02 : 12 : 13

[decryptcult] #4 : montrer sa trombine ?

Aragon masqué à la télévision analysé par Daniel Bougnoux, le secret en littérature avec les lettres de Perec, les zones d'ombres d'Internet avec F.B. Huyghe, les "invisibles" de banlieue par la photographe Nadine Barbançon, le clip ou la cinéphilie... et tant d'autres sujets passionnants dans [decryptcult] #4. Le magazine culturel mensuel indépendant a trouvé son succès et son rythme : de l'exigence, des gens compétents (Cité de la Musique, les "paysages de banlieue" vus par l'écomusée du Val de Bièvres, la "scénographie de la rupture" au MEN de Neuchâtel...), des créateurs variés (BD et les éditions Polystyrène ou Roberto Platé avec Marie Binet ou l'Indus Experimental Noise à Saint-Nazaire), des expériences innovantes de terrain racontées par Gilles Luneau (la CoopCultu sur globalmagazine.info)...

C'est très désagréable de montrer sa trombine mais le plaisir du talent des autres forme une sacrée compensation, une belle bouffée d'espoir et d'énergie, dont nous avons tous besoin !

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24 : 11 : 13

ET SI ON REGARDAIT LE FUTUR ? La schizophrénie écologique

(dessin de Cabu)

Ce texte exprime à la fois une exaspération devant le "Hollande bashing" et la volonté d'aider à secouer les consciences pour remettre le pays en marche, ce qui est l'intérêt de tous, droite comme gauche. Il porte des propositions à partir des principes de justice, de durabilité et de diversité (biodiversité et culturodiversité). Parallèlement, s'est ouverte une page facebook "France-Monde" pour affirmer la volonté d'un antiracisme décomplexé dans une France ouverte, toutes générations confondues, de façon à continuer l'innovation, la prospective, à porter encore des messages universalistes, contre les tenants minoritaires d'une France rabougrie et peureuse. Soutenez, bougez !


Dès 2005, alors que Jacques Chirac tentait de parler aux « jeunes » en se montrant tout à fait déconnecté de leurs préoccupations, j’identifiais une « fracture générationnelle » et publiais chez Sens & Tonka Bas les pattes sur l’avenir !. Cette fracture a depuis été confirmée dans les chiffres et dans les faits, entre une partie des retraités ayant l’argent et les leviers de pouvoir et une jeunesse dans la précarité, sauf à être cooptée par des parents favorisés. En 2011, je publiais gratuitement sur un site lancé par des étudiants (www.fauteuiltronik.com ) Halte aux voleurs d’avenir ! (désormais en lecture gratuite dans la rubrique « idées… » de ce site) avec un dessin-préface de Willem et une post-face d’André Stas. Constatant l’existence désormais d’un troisième âge et d’un quatrième âge dû à la longévité faisant qu’une bonne partie des « jeunes retraités » restent socialement actifs et ont des solidarités intergénérationnelles notamment avec leurs petits-enfants, j’ai développé le concept de « conjugaison des générations ».

Alors, qu’est-ce qui ne va pas pour ces générations conjuguées ? La panne idéologique. Après le trop-plein d’idéologies fermées, l’absence de cap. C’est grave et tout le monde le dit. Comment redonner espoir et buts concrets pour des gens qui n’attendent que cela ? Le petit livre Tu es plurofuturo ? est une réponse à cette question en dessinant les nouvelles fractures planétaires. Ainsi, remettre en marche la boite à idées dans une vision qui ne soit pas passéiste et réactionnaire ou xénophobe (les « monoretros ») nécessite en fait de se replonger dans les racines de la pensée libertaire et utopiste du XIXe siècle, en y ajoutant les expérimentations et les innovations liées à l’impératif écologique matériellement et culturellement (le « rétrofuturo »). Tout cela à l’aune d’un big bang mental qu’est la philosophie de la relativité (Pour une philosophie de la relativité, voir la rubrique « livres » de ce site), leçon de tolérance du vivre-ensemble planétaire et défense de la diversité contre l’uniformisation commerciale et la normativité de sociétés de la surveillance généralisée.

Alors, allons-nous enfin regarder le futur en France ? Donner des buts, des perspectives à nos générations conjuguées ? Les socialistes vont-ils enfin devenir socioécologistes avec un vrai Bad Godesberg dans ce domaine plutôt que d’avoir l’air de traîner des pieds et de céder à des lobbies d’arrière-garde ? Nos écologistes rassemblés dans une fédération vont-ils jouer leur rôle de laboratoire du futur ouvert, de force de propositions même contradictoires, plutôt que d’adopter les pires attitudes sectaires et partisanes ? En France, le rôle du Président de la République reste crucial, même affaibli par le quinquennat. François Hollande a la chance historique de prendre de la hauteur en donnant des perspectives. Voyons donc comment et pourquoi nous pouvons sortir de notre schizophrénie écologique.

La schizophrénie écologique française

Vu de l’étranger, le rapport qu’entretient la France avec la notion d’écologie stupéfie. La population est prête à hurler à la première crise sanitaire ou sur les scandales de la malbouffe. Le jour où se produira un léger accident nucléaire ou la preuve des effets cancérogènes des pollutions des eaux ou de l’air, sans compter les inondations climatiques, tout le monde sera en émoi. Aucune Française ou aucun Français n’ignore la destruction de la biodiversité, ni la disparition accélérée de cultures anciennes traditionnelles sur d’autres continents comme chez nous. En attendant, la mode est à moquer l’écologie en la considérant comme une pratique sectaire pour bobos. Le parti politique qui est censé porter ses valeurs n’a jamais été aussi affaibli, pendant que le « green washing » sert à vendre. La France a donc un comportement schizophrénique par rapport à cette question.

Tout cela vient d’abord d’une méconnaissance totale de ce qu’est l’écologie et ensuite de partis politiques –écologistes compris—qui masquent trop en public les grandes mutations de l’époque.

