rapports avec les 5 continents, peut-on s’en tenir à
une Histoire nationale, qui n’est qu’une partie de l’Histoire du
territoire ? A l’inverse, si on habite Limoges, n’est-il pas légitime de
savoir quelle est l’Histoire longue du lieu où on habite, n’est-ce pas
là la première nécessité pour le vivre en commun ?
Nous
comprenons donc qu’il devient impossible au XXIe siècle d’éviter une «
Histoire stratifiée ». Mot barbare d’intello dira-t-on ? Rien de plus
simple en fait : tu habites ici et voilà l’histoire de là où tu habites ;
tu es dans un pays qui est la France, et voilà comment ce pays s’est
construit à travers le temps sur le territoire hexagonal et outremer ;
tu es sur un continent qui s’appelle l’Europe et je t’explique
l’histoire de ce continent et les rapports de ce continent avec les
autres depuis l’apparition d’homo sapiens en Afrique.
Nous devons
avoir ainsi une méthode locale-globale : comment en effet évacuer
l’Histoire locale à l’heure où il faut fédérer les mémoires ? Comment
omettre l’Histoire globale (chère à Sanjay Subrahmanyam) quand nous
vivons dans un univers de représentations mondialisées ?
La
remise en valeur des méthodes et de la science historique (enquête
problématisée sur des documents de tous type) doit nous faire sortir des
errements liés au culte de la « mémoire » (qui reste elle-même une
source à interroger pour l’historien). Ils nous ont conduits en effet à
de nombreuses dérives : usages politiques confondant Histoire et
commémoration, concurrence mémorielle menant directement vers
l’affrontement des communautés. L’Histoire fédère, la mémoire, si elle
remplace l’Histoire, peut conduire à la guerre civile. Désormais, nous
avons « besoin d’Histoire ».
Voilà pour le cadre sur lequel des
programmes d’enseignement à tout âge devraient s’appuyer. Mais qu’en
est-il des méthodes et des sources ? Est-il intellectuellement cohérent,
alors que les enfants et les adultes passent leur temps devant les
écrans, d’enseigner une Histoire où les images ne seraient que des
outils instrumentalisés par un savoir fondé sur les textes ?
Le visuel : outil pour enseigner et sujet d’enseignement
Que le multimedia soit utilisé comme outil d’enseignement, personne ne
le conteste plus. Pourtant, alors que les élèves vont dans des
expositions, regardent des films, pratiquent le dessin ou la
photographie, est-il admissible que le système scolaire (comme pour les
adultes à tout âge) ne leur donne pas des repères en ce qui concerne les
grandes étapes de la production visuelle humaine ? Cet enseignement
devrait prendre en compte alors les développements géographiques et
l’apparition des différentes techniques, des différents supports
d’images. C’est simple et fondamental.
Cela se lie facilement à
l’Histoire traditionnelle, car chacune et chacun comprendra que les
conquêtes d’Alexandre le Grand ont des incidences directes sur la
circulation des représentations, les influences réciproques et les
confrontations. Le « trésor de Begram » en actuel Afghanistan, où ont
été retrouvé des objets de la civilisation de l’Indus, de la Grèce
antique et de la Chine ancienne, est éclairant à cet égard :
circulations, influences, échanges.
Il importe donc de sortir
d’une conception de l’Histoire où l’image reste juste un accessoire
attrayant. Faisant personnellement partie à la Direction des musées de
France du comité fondateur des développements multimedia « L’Histoire
par l’image », destinés à rapprocher les collections des musées des
enseignants, je me suis élevé contre le projet initial. Il était en
effet purement « illustratif », c’est-à-dire que cela consistait à
choisir dans les collections des musées ce qui pouvait « illustrer » les
cours. Heureusement, des analyses d’images ont été introduites. Et
elles se sont généralisées dans les enseignements.
Il est temps
de passer logiquement au stade supérieur. Sortir d’une vision « confetti
» de cet enseignement. C’est ce qui en effet peut être reproché à des
initiatives sympathiques d’initiation comme l’émission « D’art d’art ».
On ajoute malheureusement alors de la confusion à la confusion, car il
n’existe aucun lien entre les oeuvres successives qui sont présentées.
C’est ainsi une forme de négation de l’histoire de l’art.
Au
contraire donc, il importe prioritairement aujourd’hui de lier
l’enseignement de l’Histoire à l’enseignement de l’histoire générale du
visuel. Il faut que chacune et chacun comprenne de cette manière comment
tout cela est lié dans la chronologie, dans la géographie, et dans les
usages (l’usage d’une toile peinte à une époque n’est pas son usage
actuel ni sa vision sur écran ou sur carte postale).
Il est temps
alors de cesser de tergiverser sur les termes pour des raisons qui sont
plus d’intérêt corporatiste que théorique : la gesticulation entre «
l’art », « les arts », « le visuel ». Disons-le, la notion d’art est une
notion inventée en Europe qui a essaimé sur la planète. L’appliquer à
des productions formelles et visuelles créées sur d’autres continents
dans un contexte totalement différent (ou en Europe avant la
Renaissance) passe pour un mépris post-colonial inadmissible. Seule la
notion de « visuel » est donc indiscutable scientifiquement. Elle prend
en compte évidemment les spécificités de « l’art » et des « arts » et
leurs développements planétaires au XXe siècle avec la multiplication
industrielle des images et leur circulation exponentielle.
Sur
cette base, l’enseignement de l’Histoire stratifiée, telle qu’elle a été
définie, se fera en même temps et grâce souvent à un enseignement en
histoire du visuel, à la fois outil et sujet d’étude. Voilà donc,
rapidement esquissées, des pistes pour qu’un vrai débat s’ouvre sur les
enjeux réels. Souhaitons que cet article ait un effet heuristique à cet
égard.
Laurent Gervereau Président de l’Institut des Images
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