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Allez voir de toute urgence le petit guide pour remuer les méninges et réinventer l'avenir : HALTE AUX VOLEURS D'AVENIR ! [devenez plurofuturos ou un peu de lecture pour regarder le monde autrement] (avec une préface du dessinateur Willem et une postface de l'écrivain-artiste-agitateur belge André Stas).
Dessin inédit de Willem |
Partout où on voudra nous bourrer le crâne avec des slogans pour citoyens passifs tels que « sécurité, crise, peur », nous répondrons « justice, proximité, durabilité », en défendant l’innovation contre tous les torticolis rétros. Du Brésil et du Canada, bougent les Socio-Ecolo-Evolutionists (SEE) : www.see-socioecolo.com
Regardez autour de vous et bougez votre univers visible. Faites-le savoir, ainsi nous bâtirons une planète plus juste, durable, évolutive.
Pas de secte, pas de parti, imaginer !
maintenant achetable dans la rubrique "livres" de ce site :
dessin de l'artiste chinois Ye Xin réalisé après l'assassinat de Cabu (janvier 2015)
Il n’est plus temps de tergiverser. La France n’est pas devenue majoritairement nationaliste et xénophobe. Mais la pensée visible dans l’espace public pourrait le faire croire : étalage de néo-réactionnaires fraichement convertis et un parti attrape-tout se nommant Front national. En face, un Front républicain ? Non, une bérézina idéologique. Voilà pourquoi il est urgent de regarder enfin en face le monde d’aujourd’hui et de faire émerger dans l’espace public des concepts alternatifs. Il est temps d’avoir une offre idéologique différente de celle du retour au passé, car si la présidentielle se joue sur la thématique sécuritaire, le résultat est connu d’avance.
Le seul schéma clair à comprendre et à poser dans cet espace public est celui de la différence radicale entre les partisans d’une France ouverte et ceux d’une France fermée. Tout découle de là. Et beaucoup seront surpris de voir qu’une grande majorité des habitants de ce pays ne souhaitent nullement en réalité une France fermée.
Le rétro ou le rétrofuturo ? Multi ou mono ? Tolérance ou intolérance ?
Les tenants de la France fermée sont en effet les nostalgiques d’un passé mythifié qui n’a jamais existé. Ils s’arc-boutent sur l’idée simpliste et rassurante d’un bouclage des frontières et d’un tri des vrais Français et des autres. Surtout, ils refusent le mouvement. Leur pensée est arrêtée sur un fantasme particulier de société idéale –très différente d’ailleurs suivant les membres du bloc nationaliste. Ils sont « mono », car exclusifs sur leur choix de société et de mode de vie. Ils veulent une France congelée, muséographiée au mauvais sens du terme. Ce sont, d’une certaine manière, des utopistes dans la mesure où ils visent à un arrêt de l’Histoire. La nostalgie est leur doping. Ils sont rétro, opposants au darwinisme social.
Deux concepts forts s’opposent à cette pensée. D’abord le rétro-futuro. Cela consiste à affirmer son attachement profond à là chacune et chacun vit. Les partisans d’une France ouverte n’ont ainsi aucune leçon d’amour de nos villes et de nos territoires à recevoir. Ils défendent des traditions choisies avec de l’innovation : rétrofuturo. L’abandon de campagnes ou de quartiers, la disparition des PME et de services publics de base, la France à deux vitesses, sont en effet autant de réalités catastrophiques d’aujourd’hui. Elles ne peuvent être combattues que par un puissant retour au local, à de la démocratie directe, aux circuits courts, à des économies diversifiées (on ne vit pas dans un village des Pyrénées comme dans un quartier de Saint-Denis).
Le second concept est la base de la conception laïque et démocratique : l’unité d’intérêts communs dans le vivre ensemble et la liberté de pensée. Il faut organiser un sursaut éducatif et culturel permettant de décrypter les grands enjeux d’aujourd’hui et le maelström des images en circulation exponentielle sur la base de valeurs et d’un passé commun, de tous les aspects d’un passé commun, pas un passé tronqué, sélectionné : des repères.