Une écologie pour tous

Le mot « écologie » a été inventé par un disciple de Darwin, l’Allemand Ernst Haeckel, en 1866 pour désigner une discipline scientifique. Et c’est resté une discipline scientifique jusque vers 1970. Pour autant, les questions touchant l’écologie, c’est-à-dire les rapports des humains avec l’environnement, sont prégnantes depuis l’aube de l’humanité, faisant d’ailleurs que la conception animiste d’un « tout » liant humains-animaux-végétaux-minéraux-cosmos rejoint celle des scientifiques aujourd’hui. Malgré la volonté de mettre la nature au service des humains ou aussi d’en faire l’inventaire (Cook, Humboldt, Bougainville…), des penseurs comme Goethe, Rousseau, Thoreau, Reclus, ont insisté sur l’importance environnementale.

Même si l’idéalisation de la nature au temps des villes et des industries a servi les totalitarismes, comme la défense des traditions locales (sous Pétain), les libertaires et socialistes avaient déjà ouvert la voie du retour à la nature et au corps « sain » et sportif. La critique de la société de consommation dans les années 1960, portée par la pop musique et la jeunesse, a donné un éclat singulier à ces aspirations. Si l’écologie, comme le féminisme, sont absents des revendications de mai 1968 (alors que présents déjà dans le mouvement hippie), elle s’impose en 1970 avec le symbole de la première journée de la Terre lancée aux Etats-Unis. Très minoritaire d’abord, comme lorsque René Dumont montre son verre d’eau à la télévision en 1974, cette question est portée par des associations puis des partis.

Après le sommet de Stockholm en 1972 où René Dubos et Barbara Ward lancent « penser global, agir local », la prise de conscience planétaire grandit jusqu’à aujourd’hui, submergée d’ailleurs par les réalités. Car si les catastrophes ont accompagné les prises de conscience, toutes les questions de 1970 ont changé complètement d’échelle. C’est bien la qualité environnementale du devenir humain qui est en jeu. Et pas pour demain. Les mers, les terres, l’air sont pollués massivement sur tous les continents. Se nourrir durablement, c’est-à-dire sans abîmer l’environnement ni la santé par la malbouffe, n’est assuré nulle part. Partout dans le monde, les populations sont entrées dans une consommation addictive qui les asservit en provoquant la surproduction de biens et l’hyperconcentration financière. L’acculturation et la déculturation sont générales, provoquant des états de dépression massive ou des raidissements communautaristes violents. La biodiversité est attaquée comme la culturodiversité, alors que nous vivons sur une planète interdépendante, une planète relative.

L’écologie est donc notre enjeu commun, à la fois d’un point de vue individuel et collectif. L’écologie est une question de philosophie, de politique, d’économie, de culture, de vie quotidienne. Comment peut-on pourtant la minorer aveuglément et en faire un sujet politicien ou sectaire, marginal, un gadget énervant ?

Une Fédération écologiste, laboratoire devant s’ouvrir aux agriculteurs et aux entreprises

Depuis les origines, la question de la légitimité et de la nécessité d’un parti écologiste s’est posée. L’écologie, concernant l’ensemble du peuple dans sa vie quotidienne, traverse les courants, les convictions, comme les frontières. Issue de la recherche scientifique, il est nécessaire qu’elle continue de toute façon à s’appuyer sur des réseaux de terrain variés et des expériences qui peuvent être dissemblables voire opposées. C’est là où, quand certaines personnes peuvent avoir des positions radicales et très arrêtées, la mouvance écologiste ne peut être qu’une fédération de sensibilités différentes et n’a d’intérêt que si elle apparaît comme telle.

Une mouvance écologiste est un lieu de réflexion et un laboratoire à propositions. Au lieu de moquer les dissensions, il faut affirmer cette pluralité : c’est ce qui montre justement que ce n’est nullement une secte. Il s’agit au contraire d’un endroit pour débattre et proposer des solutions multiples à la population et à ses représentants, en liaison avec les réflexions planétaires. Un lieu d’accueil des associations, des acteurs économiques, des chercheurs, des créateurs, ouvert, qui permet d’alerter et de défendre des solutions pour l’intérêt collectif contre les lobbies circonstanciels. Daniel Cohn-Bendit l’avait bien senti avec son idée de coopérative.

Voilà ce dont notre pays a besoin urgemment : un rassemblement pluriel écologiste pour porter les grands débats de notre présent et de notre futur. Une fédération laboratoire avec deux chantiers prioritaires sur lesquels nous voudrions insister.

Vue la mutation profonde des campagnes et du monde paysan, il est essentiel en effet de réaliser un nouveau pacte environnemental avec les agriculteurs et les ruraux. Au-delà de la seule agriculture biologique, il faut affirmer l’importance des agricultures raisonnées, des circuits courts, du maintien de services publics et de commerces de proximité, d’un tissu ville-campagne en continuité et en synergie par les activités économiques. Il est temps de se soucier de la qualité des sols, des paysages et de la faune, certes, mais aussi de prendre en mains toute une écologie culturelle qui défend une vision rétrofuturo : marier la défense de traditions choisies et les innovations. C’est pourquoi les écologistes devront se poser par exemple la question d’une chasse raisonnée, question que nous comprenons en pays Inuit et pas ici.

En dehors de cette réconciliation avec les campagnes, une Fédération écologiste doit plus clairement se convertir à la mutation économique, affirmer ce fer de lance de l’avenir : la transition écologique. Parler d’économie et défendre les entreprises, en les encourageant à des pratiques éthiques en interne et en externe –dans leur intérêt d’ailleurs. Le développement durable est là, liant impact environnemental et social. Bien sûr, les économies non-monétaires, alternatives, les coopératives, l’économie sociale et solidaire, l’action économique des associations… tout cela est à encourager. Mais il faut prendre à bras le corps aussi les chantiers des nouvelles technologies, de l’agroalimentaire, de la transition énergétique, des modes de déplacements. C’est un verdissement général de l’économie qui est souhaitable et durable. C’est cela qui créera des emplois et une nouvelle conception noble du travail pour les jeunes : l’écologie, c’est aussi du social. Il faut cesser ainsi un discours du « il ne faut pas » pour montrer ce qu’il faut. Passer de l’outil de la peur à celui de la proposition et de l’invention.

Toutes ces pistes ne pourront se faire utilement et concrètement néanmoins que si le parti socialiste remet lui aussi en route son logiciel prospectif. Il a montré qu’il savait gérer depuis les années 1980. Maintenant, les habitants attendent de lui qu’il sache inventer et donner de l’espoir et des buts.

