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26 : 04 : 20 |
La rumeur planétaire |
La rumeur
planétaire
Vous étiez au courant d’un virus qui a changé de nom entre
coronavirus et COVID-19 ? Oui probablement. Nous vivons, là maintenant en
2020, une époque singulière de centralisation, polarisation et répétition
médiatique sans précédent dans l’Histoire. Un envoutement généralisé. Jamais
durant les guerres mondiales ou les grandes crises un tel matraquage ne s’est
opéré, car l’état des communications n’était pas semblable. Voilà le premier
temps d’une propagande de masse convergente planétaire. Cet article n’est pas
consacré au virus et à ses représentations mais à un rapide décryptage (je
n’ose plus utiliser ce mot si galvaudé, alors que je l’utilisais déjà dans les
années 1990 et ai créé le site decryptimages.net…) de la congestion médiatique
inédite.
Le propos n’est ainsi pas de juger des faits –et c’est bien
le problème—car les faits ne pourrons être jugés qu’à posteriori. Cet
emballement général doit alors conduire à réfléchir à deux phénomènes
actuels : le virtuel absorbe le réel ; l’espace privé est aboli.
Le virtuel absorbe le
réel
La plupart des populations, qui vivent d’autres épidémies,
des cancers, des morts nombreux pour diverses raisons (pollutions, catastrophes
naturelles, guerres, misère…) se sont retrouvées confrontées à une polarisation
totale de l’information sur un seul sujet : le virus. Et le plus fort de
cette affaire est que ces informations venues de loin, qui n’avaient la plupart
du temps aucune matérialité dans le quotidien, aucune visibilité, aucun effet,
ont fait basculer plusieurs milliards de personnes dans l’immobilisme.
C’est-à-dire que le virtuel, le « on dit », le
« on a vu », s’est mis à contraindre la vie pratique de ces personnes
et à paralyser les économies. Tu ne raisonnes plus en fonction de ton espace de
vie, de ton directement visible, mais tu transformes totalement ton espace de
vie au nom de l’ailleurs et
l’ailleurs t’impose la « distanciation sociale » (nouvelle expression
médico-technocratique), terrible séparation des corps et dérapage fatal vers la
communication indirecte. Ce ne sont pas les morts autour de toi qui paniquent comme lors des pestes jadis, non les morts sont invisibles, ce sont des chiffres assénés et souvent des chiffres putatifs : la terreur en statistiques prospectives --en omettant d'ailleurs les morts "secondaires", ces morts réels indirects provoqués par les mesures de confinement. Très étrange moment historique qui conduit à
plusieurs réflexions.
D’abord c’est le retour apparent de l’autorité des Etats,
mais en fait on s’aperçoit que ces Etats sont interdépendants dans un jeu de
dominos tombant les uns après les autres. Il n’existe pas de gestion globale
des problèmes terrestres et cela se fait sentir. Chacun ouvre son parapluie.
D’autre part, le seul dénominateur commun à tous les humains
demeure les sciences (j’ai
lancé en 2012 à Hong Kong le mouvement « Résistance des savoirs / Knowledge
is Beautiful ») et même Donald Trump --qui pourtant incarne avec Bolsonaro l'emprise immorale et destructrice de l'argent accaparé par quelques-uns-- a éprouvé le besoin d’avoir un Jiminy
Cricket scientifique à ses côtés. Or les sciences sont fondées sur l’aspect
expérimental, ne sont pas exemptes de querelles de spécialistes pour des
intérêts divergents, et possèdent une temporalité qui n’est pas celle de la
réponse immédiate des médias en continu. Sciences et médias, sciences et
politique fonctionnent difficilement, d’autant que la dramatisation sert à
défendre des intérêts sectoriels.
On s’aperçoit alors que les Etats sont fragiles en fait et
dépendants. Ils sont soumis à une structuration médiatique qui est très
concentrée sur peu de nouvelles avec un impératif marketing de faire de
l’audience, donc pas forcément d’informer mais de vendre des informations. Et,
face à la convergence et à la répétition médiatique sans précédent sur le virus
–alors que l’obsolescence est généralement de mise, passant d’un émoi à un
autre--, les dirigeants ont cédé.
Cela montre bien les dysfonctionnements à l’œuvre dans la gouvernance.
