post-mortem

 

« Mister Local-Global vivra en vous… »

 

Né en 1956, j’ai 56 ans. Il y a peu, ma mère a disparu après avoir souffert (le 24 juin 2012). Cela arrive communément. Mes rapports avec elle furent complexes. Indirectement --avec l’« héritage », que pourtant je réprouve--, la conséquence en fut de sortir de quarante ans de persécutions financières car, en France, il ne faut jamais commencer par le bas de l’échelle sociale sous peine d’y rester pendant que des crétins notoires agitent un diplôme toute leur vie pour excuser leur incapacité à inventer et animer des équipes. Et être ainsi sous-rémunéré honteusement.


L’Etat français s’est comporté en effet de façon indigne avec moi, me sous-payant comme magasinier pendant 10 ans tandis que je faisais un travail de conservateur (en me démenant matins, jours, soirs, week-ends), puis bloquant ma carrière sous prétexte que j’étais détaché dans un autre ministère… Bref, il vaut mieux oublier le système stalinien de ce pays de nantis.


Voyageant beaucoup pour découvrir et comprendre, surnommé « Mister Local-Global » (ce qui fait d’ailleurs MLG : Monsieur Laurent Gervereau) bien que détestant les images de marque, j’ai contourné, continué à innover, résisté en maintenant une ligne créative, philosophique, pédagogique et de recherche, politique. Défendant la philosophie de la relativité, le rétro-futuro et les identités imbriquées, j’ai impulsé le mouvement des socio-écolo-évolutionnistes, tout en inventant l’histoire générale du visuel, en propageant une méthode d’analyse des images, en développant le Musée d’histoire contemporaine et le musée international sur l’écologie --musées de collections et de diffusion innovants (avec de mini budgets)--, en montant des réseaux internationaux bénévolement et en conseillant des institutions et des chercheurs à travers le monde. J’ai défendu un principe totalement à rebours de mon époque : la gratuité, le don, l’acte généreux. J’ai passé mon temps à travailler gratuitement et à rassembler des réseaux d’amitiés dans tous les domaines. Je n’ai pas été gratifié en retour car, dans notre société mercantile, il ne faut rien donner et le faire payer très cher en étant désagréable pour offrir l’impression de valoir quelque chose. La bonhomie, la gentillesse, l’abondance des apports (il faut mieux avoir une idée et la répéter sans cesse comme image de marque au temps du marketing) sont de mauvaises stratégies qui vous font prendre pour un crétin. Mais je suis vraiment fier d’avoir pu bâtir un tel parcours, d’être intervenu sur tous les continents, d’avoir bénéficié de rencontres, écrit, filmé, peint, et ne ressasse aucun regret.


Alors, ai-je trop fait et dans trop de domaines pour être lisible médiatiquement ? Sûrement. C’est pourtant, à notre ère de relativité et d’ubiquité, le nouvel enjeu de toutes celles et de tous qui veulent héler la planète pour faire bouger la communauté humaine en réseaux : il va devenir nécessaire d’être des spécialistes-généralistes. Le local-global impose de s’occuper du basique, du pointu pour les chercheurs, du spécialisé pour les créateurs, mais avec un contexte planétaire en résonnance inévitable que personne ne peut plus ignorer même dans les forêts profondes. L’honnête humain du XXIe siècle intervient ainsi dans un contexte local-global comme spécialiste-généraliste. Voilà ce que j’ai voulu anticiper en alertant mes contemporains, partant de l’analyse des images (des affiches politiques au tout début) pour élargir progressivement le propos vers une réflexion philosophique générale. J’espère que ce signe fera école.


Voilà. Maintenant qu’un peu d’aisance financière me permettra probablement (sauf crise grave) de profiter de l’air ambiant et de créer à ma guise, j’arrête les sacerdoces. J’ai assez donné. Le site www.gervereau.com offre accès à beaucoup de traces. Il est temps de profiter et de recevoir un peu (de l’affection plutôt que des médailles, de la reconnaissance publique plutôt que des titres). Il est temps de recommencer à salir des toiles et à bidouiller des images. Respirer. Certes, pas à l’abri d’une fonction officielle transitoire que je servirai avec ardeur et honnêteté, croyant toujours dans la nécessité de la plus-value étatique et voulant peser sur mon époque, mais tout en étant décidé aussi à préparer un petit phalanstère de productions locales-globales (PPLG) pouvant m’agiter les méninges et celles des autres jusqu’au stade impardonnable de bavouilleur à liquider.


Et il faudra toujours résister. Dans les épreuves multiples, comme ma fille actuellement en détresse existentielle, détresse qui apparaît surtout de l’extérieur comme un terrible gâchis. Chaque être affronte son fatum et les décisions les plus graves tiennent parfois à des hasards abracadabrants.


Voilà pourquoi, après cette phase de petite mort, ce passage de fatigue, cette révolte inutile contre l’injustice, j’intitulerai certaines de mes créations « post-mortem », ayant le sentiment de me survivre à moi-même et aux épreuves diverses.


Et n’aurai --que je devienne poussière jetée aux flots au large de Molène ou tas d’os sucés au cimetière Saint-Vincent-- qu’une phrase d’ultime espoir : « je vivrai en vous… », ou en version imagée : « Mister Local-Global vivra en vous… »


Laurent Gervereau
2012

 

 

Mister Local-Global

Mister Local-Global ?


Malgré tout, les légendes doivent continuer. Il faut décider de rêver sa vie pour arracher des moments inespérés aux épreuves, aux délitements, à l’ennui ou à l’impression de fatalité. Passer par-delà l’injustice sociale, la perte des repères, la déqualification, la confusion généralisée, pour défendre les savoirs, l’exigence et s’inspirer d’un choix de valeurs transcontinentales contre les tentations destructrices. Après l’ère des nomades et l’ère des empires, voici l’ère de la relativité : désormais, il n’est aucune frontière entre le rien et le tout. Alors, agissons en promeneurs généreux.

 

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5 everydays aims to move everybody’s life :

  • 1. Education : give to everyone global and local knowledge about environment and choice of values (an “educational compass”)
  • 2. Economy : build everywhere co-operative movements and mutualism through micro- and macro-markets
  • 3. Politics : direct democracy with local and global federalism
  • 4. Environment : a Terra Government with a Moral Evolutive Pact and a Scientific Council helped by direct referendums local and global to make choices combining past and future
  • 5. Freedom : we need pluri-informations, various creations and points of vue coming from everywhere. This is a permanent struggle for diversity. Nobody is normal, nothing is perfect. Movement is our reality.

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