Un PS redynamisé autour de la justice, des nouvelles technologies et de l’écologie

Le parti socialiste a en effet tous les pouvoirs dans notre pays. Il est délégué par les Français avec une représentation massive. François Hollande s’est fait élire nettement, mais sur le rejet de Nicolas Sarkozy. Il a commencé à avancer masqué : ce que j’ai appelé la « shadow policy ». Cela ne peut plus suffire maintenant sans la définition de caps fondés sur des valeurs et une analyse de ce que c’est qu’être dans une France-Monde (voir « Nous sommes tous des Africains » dans « idées…» sur ce site et sur www.globalmagazine.info ). Lionel Jospin l’a vécu cruellement : même de bons chiffres éventuels à venir ne permettront nullement, à eux seuls, de rebondir.

François Hollande a démarré sa campagne électorale en axant son programme sur la jeunesse. Il a eu raison. Beaucoup d’analystes politiques le soulignent : il doit à nouveau parler à la jeunesse pour parler à l’ensemble du peuple au temps de la conjugaison des générations. Ce n’est plus du « jeunisme », c’est le moyen de se montrer prospectif. Certes, pour satisfaire un électorat vieillissant, la gauche avait besoin de montrer qu’elle n’était pas laxiste et que la sécurité est aussi un gage d’égalité. Mais elle est d’abord attendue sur des thèmes forts pour construire la société de demain.

La justice en premier lieu avec notamment –on en parle abondamment aujourd’hui-- un grand plan de justice fiscale annoncé qu’il faudra vraiment et courageusement mettre en place. Au temps du désabusement, seul le courage paie. Mais la justice, c’est aussi n’oublier personne dans une société qui ne doit plus avoir des territoires « maudits » (campagnes ou banlieues) et des habitants laissés pour compte. Cela implique, nous l’avons dit, toutes les générations. Il faut donc encourager la conjugaison des générations et supprimer les retraites-couperets. La démocratie locale et l’engagement culturel et social sont de toute façon le socle de notre réalité stratifiée locale-globale qui a besoin de relais et de revivification dans un retour au local, à ce sur quoi nous pouvons agir directement.

Parier sur la jeunesse, ce n’est donc pas faire du jeunisme, ce n’est pas se couper des vieux. Parier sur la jeunesse, c’est mettre en mouvement l’ensemble de la population dans des solidarités désirées. Et qu’est-ce qui intéresse les jeunes ? Qu’est-ce qui les mobilise ? Les nouvelles technologies et l’écologie, deux domaines destinés à transformer profondément nos organisations économiques planétaires. Ce n’est donc plus la peine de reculer et d’attendre que les mégalopoles chinoises ou indiennes nous apprennent les bonnes pratiques.

Ne faisons pas plus long (j’ai développé cela à travers de nombreux livres, articles et films depuis des années) sur ces pistes inévitables. La « voie » (comme l’écrivait Edgar Morin) est limpide : n’ayons plus peur, n’utilisons plus cette peur délétère qui paralyse et favorise les extrêmes, qui est en plus un dépresseur économique. Remettons le pays en marche positivement.

Le court-termisme et l’obsolescence accélérée de l’actualité –perversions de notre époque—sont de toute façon très dangereux en rongeant complètement la crédibilité des représentants. Une pensée durable, stratégique, devient plus que jamais nécessaire et gagnante. Contrairement à ce que pensent les agences de communication sur l’accompagnement progressif des décisions par le mensonge public et l’orientation périphérique de la focalisation médiatique, les populations récompenseront la clarté et la vision. Il faut naturellement ensuite en tirer les conséquences et anticiper : par exemple, cesser d’entretenir des espoirs sur des techniques vouées à l’échec. Faire d’une nécessité à venir un choix du présent. Tout le pays (même la droite) l’attend et a intérêt à ce que le climat détestable actuel cesse. Réfléchir ensemble.

Les pistes sont donc là. C’est au Président de la République de prendre la mesure de son rôle historique, alors que nous basculons vraiment d’un monde dans un autre. Il aura son parti élargi mobilisé sur des caps et une population qui sortira de la peur pour inventer à nouveau et encore notre futur collectif.

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16 : 11 : 13

NOUS SOMMES TOUS DES AFRICAINS !

NOUS SOMMES TOUS DES AFRICAINS ! (peinture de l'ami franco-togolais Yao Metsoko)

Allez voir sur www.globalmagazine.info cette évidence : Nous sommes tous des Africains ! Il n'est plus question en effet de laisser le terrain aux réactionnaires xénophobes de toutes obédiences en France. Leur message est une humiliation pour un pays dont ils donnent une vision recroquevillée et raciste. Ils insultent le passé français, quand la plus grande fierté collective réside dans le fait d'avoir pu porter des messages universalistes, grâce à une population de tous temps bigarrée (basques, bretons, alsaciens, provençaux et autres...) d'immigrés successifs.

Il est temps donc d'affirmer de nouveaux concepts, que les débats soient autour de ces concepts d'avenir et plus sur la mortification dépressive de vieux penseurs éculés ou les hurlements répétitifs de politiques exploitant le mal-être des habitants et de journalistes faisant un fond de commerce de positions réactionnaires censées être courageuses. Le courage, c'est de dire la vérité de base : nous sommes des Africains et nous sommes tous des immigrés.

Ensuite, nous sommes de vrais Français comme tous les immigrés qui nous entourent et qui décident de participer à la vie collective et au devenir de ce pays. N'ayons pas peur de le proclamer : nous aimons la France et y sommes restés, malgré parfois notre intérêt financier ou de carrière (c'est mon cas). Nous avons choisi la France. Nous aimons nos villes et nos territoires. Nous avons d'ailleurs une "Local Pride" (fierté locale), même si nous voulons choisir ce que nous conservons et défendons comme traditions et là où nous voulons innover (le rétrofuturo).

Mais nous l'inscrivons dans le mouvement (futuro). Avec nos identités imbriquées, dans des réalités définitivement stratifiées (locales, régionales, nationales, continentales, terrestres), nous vivons en effet l'ubiquité locale-globale : notre sphère directement visible et l'ailleurs représenté sur écran. C'est pourquoi notre combat doit se situer autour de trois enjeux fondamentaux sur cette nouvelle échelle locale-globale de responsabilités stratifiées à construire : la justice, la durabilité, la diversité (défense de la biodiversité comme de la culturodiversité). C'est un message plurofuturo : pluro avec une lutte pour le pluralisme d'expressions et de modes de vie, futuro pour la construction nécessaire ici et là-bas de conditions d'existence sortant de l'injustice galopante et de la destruction de la planète dans l'uniformisation des comportements autour d'une consommation addictive.