Pas assez de pouvoir local et pas assez de gouvernance globale. Nous n’avons
rien adapté au monde stratifié qui est le nôtre, où le retour nécessaire au
local devrait s’accompagner de décisions prises à chaque strate compétente
(régionale, nationale, continentale et terrestre). Et c’est vrai également pour
les médias où tout est hyper-concentré sans médias-relais intermédiaires pour
trier et valoriser parmi les milliards d’expressions individuelles ou de petits
groupes, ce qui d’ailleurs aiderait les médias mainstream (ces médias
minoritaires qui pèsent totalement) à diversifier leurs infos et leurs
approches. A exclure les critiques exogènes dans une défense corporatiste, ils
nourrissent des réflexes de défiance absolue, de déconnexion ou des tendances
paranoïdes complotistes.
Ainsi, avec cette dévoration du réel par le virtuel, l’autre
écueil grave réside dans la perte de la mesure, du rationnel. On fait parler en
boucle une partie des scientifiques, spécialistes ou pas de virus (c’est le
triomphe de la blouse blanche), mais notre réel quotidien est fait de beaucoup
d’autres aspects très importants. Outre le fait qu’il existe bien d’autres
façons de mourir de façon massive (cancers, accidents de la route…), la
survisibilité exclusive impose l’invisibilité encore plus grande de phénomènes
cruciaux de nos rapports à l’environnement qui tuent bien davantage que ce
nouveau virus : les pollutions de l’air, de l’eau, de la terre, les
dérèglements climatiques, la malbouffe… Les grands criminels restent impunis
quand un jeune délinquant devient cause de tous les maux de la planète.
Voilà l’irréalité que nous vivons au temps de la dévoration
de notre vie quotidienne par un virtuel polarisé. Le virus c’est la
polarisation.
Abolition de l’espace
privé
Ces temps très singuliers accélèrent un autre phénomène
grave : la disparition de la vie privée. Dans les années 1970, nous
assistions à une captation de la vie privée par les idéologies politiques. Tout
le monde devait avoir un idéal et la vie privée se fondait dans cet idéal.
C’était l’héritage des grandes utopies de l’entre-deux-guerres, relayées par
l’affrontement de la guerre froide.
Aujourd’hui, partout dans les médias, on parle du
« corps » et on se livre à la confession. Chacune et chacun se
raconte entre nombrilisme exacerbé, psychanalyse publique et recherche de l’empathie
dans une surenchère doloriste (plus tu souffres, plus tu vaux). Le confinement
a fait totalement basculer. On est au-delà du selfie (moi et…, mais moi
partout), welcome at home ! Pour
les célébrités comme pour les anonymes, bienvenue dans les cuisines, regardez
mon plumard, comme c’est drôle quand je joue dans le couloir avec mes gosses et
du papier-chiottes…
Le confinement a ouvert une énorme barrière, celle de la
porte d’entrée des logements. Cela se rajoute à la tendance longue de l’autoreprésentation.
Tu existes parce que tu te montres dans les réseaux sociaux. Guy Debord parlait
de la société du spectacle, je dis depuis longtemps que nous sommes entrés dans
les sociétés des spectateurs-acteurs, pour le meilleur et pour le pire. Le
meilleur parce que la connexion abrase les concentrations géographiques
nécessaires et abolit la rupture ville-campagne, parce que les échanges
horizontaux deviennent essentiels à la circulation des informations et aux
échanges.
Pour le pire, car qui ne se montre pas, n’existe pas. Dans
l’obsolescence généralisée et la perte des repères avec une crise éducative
grave, la visibilité incarnée est essentielle. Nous jouons notre rôle. Nous devenons même la caricature de notre
identité supposée et la complexité n’a pas de place. Nous sommes prisonnières
et prisonniers à tout âge de notre réputation, des rumeurs, parfois
malveillantes et criminelles. Et le ricanement s’impose comme le nouveau volapük
obligé, traduction du désarroi d’êtres sans repères, candidats à l’addiction
aux divers maîtres à penser, à l’exploitation de la souffrance morale, sortant pendant l’épisode COVID-19 ce slogan paradoxal « Plus de masques ! ». Nous
vivons dangereusement dans ce monde de l’apparence.
Le COVID y a ajouté une dimension indélébile. Il a ouvert
définitivement toutes les portes de l’intime. Mais il est aussi le démarrage de
ce que j’ai appelé le «grand hôpital planétaire ». La médicalisation de
tout, l’hygiénisation au nom d’une durabilité illusoire. Nous n’avons plus le
droit de mourir. Nous n’avons plus le droit de nous détruire. Panique chez les
artistes… Van Gogh et Manchette au sanatorium ! La mise en fiche
électronique a commencé et beaucoup demandent à pister les personnes à risque.
