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de l'anti-tourisme en Mongolie
Voilà un exercice de prise d’images fixes. Il a été réalisé entre août et septembre 2009 en Mongolie. Vous avez ici une suite sélectionnée de vues. Elles peuvent, en contactant l’auteur, servir à éditer un livre, à des projections, à des expositions, des spectacles...
Quel en fut le principe ? Je n’aime pas photographier. Je préfère regarder. Alors, quand me prend l’idée saugrenue de conserver un ensemble de cadrages, comme je le fis jadis dans le parc de Bercy à l’abandon ou plus récemment en Guyane, un principe ludique me guide.
La chose s’impose surtout en voyage. Cette distanciation par rapport aux lieux et aux personnes me semble en effet indispensable pour échapper à ce que je hais le plus : le pittoresque, c’est-à-dire la servilité d’un preneur d’images par rapport aux séductions excessives du sujet.
Ainsi, pour la Mongolie, évidemment ce n’est pas la beauté des steppes et des chevaux sauvages avec les visages burinés des nomades qui me concernaient. J’avais, au contraire, choisi de dénicher toutes les intrusions de la « modernité » dans les pratiques d’une société encore très traditionnelle, sans pouvoir toujours éviter l’anecdote, le « typique ».
La série débute à Ulaanbaatar, ce qui est facile car la cité représente un parangon de décomposition. Je n’ai néanmoins pas voulu l’éliminer, dans la mesure où elle se révèle exemplaire de la confusion des signes. Cela se poursuit au fil d’un long périple dans des bourgades vraiment très reculées, souvent sans eau et électricité, et bien sûr en pleine steppe ou taïga. Le constat alors est indiscutable : partout, la diffusion des produits de masse et leurs images sévissent. Voilà donc un traité visuel de globalisation.
A vous de vous amuser à retrouver dans chacune des vues, ce qui perturbe, l’image dans l’image ou les images dans les images.
Pour finir, disons que les effets de suite, comme les formats dans une salle ou un livre, sont aussi importants que l’instant de la saisie. Trois règles m’orientèrent donc : un principe, une quête, qui fait sortir l’appareil ou pas ; la pertinence du bout de réel découpé et figé ; les conditions d’usage des images, modifiant le choix et le sens.
Laurent Gervereau