Partons donc sur un nouveau pied. Réveillons-nous et ne faisons aucune concessions aux partisans d'une France rabougrie, passéiste, déprimée (les monoretros, voir mon livre "Tu es plurofuturo ?" sur www.gervereau.com ). Remettons en route l'imagination dans une conjugaison des générations. Et disons-le haut et fort : nous sommes dans une France-Monde. Cette France-Monde doit porter des messages généreux pour être digne des meilleurs moments de son passé. Cette France-Monde doit participer à bâtir notre planète future.

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31 : 10 : 13

Besoin de visions du monde

A l'époque du news market, de l'obsolescence généralisée des infos spectaculaires qui se succèdent, de l'asservissement d'individus robotisés, décervelés, surveillés, rendus addictifs aux médicaments et à la consommation, normés et dont les statistiques sont devenues la seule liberté d'expression dans le monde de l'apparence, il est temps de faire circuler des antidotes. Partout sur notre planète, dans l'unité nécessaire et dans la diversité à défendre, nous avons besoin de repères. Le livre Tu es plurofuturo ? est destiné à décrire nos grands enjeux actuels pour que chacune et chacun puisse construire sa vision du monde (achetable sur "livres" de ce site pour 6 euros, version papier livrée à domicile). Il résume 40 ans de réflexions, d'ouvrages et de créations. Dans sa version française, il est complété par un court texte : "L'écologie culturelle contre les peurs et les populismes".

C'est un plaidoyer pour le savoir et la réflexion individuelle. C'est un appel pour fédérer en réseau au niveau planétaire toute cette immense "base" des énergies locales écrasées par le pouvoir financier de quelques-uns. Tout cela s'opère avec un large sentiment d'impuissance qui n'est pourtant qu'un consentement au pire, comme l'aurait décrit La Boétie : fonctionnement absurde et délétère autour d'une accumulation d'argent sans aucun sens au détriment de l'épanouissement individuel et du devenir environnemental de notre planète commune. Il ne suffit plus de le dire mais il importe de multiplier les signes, les initiatives dans des portails intermédiaires qui aident à structurer la multitude (des milliards sans organisation pèsent moins que des milliers organisés). Nous appartenons en effet à la périphérie, aux invisibles, mais la périphérie est le centre : nous sommes l'immense majorité et --nous le proclamons-- "nous sommes le réel".

Faîtes donc circuler ce livre pour inciter à un autre regard sur le monde, en comprenant nos vrais clivages idéologiques : "plurofuturos" contre "monoretros". Sachez que des traductions pour une version internationale sont en cours au Caire en arabe, à Hong Kong (en anglais et chinois) et au Brésil.


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24 : 10 : 13

Johnny Rotten, Public Image Limited et Artkronik Localglobal

Sacrée claque que ce Johnny Rotten à la Cité de la Musique, devenu John Lydon de Public Image Limited (un nom très situ...). Il a tout compris, entre éructation de rage et de folie à la Artaud, pantomime, poésie et humour l'oeil à vif. Il explique bien (Le Monde du 17 octobre 2013) que son "no future" des Sex Pistols était une dénonciation de la société sans avenir proposée à la jeunesse multiculturelle des classes sociales pauvres parquées (cela résonne-t-il pour vous aujourd'hui : ascenseur social en panne et aristocratie bureaucratique au pouvoir ?). "Le slogan "Faîtes-le vous-même" ne signifie pas qu'il faut ignorer les autres ; au contraire, il y a derrière un esprit de générosité."

Générosité était mon slogan pour 2013 dans la France déprimée. Nous l'appliquons avec la formidable émission généreuse pour valoriser les savants et les créateurs sur www.decryptimages.net  : [decryptcult]. Je commence à l'appliquer avec une nouvelle aventure dangereuse (mais il faut se mettre en danger pour inventer, s'amuser, défier la mort et l'usure), les petites vidéos artkronik localglobal sur Dailymotion, mêlant humeurs, humour, gratouillis visuels sur papier, résidus d'images, musiques parfois, ready-made chantés... Ils sont lancés, allez voir : http://www.dailymotion.com/video/x16gl5x_camera-et-grandes-oreilles-par-laurent-gervereau-artkronik-localglobal-3-26-10-2013_creation?search_algo=2

Work in progress. Je continuerai cette expression libre. Cela pourra aussi s'exposer en pièces UNIK dans deux caissons métal accolés, vidéo à gauche et résidu papier à droite.


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06 : 10 : 13

[DECRYPTCULT] VIDEOMAG MENSUEL CULTUREL INDEPENDANT !

[DECRYPTCULT] VIDEOMAG MENSUEL CULTUREL INDEPENDANT !
Allez sur www.decryptimages.net    !

Allez, voilà un nouvel espace de liberté, de défense du savoir et de la création, et d'exigence avec des invités et des collaboratrices et collaborateurs de qualité ! Work in progress ! Le numéro deux de ce mensuel est en ligne et toujours un éloge de la diversité et du mouvement: les toiles de Mayenne et l'écologie, ORLAN et Jean-Hubert Martin, le cinéma par François Albera, la bd avec Alter Comics et les monnaies alternatives, Anne van der Linden et ses tableaux et revues, Michel Dintrich à la guitare à 10 cordes ou la musique chauve de Jean Dubuffet...

Bref, un festin de l'esprit dans un cadre volontairement antispectaculaire (une bibliothèque historique) mais pour des pratiques nouvelles : l'internaute picore les séquences suivant ses envies et tout reste en ligne longtemps. Oui, "Knowledge is Beautiful !" et nous commençons notre K-Pride (K pour Knowledge), notre Résistance des savoirs, avec cet éloge régulier de ce qui bouge partout ! Faites connaître, soutenez, proposez, diffusez !