Nous devenons des stigmatisés de la statistique. Cela pourrait faire sourire,
c’est terrible.
C’est terrible parce que c’est une longue mise en place des sociétés du contrôle. Au nom de notre
« bien », on nous auto-enferme. Au nom de notre durabilité, on nous
interdit des comportements et on nous emprisonne dans des camisoles chimiques. Au
nom du « bien », nous sommes administrativement pistés partout,
remplis de publicités ciblées, réduits à nos clics. Sidérés, robotisés, uniformisés, apathiques ou révoltés pour
réclamer plus de servitude. Au nom du « bien » et du « progrès », le cancer
administratif s’auto-reproduit et contamine les populations --épaulé par la
judiciarisation galopante-- en multipliant les procédures qui visent à
justifier de tout plutôt qu’à faire.
De façon annexe, cela pose aussi définitivement la
question de vivre longtemps
pour vivre longtemps, qui n’a aucun sens, comme l’argent n’a aucun sens (ce qui
compte est ce qu’on en fait –banalité de base). Une vie intense, voilà un but
probablement plus stratégique. Une vie de partages, de découvertes. La
philosophie personnelle doit donc revenir pour sortir des réflexes dociles sans
fondement grâce à une acquisition de connaissances permettant des choix à tout
âge. Non, la défense du libre-arbitre n'est pas un modèle si répandu en fait dans les communautés des humains.
L’épisode actuel disparaitra (pour d’autres) –mais pas
l’hygiénisation et les sociétés du contrôle. Et il restera des séquelles autres
qu’économiques (avec
de terribles dangers d’inégalités renforcées par des crimes écologiques et
culturels). Elles peuvent nous orienter vers l’uniformisation autoritaire
au nom du « bien » et/ou au contraire un éclatement généralisé en
autant de communautarismes autarciques concurrents. Elles doivent ainsi nous
inciter à penser la démocratisation et la diversification des médias, la stratification
des décisions du local au global en refondant partout notre rapport à
l’environnement dans une révolution éducative nécessaire avec une claire
conscience de nos intérêts communs « terristes », de cette aventure
collective sur une planète unique.
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19 : 04 : 20 |
Auto-photo |
MESSAGE PERSONNEL, MESSAGE UNIVERSEL
Je me montre rarement sur
ces réseaux où chacune et chacun ne cesse de se raconter, comme si cela
intéressait la planète entière. Dégorgement vomitif du nombrilisme
compulsif.
Et pourtant, dans ces temps de confinement, de
précautions, d'assurances tous risques, je montre ma trombine pour
rappeler un droit essentiel : celui de choisir de mourir.
Ce choix je ne l'ai pas fait (rassurez-vous, ou pas). Mais le rappeler
permet de restituer une réalité qui oriente sa vie et lui donne un prix.
Morts potentiels, nous sommes des vivants plus intenses, qui exercent
leurs libertés, choisissent, parlent à celles et ceux qui nous
importent.
Ne nous laissons pas chloroformer et bâillonner au nom d'une durabilité qui n'a pas de sens.
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16 : 04 : 20 |
Virus in Mind by Mister Local-Global |
BLABLAVIRUS
La chanson un peu folle pour traverser le temps qui peut changer à chaque instant
Vous me racontez
Une longue histoire
Vous me répétez
Des morceaux en forme de poire
Je ne vois rien
Sauf vos tronches masquées
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Où es-tu ?
Tu t’éclates
Dans ton squat
A crier
Des débilités
T’as peur aussi
Coronaminus
Coronaparci
Coronaparlà
Coronatueur
Coronarumeur
T’es à l’air avec tes poules
Tu butines les salades
Te fous des foules
Soutiens les malades
Vois les viocs
Qui pendeloquent
et les aime
même au carême
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Yaourt à cervelle anesthésiée
Votre histoire est bien blanche
Comme un médicament
Elle est bien paralysante
Comme un testament
Coronavie
Narocorusvé
Cocoronié
Coronamytho
Couroucoucou
La musique c’est fait pour se balader
Pour rêver et s’impliquer, rigoler
La musique, c’est fait pour oublier
Ca déchire dans ma tête,
J’ai l’haleine blette
Tu es paralysé, tétanisé, chosifié
Par l’invisible
Coronaminus
Coronavarius
Covidstar
Covidstar
Blablavirus
Enchaîné
Je suis déchainé
Echappé
Vous échapper
Repenser
Gambader
Luciole…
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10 : 04 : 20 |
A et O, La communication virale |
LE TRIOMPHE DU VIRTUEL
J'ai rencontré à quelques mètres des personnes d'apparence réelle hier. Ca m'a fait bizarre...
De fait --que ce soit vu comme positif ou négatif-- nous sommes entrés
dans la plus grande opération de propagande planétaire de l'Histoire,
avec une focalisation totale de tous les médias. Elle s'applique à des
personnes qui sont séquestrées volontaires, séparées, isolées et plus
que jamais dépendantes de la vision indirecte puisque leur vision
directe se limite à quelques mètres.
L'anonymisation, la massification, la politique des quotas est
appliquée à une population masquée et bientôt pistée. Tout devient
virtuel, même l'argent quand les entreprises privées sont brutalement
plongées dans un endettement qu'elles subissent et dont elles ne sont en
rien responsables, quand les individus vivent des chômages techniques
forcés et quand les Etats dépensent un argent qui apparaît soudain.Viralisation généralisée.
Le virtuel triomphe partout au détriment d'un réel confiné. Nous sommes
entrés dans ce dont je parlais depuis longtemps : les sociétés du
contrôle dans un grand hôpital planétaire. Chacune et chacun va pouvoir
être surveillé en direct. L'apathie générale me frappe de quotidiens
hébétés.
Une population-Zorro dans un grand plan blanc est en train de protester pour se baillonner au sens propre. Plus de masques, plus de masques crie la droite comme la gauche ! Et les délations vont bon train...
Je suis censé cocher toutes les cases des personnes dites à risques, donc je ne fais pas n'importe quoi. Mais de là à déguiser tout le monde dans un grand carnaval sanitaire sous le prétexte de préconisations fluctuantes, puisque certains disent que le problème vient d'un déficit de personnes contaminées pour pouvoir sortir du confinement...
Moi, plus on m'enchaîne, plus cela me déchaîne... J'ai
lancé beaucoup de projets qui sont un échappatoire du ciboulot, une
rupture face au chloroforme généralisé, aux existences réduites dans le
plus petit néant commun. A la servitude volontaire chère à La Boétie, on ajoute la séquestration naturelle. Chacune ou chacun devient le geôlier de soi-même.
SOCIETE DU VIRTUEL, SOCIETE
ANESTHESIEE. Plus que jamais, la Résistance culturelle est nécessaire,
le retour de l'imagination et surtout la reprise en mains de notre
vision directe. Imposons la reconquête du réel ! Ne nous faisons pas voler le futur dans une grande entourloupe de la peur ! Lançons un tri rétro-futuro pour savoir ce qu'on veut conserver et là où il faut évoluer ! Pensons enfin du local au global avec des strates de décisions ad hoc ! A la paralysie volontaire par hantise pandémique doit succéder la mobilisation environnementale et une conscience terriste pour l'ici et l'ailleurs !
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06 : 04 : 20 |
"Mon coronavirus" by Mister Local-Global |
Grand hôpital planétaire
ou
mutation environnementale
Cette intoxication planétaire subite que nous vivons n’est
rien moins qu’irréelle, imprévue et surprenante. Elle induit directement un
rapport différent à ce que nous nommons le « réel » et à nos
priorités quotidiennes. Aura-t-elle des conséquences profondes pour le devenir
de nos sociétés ou sera-ce juste une parenthèse étrange ?
Beaucoup de signes nous incitent à craindre que la seconde
solution ne soit ce qui adviendra : la reprise des mauvaises habitudes.
Déjà, les chamailleries pour chercher des responsabilités à posteriori sont
délétères et participent de la décridibilisation de politiques qui restent dans
des logiques partisanes hors de propos et de médias obligés à la surenchère
incessante du scandale pour réveiller l’intérêt d’une info en continu
particulièrement répétitive (ce sont les avatars du « news market »).
Pourtant, nous vivons deux phénomènes prometteurs qui
devraient trouver des développements : l’émergence de médias
intermédiaires et l’abolition de la séparation ville-campagne.
L’émergence de médias
intermédiaires
La structuration de l’information est –on le
sait—particulièrement déséquilibrée. Il existe des médias de masse qui font
circuler quelques nouvelles en boucle et, de l’autre côté, des milliards
d’expressions individuelles sans relai. Ce déséquilibre est patent et nocif.