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20 : 09 : 13

L'écologie culturelle contre le Front national

L’écologie culturelle

contre

le Front national

Le texte qui suit circule depuis quelque temps sous diverses formes. Il part d’un constat très stupéfiant : droite comme gauche en France semblent avoir pris comme fait acquis et irrémédiable la sociologie vieillissante du pays conduisant à une pensée majoritaire réactionnaire et au réveil d’un nationalisme sécuritaire : la panne française, la peur du présent dangereux, la paralysie face à toute possibilité de réinventer le futur. C’est pourtant une partie seulement de la vérité, quand il existe des générations conjuguées ayant pleinement conscience de nos réalités stratifiées du local au global, s’auto-organisant sur le terrain en réseau, inventant et ayant complètement décroché de la strate dirigeante vue comme impuissante, oligarchie auto-reproduite.

Pourquoi accepter ainsi de perdre le combat idéologique face à un parti attrape-tout, le Front national, qui défend un modèle totalement irréaliste (barricader les frontières ? trier les vrais Français et les faux Français ? faire une économie dirigiste ?) ? Le texte suivant porte haut les couleurs de citoyennes et de citoyens qui ne confondent pas la République et l’amour de là où on vit avec un nationalisme étroit et sanglant qui a montré ses errements. Oui, être Français, c’est porter un discours d’empathie qui dépasse les frontières et se soucier du devenir commun de notre planète. Oui, être Français, c’est choisir ce qu’on veut garder, défendre et protéger, et innover. Oui, être Français, c’est tenir un discours généreux, digne des meilleurs moments de notre histoire, qui imagine et porte haut les valeurs universelles de la justice et de la qualité de l’environnement commun.

L. G., septembre 2013

La culture n’est plus à la mode. En temps de crise, elle fait figure d’élément décoratif, premier financement supprimé, car il existe plus grave, plus urgent. Effectivement, pour un élu, entre une facture d’aide sociale et une compagnie théâtrale supplémentaire, il est difficile de trancher pour la seconde quels que soient ses mérites.

La culture a pourtant son ministère, elle est identifiée, elle s’est professionnalisée, draine des foules (festivals, spectacles de rue, jardins, journées portes ouvertes, cinémas…). L’ère des loisirs a multiplié les pratiques artistiques. Le vieillissement de la population nourrit les lieux de tous les apprentissages. Des clubs de marche, de visites patrimoniales, ou des activités caritatives rassemblent ainsi un troisième âge décidé à rester actif. Les jeunes scolaires connaissent des initiations aux pratiques artistiques. Chacune et chacun rêve devant les écrans de devenir chanteuse ou chanteur célèbre du jour au lendemain, rêves de stars. Bref, même si souvent les mêmes vecteurs attirent toujours les mêmes couches de la société, nous sommes entrés dans une ère du tout culturel.

Ce tout culturel a des effets désastreux, car personne n’en tire vraiment les conséquences. Il provoque une ghettoïsation de la notion (chaque lobby défendant ses intérêts sectorisés, faisant la queue au guichet, en ayant peur d’être inclus dans un plus vaste ensemble). Parallèlement, la rupture est très grande entre la multiplication des pratiques culturelles et un secteur professionnalisé très restreint et spécialisé (voir l’art contemporain). Cela conduit à un ministère affaibli, paralysé, harcelé par les lobbies, qui pare au plus urgent, et à la marginalisation de la question culturelle dans les politiques locales, quand il ne s’agit pas de pratiques agressives (coupures de crédit, choix de ce qui est « vraiment » de la culture, demande de retour immédiat en terme de notoriété auprès des électeurs…).

Le paradoxe se révèle patent : extension des pratiques culturelles mais marginalisation de la notion dans la vie publique. La culture est partout mais la culture est devenue très fragile.

Défendre la culturodiversité, vitrine politique et économique

La question fondamentale aujourd’hui demeure d’abord la définition du mot culture. En effet, on peut en avoir des visions très diverses. Certains, mettant un grand « C » au mot Culture, en appellent aux catégories européennes héritées du berceau gréco-latin. Cela conduit, non seulement à une vision élitiste qui touche une partie minoritaire de la population, mais à ne pas prendre en compte l’élargissement du champ aujourd’hui. D’autres sont résolument entrés dans le tout-culturel qui pose, lui, le problème de la sélection et de l’excellence. A ce premier dilemme, s’en ajoute un second. Le mot culture est parallèlement écartelé entre une économie culturelle, des industries culturelles, et des millions de pratiques individuelles, désormais souvent diffusées sur la toile.

La culture, c’est donc tout cela à la fois. On pourrait imaginer d’y répondre par un laisser-faire. Mais, au pays d’André Malraux et de Jack Lang, on passerait à côté de ce que peut être encore une politique culturelle ambitieuse.

Porter la bannière de la diversité au plan international : une éthique du pluralisme

Une politique culturelle volontariste passe par l’énoncé de quelques principes clairs. D’abord, comme il y a une défense de la biodiversité, il doit exister une défense de la culturodiversité. C’est un message humaniste à porter partout sur la planète : nous ne voulons pas d’une Terre uniforme dans ses comportements, son habillement, ses langues, ses goûts alimentaires, ses modes de pensée. L’uniformisation commerciale de la planète est nocive, comme l’eugénisme ou l’exclusivité religieuse, idéologique, philosophique. La culture est un élément essentiel du vivre en commun, du choix dans ce vivre en commun. La culture rassemble quand elle est tolérante et permet la variété et l’évolution. Cette culturodiversité, défense de la liberté de conscience et de comportement, reste une valeur essentielle du message républicain auquel nous sommes attachés.

Il ne faut pas laisser son drapeau dans sa poche sur ce terrain, de la même manière que désormais il est temps de réconcilier le High et le Low. Nous n’apprécions pas de la même manière et nous n’organisons pas la confusion pourtant. Je suis fasciné par Vermeer et ai beaucoup de tendresse pour le rugby des campagnes. Sur des plans différents bien sûr. Alors, s’émerveiller avec J.S. Bach n’interdit pas d’aimer Theolonius Monk, trouver Watteau un grand dessinateur n’enlève rien aux qualités de Moebius. De même, la force du cinéma américain a toujours été de pouvoir conjuguer Titanic et Cassavetes. Aujourd’hui, le fromage de brebis au lait cru fabriqué en campagnes françaises est un vrai plus culturel à défendre, comme le travail de Michel Pastoureau sur les couleurs. Sans tout mélanger.