Aujourd’hui d’ailleurs il trouve son expression dans le retour des Etats et la
monopolisation de l’information au sujet d’un virus éphémère d’un seul coup
starisé.
L’information, les informations, ce sont des milliards de
micro-événements. Bien sûr ces micro-événements ne peuvent être connus à
égalité d’intérêt. Cependant, ce que nous vivons au niveau des décisions
planétaires, existe aussi au niveau de la structuration de l’information. Il
faudrait le développement massif de médias intermédiaires, qui sélectionnent ce
qui vient de la base et sont ainsi force de proposition et facteur de
diversification pour les médias de masse.
Je plaide depuis longtemps pour le développement d’une
Histoire stratifiée, qui va du local au global. Pour l’information, il en est
de même. Et, à cet égard, l’effet positif du confinement est que, des individus
aux institutions, tout le monde a pris conscience de l’importance de notre
ubiquité. Oui, nous ne sommes plus dans la seule société du spectacle comme le
postulait Guy Debord au temps de la télévision triomphante, mais, au temps
d’Internet et des réseaux sociaux, nous sommes devenus des
spectateurs/trices-acteurs/trices. Cela veut dire que nous vivons l’ubiquité
totale : nous vivons ici, avec les réalités du directement visible, mais avec
tout le poids d’un ailleurs que nous ne voyons pas et qui pèse sur nos actes et
nos pensées.
Sinon, comment expliquer le coup de chloroforme général de ce
virus invisible. De surcroît, nous émettons, nous vivons en apparaissant dans
la vision directe mais en apparaissant dans la vision indirecte aussi, parfois
massivement, pour le meilleur et pour le pire. Nous sommes le représentant de
commerce de nous-mêmes dans un temps où le multi-visible et le talent oral
importe plus que le contenu --d’où d’ailleurs les « punchlines » préparées et la technique des
colères incessantes.
Cela n’est pas que dangereux ou négatif, car l’époque
singulière où nous vivons a incité les particuliers comme des communautés ou
des institutions à prendre conscience de ce rôle d’émetteur. Beaucoup alors ont
soit construit de petites chroniques suivies ou découvert des programmes à
distance qu’ils pouvaient valoriser et développer. Il reste cependant à faire
éclore des portails à toutes les strates, à passer d’une information de l’exclusivité
à une information du partage et du signalement. Cela valorisera des expressions
individuelles singulières ; cela aidera la diversification des médias de
masse.
L’abolition de la
séparation ville-campagne
Ce qui me frappe, moi qui ai vécu à Montmartre et suis
maintenant dans le plus grand couloir forestier de France en sud-Corrèze, est
l’abolition de cette rupture ville-campagne provoquée par les mesures liées à
ce virus. Quand tout s’arrête, les modes de vie sont les mêmes et les
aspirations semblables. S’est opéré alors un exode urbain massif car beaucoup
ont vite compris que le confinement dans des espaces confinés était un problème.
L’arrêt des transports a rendu une ville de couvre-feu avec ses silences et ses
oiseaux et un Airparif notant au bout de 15 jours «une
baisse des émissions de plus de 60% pour les oxydes d’azote ».
Une ville un peu à la campagne. Une ville en tout cas qui
prend conscience de son empoisonnement journalier dans des espaces de vie de
plus en plus étroits. Du point de vue climatique également, la suppression du
végétal a montré ses effets néfastes. Toutes les conditions sont ainsi réunies
pour une vraie pensée de la ville avec la nature, des villes végétales
respirant grâce à ce qui devrait s’amorcer : l’agrandissement des espaces
par l’exode urbain. Des villes de micro-quartiers qu’on s’approprie, car une
ville n’est pas un bloc, mais un agrégat de quartiers différents et de
circulations.
Pour les campagnes, il semble bien que nous ayons atteint un
pic négatif, celui de l’exode avec ces villages sans commerces et sans services
publics, ces terres sans repreneur, ces perspectives de travail très
restreintes pour les jeunes. Les urbains réfugiés momentanément dans des « déserts
ruraux » constatent que souvent il existe une vivacité du tissu social,
des réseaux associatifs très importants, des initiatives avec des jeunes qui
expérimentent dans différents domaines (agriculture comme artisanat ou
entreprises de niches). L’accès à Internet en plein développement avec la fibre
change complètement le rapport au territoire.
Nous entrons ainsi dans une ère locale-globale où un
interlocuteur australien se moque que son correspondant soit à Paris, Lyon ou
dans la Creuse. Le réveil des campagnes s’est amorcé et c’est un mouvement
profond qu’il faut accompagner --notamment en maillant le territoire avec des
pôles d’excellence dans la ruralité (cessant cette concentration parisienne
obsolète et autodestructrice).
Ce réveil des campagnes permet de valoriser les territoires
avec leur diversité, mêlant traditions choisies et innovations. Ce n’est pas un
localo-localisme, la tête tournée jusqu’au torticolis vers le passé en
s’imaginant obtenir le bonheur par l’exclusion des autres, mais de la fierté
locale pour les habitantes et habitants de longue date comme pour les nouveaux
arrivant-e-s, combinant des caractéristiques propres à la culture du lieu et
des idées novatrices pour toutes et tous tenant compte des évolutions,
notamment climatiques. Un vrai local-globalisme dans les micro-quartiers des
villes, comme dans les villages.
Ce temps arrêté que nous vivons doit ainsi être un temps de
remise à plat et de réflexion sur nos modes de vie. Rien ne serait pire que
d’en sortir pour ne rien apprendre en nous construisant un grand hôpital
planétaire de contrôle des individus, en injectant de l’argent massif dans la
perpétuation de consommations obsolètes et polluantes ou servant à la
financiarisation, en détruisant le tissu associatif précieux et la culture vue
comme variable d’ajustement peu utile.
Passer du virus à la mobilisation environnementale générale
semble un but raisonnable. Ce que les Etats viennent de faire dans la
coercition des populations pour une maladie peut laisser à penser que nos
enjeux directs, visibles, faisant tous les jours des morts, détruisant des
cultures (on détruit la biodiversité et, ce faisant, on détruit aussi la
culturodiversité), modifiant notre climat, mérite d’être considéré comme
prioritaire.
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23 : 03 : 20 |
RESISTANCE CULTURELLE ET MOBILISATION ENVIRONNEMENTALE |
Nous vivons une situation inédite : la paralysie et le confinement de millions de personnes à travers la planète.
Jamais la peur d'un virus n'a eu autant de conséquences. C'est
probablement un des effets de la guerre mondiale médiatique où les morts
pèsent davantage dans l'imaginaire qu'autrefois, car ils peuvent être
individualisés et leurs histoires circulent.
L'effet est la reprise en mains des économies par les Etats. La liberté
donnée aux entreprises mondialisées trouve là ses limites et un
mouvement de relocalisation s'opèrera. Mais ce qui peut inquiéter est la
sortie de crise. En dehors de disparitions de secteurs entiers (et
évidemment les secteurs culturels trinqueront), on risque de tomber vite
dans des palinodies politiciennes qui nous masquent les vrais enjeux.
A force de chercher des "responsables" à tout ce qui advient et que
personne n'avait prévu, on obtient un effet double : plus personne ne
veut prendre le moindre risque et la paralysie et l'inefficacité gagnent
; la pensée de ce qui importe pour le futur est une fois de plus
totalement évacuée.
Alors, cette période nécessite une vraie
RESISTANCE CULTURELLE tout de suite. C'est ce que nous avons fait (comme
d'autres bien sûr) symboliquement avec les expositions gratuites
téléchargeables en ligne sur simple demande (nuage-vert.com/contact)
et puis ces petites vidéos pour nous inciter à décaler le regard,
disponibles sur le site ("ça bouge / vidéos") et avec la chaîne Nuage
Vert sur YouTube. Le journal La Montagne a relayé (https://www.lamontagne.fr/…/correze-decouvrir-des-expos-e…/…).
Mais il faut aussi comprendre un raisonnement simple : si ce virus
invisible est parvenu à provoquer la claustration de millions de
personnes et l'arrêt des économies, n'est-il pas temps qu'une autre
urgence planétaire, première, permanente et en courbe toujours
ascendante, suscite des mesures radicales d'éradication : la crise
environnementale ? Elle est visible directement car les pollutions, de
la terre, de l'eau et de l'air comme les dérèglements climatiques et les
empoisonnements de la malbouffe industrielle sont patents.
Combattre le virus, oui, mais pas pour tout recommencer comme avant et
se perdre en chamailleries idiotes. Combattre le virus et lancer la
MOBILISATION ENVIRONNEMENTALE. Changer nos règles dans une lutte
frontale avec les périls en cours. La destruction environnementale
--c'est-à-dire nos conditions de vie sur cette planète-- est une
pandémie sans limites qui tue depuis des dizaines d'années.