Indispensable alors : l’offensive contre la standardisation de la planète en érigeant la culturodiversité comme valeur essentielle de notre vision du futur et l’ouverture de la notion de Culture vers « les » cultures, les formes culturelles complémentaires qui nous touchent toutes et tous. Au niveau de l’Etat, il convient pour cela d’élargir le champ culturel en lui agrégeant les nouvelles technologies, le tourisme et la diffusion culturelle dans le monde. Cessons l’inefficacité par la séparation au temps du Net. Le ministère de la Culture doit disparaître ou devenir un vrai ministère vitrine des expressions culturelles nationales, relai entre les régions et l’international. Un ministère d’expertises, de conseils et de passeurs.

La culture est une vitrine. Elle fait image pour la France. Les Américains l’ont bien compris quand, depuis la Première Guerre mondiale, leur industrie du cinéma est une formidable vitrine de l’American Way of Life. La France peut montrer la vigueur de ses expressions régionales, porter des industries et des penseurs au plan international, soutenir partout la culturodiversité.

Faire image en valorisant la France et ses régions

La puissance des images n’a pas encore été suffisamment prise en compte. Il faut des gestions de crise dans les entreprises pour qu’elles découvrent l’importance du capital-confiance lié à la marque et à sa notoriété ancienne. Il faut des personnalités politiques effondrées par une réforme avortée, car descendue en flèche sur un point de détail tandis que le cœur vertueux du programme est resté invisible, pour qu’ils comprennent l’importance de l’accompagnement, du geste symbolique, du mot synthétisant l’enjeu.

Si les nouvelles se vendent (news market), l’action politique aussi comme le développement commercial. Inutile de tergiverser, de chercher des boucs émissaires ou de s’en désespérer, c’est ainsi désormais. Voilà pourquoi l’Etat a un rôle citoyen à jouer. Il peut devenir à la fois un média-relai et une vitrine.

Un média-relais d’abord. En effet, il existe de plus en plus de contenus sur le Net. Le nombre tue le choix. Ils sont épars et l’internaute a besoin de médias-relais, de portails qui valorisent ce qui se fait. Voilà ce qu’il faut instituer au niveau régional. Voilà ce qu’il faut structurer au niveau national. C’est du portage d’information et de l’organisation du paysage.

C’est aussi une aide aux contenus. Car relayer permet d’aider à faire émerger les sources complémentaires, les pôles d’excellence en réseau. Relayer permet de porter des grands programmes au niveau national et international. Il est temps en effet de valoriser nos scientifiques et nos créateurs, de leur donner une visibilité publique égale à des chanteurs, des chefs d’entreprises innovants ou des sportifs. Il est temps aussi de réaliser une œuvre de salut public : comme savoir lire est un impératif citoyen dans nos sociétés (grand combat du XIXe siècle), éduquer au visuel constitue le défi du XXIe siècle. Pour ce faire, l’analyse des images fixes ou mobiles et la connaissance de l’histoire de tout ce que les humains ont produit visuellement (arts, comme médias) constituent des nécessités de base pour un apprentissage à tout âge. Connaître, c’est choisir de façon éclairée, c’est éviter l’abrutissement par l’ignorance qui fabrique des consommateurs addictifs, zombies politiques prêts à se jeter dans n’importe quelle entreprise démagogique.

En effet, le volontarisme culturel peut seul porter le pluralisme quand le laisser-faire impose le matraquage massif des mêmes choses. L’Etat y retrouve son rôle essentiel. Il doit le faire en liaison avec les régions, suivant une conception stratifiée des niveaux d’action. Municipalités, régions et Etat ont à réfléchir ensemble. Ils sélectionnent les points forts à valoriser (qui peuvent évoluer), de manière à devenir des étendards locaux, régionaux, nationaux. Tous ces niveaux d’action ont à choisir, de façon concertée, ce qui va faire image et porter culture comme économie localement et mondialement. Réfléchir aux images régionales et nationales est devenu fondamental, comme d’ailleurs une conscience européenne positive (qui ne soit pas juste floue ou de culpabilité historique), car leur absence ou des images subies deviennent un lourd préjudice aux conséquences politiques et financières incalculables.

Enfin, la conscience et la défense des diversités planétaires sont une manière d’établir des passerelles entre les Français issus de tous les continents et les populations variées de chaque pays. C’est le moyen de créer une solidarité planétaire fière de ses richesses culturelles et, incidemment, d’aider aux exportations et aux échanges.

La culture c’est donc aussi le volontarisme médiatique.

La Local Pride, moyen de contrer le développement de la pensée réactionnaire

Qu’est-ce donc que la Local Pride ? Décalage de la Gay Pride, comme l’est la K Pride (K pour Knowledge, défense de l’éducation à tout âge et de la connaissance), il s’agit d’affirmer sa fierté d’habiter quelque part, sa fierté locale : j’aime où je vis (un slogan qui pourrait inspirer nombre de concours locaux auprès des jeunes ou des adultes). Cet exercice se distingue tout à fait de ce que Georges Brassens brocardait : l’esprit de clocher. Il est une appropriation du territoire par les habitants (récents comme anciens). Il provient d’une réflexion concernant ce qu’on apprécie en mettant à égalité les traditions choisies et les innovations. Voyons ces deux aspects.

Face aux peurs, la réappropriation du local

Le combat semble perdu. Et pourtant, les faits sont têtus. Répétons-le, l’enjeu politique principal de demain consiste dans la réappropriation du local. Sur ce terrain comme dans d’autres, la volonté obstinée de tenter d’agir sur son époque au nom de ce que l’on considère comme le bien public incite à sans cesse réaffirmer ce qui devrait sembler des évidences.

Peut-on continuer ainsi à laisser le terrain fondamental du vivre-en-commun aux réactionnaires ? Comme si eux seuls avaient le droit de défendre des traditions. En France, le succès du journal télévisé de Jean-Pierre Pernaud (mis en scène d’ailleurs par Michel Houellebecq dans La Carte et le territoire), célébrant à l’envi l’artisanat d’autrefois et le folklore pour des téléspectateurs vieillissants, indique bien la force des idées conservatrices. C’est d’ailleurs un des indicateurs sur un pays structurellement à droite.