(ci-joint un dessin récupéré grâce à Philippe Dubé au Québec, merci !)
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19 : 03 : 20 |
Anesthésie générale et Résistance Culturelle |
Une intoxication planétaire est en cours. Cette vague virale foudroyante nait d'un doute généralisé. La claustration s'étend.
Et beaucoup de petites musiques se répandent. Les plus positives sont la mise de contenus et d'échanges en ligne développant de facto des médias intermédiaires dont nous avons besoin. Dans un nouveau système où le virtuel a pris le pas sur le réel, le réel dépend du virtuel et des solidarités du virtuel. De surcroît, tout le monde paraît fragile au même titre.
La mise en valeur concurrente des scientifiques est aussi une manière d'affirmer ce que je dis depuis longtemps : au-delà de la liberté de pensées et de croyances individuelles, les sciences critiques et expérimentales sont le seul dénominateur commun. Au temps des fake news ou des deep news (des faits intangibles affirmés en dehors de toute vérification et même en dépit de toutes les preuves contraires, c'est-à-dire dans un au-delà de la raison), la nécessité d'un référent commun est très pédagogique et indispensable.
Mais un tel arrêt prépare des lendemains difficiles et sûrement contrastés, avec les survivantes et survivants économiques, les gagnantes et gagnants d'un côté, et les désespérés ou les oubliés de l'autre. Parallèlement, se dessine une tendance localo-localiste d'égoïsmes concurrents sources de conflits.
Le retour au local, j'y appelle depuis des années, les circuits courts, les fonctionnements au plus près de la vision directe. Mais un retour au local dans des solidarités globales indispensables, que nécessitent nos urgences environnementales planétaires. Un local-globalisme, un terrisme (une défense collective de notre lieu de vie, de ce globe si singulier et si fascinant) ici et ailleurs.
Voilà ce qui doit nous guider. Et, tandis que les urgences sont là pour sauver d'abord des vies mais également des personnes et des entreprises en faillite, il importe de garder à l'esprit que résistance culturelle et résistance des savoirs sont aussi essentiels. Je pense à tout ce tissu associatif --souvent bénévole avec de petites subventions-- qui oeuvre considérablement au lien social.
Alors, la résistance culturelle s'organise avec des contenus en ligne. Et il faut poursuivre. A Nuage Vert, nous avons commencé une micro-action symbolique en plaçant tous les jours des petites chroniques courtes pour interpeler et notamment valoriser à distance les expos (à Nuage Vert et à la médiathèque Xaintrie Val'Dordogne) "Boris Vian, de la 'Pataphysique à la science-fiction". La SF, on y est en direct. Faisons vivre alors un tout petit peu ces expos fantôme de pièces rares (rubrique "ça bouge / vidéos"). C'est minuscule, c'est poisson-pilote comme tout ce que le musée mobile a réalisé (lancer des initiatives et des idées, souvent sans moyens, mais avec de l'imagination, pour que d'autres s'en emparent et développent). Des magazines, des petites fictions à l'arrache, des MOOC, des cours en ligne, des modules de découverte environnementale ou d'analyse des images, il y a tant à inventer...
Décidément, cet exceptionnel Boris Vian, à l'humour et à la poésie décapantes dans tous les domaines, mort brutalement à 39 ans, trinque encore (il a ramé...), non pas aux cocktails sur des solos de jazz ou de rock, mais à la cigüe médiatique obligatoire (le centenaire annoncé, tout est annulé)... Pauvre Boris ! On ne va pas le lâcher et on continuera à faire des événements quand cela ira mieux (tous nos intervenantes et intervenants veulent absolument venir).
Et puis, méfions-nous, organisons la Résistance Culturelle (ReCult), car dans notre système du news market, nous vivons des polarisations exclusives et successives. C'est dangereux. Là aussi, la diversité est essentielle : on peut se mobiliser et apprendre ou se divertir. Les savoirs et les cultures au sens large d'expressions culturelles (qui vont aussi vers la gastronomie ou le sport) doivent innerver le corps social comme des valeurs collectives. Puisse cette mobilisation générale apporter une réévaluation de ce qui nous est indispensable à vivre, bien au-delà de l'argent et surtout de son accumulation irraisonnée.
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15 : 03 : 20 |
RESISTANCE CULTURELLE |
RESISTANCE CULTURELLE, RESISTANCE DES SAVOIRS
Des informations nous parviennent et des directives pour fermer tous les "lieux non indispensables". Le sous-entendu est que les lieux de culture et d'éducation ne sont pas indispensables. La formulation est maladroite mais significative.
Je l'écris depuis des années, nous avançons vers des sociétés de la norme dans un grand hôpital planétaire. Au nom du "Bien", chacune et chacun est pisté et régulé et mis sous anesthésie. C'est très dangereux et liberticide.
Loin de moi l'idée de juger de la matérialité de la pandémie actuelle et d'ailleurs je respecterai les consignes individuellement et pour la vie collective. Mais il faut aussi réagir dans ce cadre et appeler à une Résistance culturelle et une Résistance des savoirs.
Si nous ne pouvons plus accueillir de personnes et faire des événements, utilisons les moyens vidéos à notre disposition, multiplions les propositions en ligne. Certes, ce triomphe du virtuel sur le réel nécessitera de toujours rappeler le côté tangible et irremplaçable de la situation vécue réellement et du caractère unique des objets (dont les livres). Mais c'est le moyen de continuer à diffuser cultures et savoirs, à ne pas se laisser confiner dans le menu hôpital avec quelques pas journaliers sous camisole chimique et visuelle.
Profitons-en pour multiplier les propositions et l'imagination ! Créons ces médias intermédiaires qui manquent tant ! Oui faisons de la Résistance culturelle et de la Résistance des savoirs !
(dessin de Gg, Larmes végétales, coll. Nuage Vert - musée mobile Vallée de la Dordogne)
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25 : 02 : 20 |
TERRISTES ET ATERRISTES |
TERRISTES ET ATERRISTES
Je suis surpris de la confusion
mentale à l'oeuvre aujourd'hui partout. Pourtant les enjeux me semblent
clairs et décisifs pour longtemps. Alors répétons inlassablement...
Notre échelle est locale-globale partout. Nous devons revenir à la
vision directe, au souci de la proximité, mais dans des solidarités
planétaires car pollutions, dérèglements climatiques, épidémies,
mouvements de populations ignorent les frontières.
Notre réflexion individuelle dans ce cadre ne peut être que
singulière-plurielle. Singulière dans des convictions issues de notre
histoire propre et de choix que l'on peut souhaiter éclairés, plurielle
car nous échappons difficilement à une existence en réseau dans des
sociabilités ici et ailleurs ayant des conséquences directes sur notre
devenir.
Sur ce plan individuel-collectif, deux points
apparaissent discriminants : la question de la défense de la diversité
biologique pour une planète évolutive où les humains devraient vivre en
harmonie avec leur environnement (un équilibre toujours à repenser) ;
celle de la tolérance et de l'intolérance, c'est-à-dire la différence
entre des volontés d'uniformisation des fonctionnements et des
conceptions du monde d'une part, et la défense de la diversité dans des
choix rétro-futuro (traditions choisies et innovations) en acceptant
comme base commune la démarche critique et expérimentale des sciences.
Les terristes défendant l'environnement, la diversité de modes de vie
et de pensée, le dialogue dans l'acceptation de connaissances toujours
en évolution. Les aterristes, dont les actions peuvent prendre de
multiples formes, puisque l'utilisation à court terme des ressources
environnementales pour le profit financier, les guerres nationalistes
(qui sont des guerres civiles terrestres) ou communautaristes, les
sociétés du contrôle au nom de la sécurité et de la rationalité
sanitaire, les pouvoirs autoritaires sur un dogme arrêté --religieux ou
non-- ignorant des faits et des savoirs, alternent et se conjuguent.
Oui, nous ne nous classons probablement pas ainsi pour le moment, mais
nous verrons dans les temps à venir que les humains pensent et agissent
en réalité suivant pareil clivage ici et partout : terristes ou
aterristes.
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24 : 02 : 20 |
FAIRE IMAGE ? |
A la seconde où je vous écris, j'aimerais réaliser une exposition plastique sur le thème : "Faire image ?". Il faut pour cela des moyens et de la place, de manière à ce que l'exposition dans les murs et hors les murs ait un impact et puisse utiliser une sélection de mes productions visuelles.
Dans un temps où chacune et chacun sont devenus des spectateurs-acteurs, l'interrogation parallèle du monde des images et de la manière dont on fait image individuellement, me semble essentielle. J'aimerais avoir les moyens de réaliser visuellement cette interrogation, qu'il faut bien appeler locale-globale.
Cela pourrait itinérer en adaptant l'ensemble en fonction des lieux.
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