Comment l’écologie culturelle peut-elle alors contrer ce glissement droitier basé sur un principe simple : hier idéalisé est mieux qu’aujourd’hui ? En affirmant la nécessité de faire un tri rétrofuturo : choisir les traditions qu’on veut défendre et là où on veut innover. Cela conduira d’ailleurs les écologistes des campagnes à se poser la question de la chasse raisonnée, comme ceux des villes se frottent avec l’urgence sociale.

Mais le propos est plus large, plus ambitieux. La pensée écologiste (dans son sens premier généraliste d’étude sur le long terme des rapports des humains avec leur environnement) peut vraiment servir d’avant-garde idéologique pour la reconquête des esprits. En effet, l’écologie, par son histoire, a œuvré dans le sens de la défense des langues régionales, des patrimoines, des arts et traditions populaires. Au risque d’ailleurs de dérives (assimilation à la pensée pétainiste). Désormais, ce qui sépare les traditionnalistes et l’écologie culturelle réside dans le « mix rétrofuturo » de l’écologie culturelle. L’écologie culturelle affirme la nécessité de défendre des traditions choisies, pas forcément toutes les traditions (comme l’excision, par exemple). L’écologie culturelle mêle ces traditions à l’innovation, au mouvement perpétuel dans un sens darwiniste : le savoir-faire des couteliers n’empêche pas de penser de nouvelles créations à côté des modèles traditionnels et d’exporter (le local-global). L’écologie culturelle n’est pas le repli sur un pré carré (hier est mieux que demain) mais un principe dynamique. Elle nourrit la nouvelle tendance des productions de proximité et des circuits courts, facteurs de solidarité.

L’écologie culturelle, de surcroît, ne consiste pas dans une simple nostalgie rurale (le mythe du petit village autour de son clocher). Elle est une défense des attachements locaux partout (« j’aime où je vis ! »), aussi bien dans les fameuses « cités » que dans les quartiers des mégalopoles. Guy Debord avait d’ailleurs théorisé la psychogéographie urbaine, car nos attachements se font souvent par zones avec des micro-histoires changeantes. L’écologie culturelle est une façon de préserver, de conserver, et d’inventer dans les villes, dans les banlieues, dans les nouvelles réalités rurbaines.

Elle accompagne puissamment ainsi trois enjeux décisifs : la revitalisation de la démocratie locale et son tissu économique choisi ; la conjugaison des générations dans des métiers qui fondent les identités multiples de chacun au sein d’un ancrage territorial (« là où je vis », « là où est ma base ») ; le fait de faire image pour chacun des territoires, ce qui est un atout, un liant du vivre en commun ainsi qu’un argument à l’exportation.

Il est temps donc que politiquement les écologistes et les socialistes (et la droite ? et le centre ?) se saisissent de cette Local Pride. Sans elle, il y aura éclatement du pacte républicain tiraillé entre des replis sécuritaires, des exclusions communautaristes et le laisser-faire de la standardisation commerciale planétaire. A travers ce concept, il faut reconquérir la démocratie de proximité, lutter contre les peurs et offrir des perspectives à des habitants se sentant abandonnés, jetés en pâture à l’uniformisation industrielle de la mondialisation et dont les repères disparaissent.

Le pari rétrofuturo pour des croissances diversifiées

L’écologie aujourd’hui est considérée comme majeure en terme d’environnement mais déconsidérée au plan politique, comme étant élitiste : un système sectaire qui ne peut pas marcher pour le plus grand nombre, un retour à la « préhistoire », répète-t-on en utilisant le terme de « bobos » pour désigner des snobinards parisianistes honnis. Il est temps que l’écologie ne se serve pas seulement du levier du catastrophisme mais qu’elle pose les questions de santé publique et s’adresse aux masses. Il est temps aussi qu’elle montre comment elle est une source d’emplois, de croissances diversifiées, de respect des territoires. L’écologie, ce devrait être la recherche du savoir pour orienter le bien commun en ville ou à la campagne.

Le discours sur la croissance négative ou la croissance zéro est à peu près inaudible pour des personnes perclues de dettes et menacées par le chômage. En plus, il n’est pas exact car ce qui va se passer sera plutôt des croissances diversifiées : on ne vit pas dans le Cantal comme à Paris et on ne veut pas vivre dans le Cantal comme à Paris. L’écologie culturelle impose le respect des spécificités locales (histoire, géographie, mentalités) pour chaque projet de développement. D’essence darwiniste (Haeckel, inventeur du mot « écologie », était un disciple de Darwin), l’écologie est un principe d’expérimentation et d’évolution. Variée dans ses effets, elle permet aux exigences éthiques des consommateurs-acteurs de s’instiller ou de s’imposer.

C’est une revivification indispensable à la base des processus démocratiques. L’écologie culturelle permet ainsi de parler aux foules à la fois de leur santé et des enjeux planétaires (local-global). Elle milite d’ailleurs pour l’introduction dans le droit universel de la notion de crime financier (au nom d’intérêts financiers, tuer des populations à cause de la nourriture ou des pollutions, supprimer des civilisations par destructions brutales de l’environnement). Elle inscrit l’action politique dans une pensée de la diversité, des choix rétrofuturos où chacun reprend la main sur son destin local en réseau. L’écologie culturelle sert à appréhender des territoires à portée de vue directe sur lesquels chacune et chacun développe des projets individuels et collectifs en pratiquant l’innovation sociale. L’écologie culturelle parle ainsi du présent et du futur.

Aux élus de se saisir de cet outil. C’est urgent, sous peine de laisser le terrain idéologique à une pensée conservatrice ou réactionnaire triomphante, heureuse de dire qu’elle est la seule à protéger contre la dépossession d’un destin individuel broyé dans les mâchoires impitoyables de l’économie mondialisée guidée par la seule multiplication des profits financiers.

La culture ne consiste en effet pas seulement dans la consommation de produits. Il s’agit du grand enjeu de notre vivre ensemble : ce lien spirituel tolérant se félicitant des différences, qui meut les sociétés et poursuit les longues lignées de biens immatériels et matériels admirables, contribution humaine à une planète forte de son exceptionnel environnement.

Laurent Gervereau

(SEE-socioecolo Network, www.see-socioecolo.com)

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15 : 09 : 13

De Buckminster Fuller et Pink Floyd ou Soft Machine à Blue Green : Graham Stevens

Oui, Graham Stevens boit de l'eau ! Vous ne le connaissez pas et vous avez tort. Architecte de formation à Sheffield, il est assistant de Buckminster Fuller en 1964 à Paris pour le Congrès International d'Architecture. En 1965, s'apprêtant à traverser une rue de Londres, il a l'idée qui orientera tout son travail : grâce à des structures gonflables, faire décoller des architectures dans l'espace à significations multiples. Ainsi, dès 1965, il conçoit "Spacefield", environnement gonflable et multimedia. Dans la foulée, il participe en 1966 au "Destruction in Art Symposium".

Cet élégant et subtil personnage pourrait se la jouer... En effet, il est alors totalement associé au bouillonnant Swinging London, participant à des scénographies expérimentales et sensorielles à la Roundhouse pour le Pink Floyd de Syd Barrett et ses amis de Soft Machine avec les light shows de Mark Boyle ou lors de l'intervention de Bob Dylan à l'ïle de Wight. Tout cela dans une atmosphère d'imagination complice transdisciplinaire où les arts se croisent pour submerger la société dominante. Et chacun connaît chacun : il est présent naturellement chez son copain galeriste pour l'inauguration de l'exposition de Yoko Ono --qu'il connaît déjà-- lorsque vient John Lennon sévère d'abord puis, étant monté sur un escalier pour lire une petite inscription, séduit par un humour proche du sien et commençant une nouvelle phase de sa vie affective --et de sa vie tout court.

Mais cessons de faire les groupies avec quelqu'un qui ne se la pète pas. Il y eut un moment magique à Londres à ce moment-là, dont j'ai pu rendre compte en 1996 dans l'exposition sur les Sixties. Graham Stevens a eu le mérite de poursuivre sa route poétique, installant un nuage solaire dans le désert en 1972 et désormais travaillant pour le mouvement Blue Green (www.bluegreenuk.com), écologistes voulant transformer les villes en intervenant notamment sur les questions d'eau.

Tout cela pour dire qu'il est venu à la maison avec Jacqueline Stanic (que je fréquente depuis les grandes expositions Paris-Berlin et Paris-Moscou au Centre Pompidou de Pontus Hulten) et que nous avons passé un moment sobre mais délicieux, la conversation roulant de l'un à l'autre dans le plaisir d'évoquer des amis communs et des événements, sans nostalgie, comme une force pour continuer à faire. Blue Green est d'ailleurs sur www.see-socioecolo.com.  J'irai bientôt à Londres et Graham passe dans le mag vidéo sur www.decryptimages.net  en janvier.

Un des plus grands plaisir de la vie est d'avancer en découvrant des oeuvres généreuses et des personnages délicieux qui nous donnent réellement envie de poursuivre contre toutes les médiocrités.

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21 : 08 : 13

Les grands enjeux planétaires

L'abêtissement est une stratégie. L'absence d'idées et de perspectives dans un pragmatisme inefficient forme le moyen de faire perdurer les monstruosités d'un système à bout de souffle.

Et les mêmes se plaignent d'un manque de buts et du décrochage des peuples !

Mais nous changeons d'époque !...

Allez lire "Contre la panne idéologique" sur www.globalmagazine.info  (qui a succédé à une contribution d'Edgar Morin, very chic !...). Faîtes circuler. Vous aurez nos grands débats d'aujourd'hui et de demain. Vous saurez où vous situez en dehors des nuages de fumée et du décervelage.

L'exigence et la résistance intellectuelle sont en effet les vraies nécessités de notre temps. Ce texte de synthèse philosophique est en cours de traduction (Brésil, Canada, Chine, Egypte). Diffusons.


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05 : 08 : 13

ART - A Real Trauma

Vous savez que circulent sur la planète des signes mobiles (à voir en cliquant sur le petit signe clignotant de ce site) destinés à vivre sous des formes diverses : du t-shirt et de l'autocollant au monument et à la toile signée dans des espaces d'expositions. C'est de la philosophie en kit, petites maximes de nos existences mouvantes au XXIe siècle. Il en existe 45 à ce jour.

Certaines sont arrivées facilement, tirées de la philosophie de la relativité ou de la socio-écologie. D'autres prirent davantage de temps. Comment, par exemple, parler de la finance qui est devenue le paragon du mal moral ? Dire que l'accumulation exponentielle est absurde ? Que l'argent corrompt ? Qu'il n'a que le sens de son utilisation ? Banalités inopérantes. Il a fallu des mois pour créer : Stop CRIMES financiers. C'est-à-dire l'idée qu'il faut introduire désormais une nouvelle catégorie de meurtres, les meurtres financiers. Au nom de l'intérêt financier, des personnes tuent physiquement ou psychologiquement des individus. C'est le cas des déforestations massives comme des ventes de produits dont on connait les effets dangereux.

Pour la question de l'art, dont je suis très proche depuis mon enfance, j'ai séché pendant plus d'un an. Sortir des banalités du genre "l'art c'est la vie" ? Parodier Duchamp en disant que le regardeur fait l'oeuvre ? Constater l'explosion de l'Art dans une multitude d'expressions artistiques (Moebius inférieur à Boltanski ?) ?

Bof. Pas terrible. L'idée, mon idée, est venue de ce qui m'arrive de plus en plus : le dégoût, l'écoeurement face au tout-artistique, ce phénomène fatiguant où tout le monde produit des formes artistiques et que n'importe quoi vient combler les paysages, les places publiques et les musées de plus en plus grands. Bref, on décore.

Contre l'art décoratif de mon temps, pléthorique, j'ai écrit : "ART - A Real Trauma" pour affirmer la rareté de la rencontre artistique, ces moments précieux qui vous bouleversent, ne sont pas plaisants et anodins mais traumatiques. L'Art, pour moi, est une conjonction momentanée (le goût individuel peut évoluer, comme le goût collectif), grave, d'ordre magique au sens des transes animistes les plus anciennes que j'ai pu observer, un instant où sa personne est traversée et remise en cause. Tant dans la perception que dans l'ambition de l'acte créatif, tentative vaine, désespérée mais parfois opérante sur un ou des millions, maintenant, demain, jamais.

ART - A Real Trauma va circuler, nous motiver, me motiver, affirmer l'exigence et la puissance du moment artistique. Eloge de la rareté, choix du précieux. Je vomis l'art décoratif, palanquée d'apparences au temps du confusionnisme généralisé.

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