Les tenants de la France fermée ont en effet une vision particulière de « leur » France, du passé qu’ils se choisissent en ignorant ou en récusant les autres aspects. C’est là où il est fondamental désormais de balayer les errements du « devoir de mémoire », pouvant conduire à l’affrontement victimaire des communautés, pour affirmer fort un « besoin d’histoire », d’une histoire qui est une interrogation problématisée du passé sur la longue durée du territoire et pas seulement le récit d’un roman national forgé au XIXe siècle. La France, c’est un territoire qui a connu une occupation humaine depuis la Préhistoire. Chacun a besoin alors de connaître l’histoire longue de sa commune, de sa région, du pays, de l’Europe et de notre planète. Une histoire stratifiée. Seule une approche scientifique de ce type soude, rassemble, fédère autour d’accroches qui sont d’abord locales. Elle n’omet en rien l’importance de la Chrétienté, par exemple, dans cette histoire (catholiques et aussi protestants) ni la présence très ancienne des Juifs, mais cela l’inscrit dans un système d’échanges et d’affrontements large avec des implications continentales et planétaires depuis les premiers peuplements au sein d’un environnement particulier qui a évolué.
Tout cela nous explique que nous ayons des identités imbriquées faîtes de multiples aspects et inclinaisons personnelles. Alors, « être Français », au-delà de l’aspect légal, c’est vivre sur un territoire, en parler la langue (et d’autres langues…), en connaître l’histoire, participer à son « vivre ensemble » et à la construction d’un projet collectif. Pas se conformer à un stéréotype imposé.
Multiplicité de conceptions du monde (multi) contre vision arrêtée et exclusive (mono), rétrofuturo contre rétro, voilà bien le clivage entre les tenants de la tolérance, quelles que soient leurs convictions religieuses ou philosophiques, et celles et ceux se basant sur une seule conception à imposer à tous en rejetant les autres formes de pensée : France ouverte et tolérante ou France fermée et intolérante. France du mouvement (et pas du « progrès » qui est une notion fausse et dangereuse avec les sociétés normées et la religion du technologisme) contre France arrêtée ou en tentative pathétique de rétropédalage.
Local-global, justice et durabilité
La réalité terrienne actuelle est locale-globale. Nous vivons l’ubiquité, ici avec les échos d’ailleurs. C’est une réalité stratifiée : je vis dans une commune, une région, un pays, un continent, sur la Terre. Et les questions qui se posent sont locales-globales. Il faut les résoudre au bon niveau. Les partisans d’un France fermée ont la vision d’un Etat aux frontières closes qui seraient protectrices. Leur vision est nationale et même hexagonale (en dehors de toutes les questions économiques que cela pose, quid des DOM-TOM ?).
Aujourd'hui est au programme avec eux la ringardisation entière d'un pays qui s'est laissé entraîner vers un raidissement national à rebours de l'Histoire. Marine Le Pen n'est pas Hitler, mais justement c'est le problème : la droite française s'est fait kidnapper par l'extrême-droite. Pour des raisons profondes : il existe une crise démocratique dans le pays et une absence d'idéaux alternatifs clairement affirmés à un repli nationaliste rassurant en apparence, très dangereux dans les faits.
Face à ces errements, il importe de réveiller la démocratie locale et de structurer la gouvernance continentale et planétaire. Au lieu d’agiter la peur, il faut parler de perspectives pour la jeunesse, pour les actifs, pour un troisième âge qui souvent veut désormais jouer pleinement un rôle social. Réveiller la démocratie locale, c’est aussi s’engager dans la défense culturelle de traditions assumées faisant le goût de nos territoires et le plaisir du vivre-ensemble dans les micro-quartiers de nos villes et de nos banlieues. La France ouverte est une France ancrée qui rassemble, pays d’immigrations successives assumées (qui sont autant d’apports et de liens avec le monde). Une France cependant qui n’est pas faite de bisounours, qui condamne celles et ceux ne respectant pas les lois communes, qui sépare l’espace public et les pratiques privées, qui se soucie de la gestion nationale, continentale et planétaire des migrations.
Car la solution n’est pas la fermeture illusoire, source de déséquilibres et d’insécurité dans un pays étriqué et conflictuel, mais la volonté de peser pour plus d’Europe et plus de gouvernance planétaire. A l’heure de la COP21, tout le monde comprend que les catastrophes climatiques ne s’arrêtent pas aux frontières, ni les migrations, ni les pollutions, ni les génocides culturels, ni les crises économiques et les déséquilibres financiers. Arrêtons de penser borné. Toute guerre désormais n’est ni locale ni nationale, c’est une guerre civile où des humains affrontent d’autres humains. La guerre mondiale médiatique des propagandes et des publicités se moque des frontières.
Alors, il faut repenser la constitution pour revivifier la démocratie locale et nationale mais aussi repenser une gouvernance européenne et une gouvernance mondiale à partir d’un Pacte terrien évolutif accepté par toutes et tous. La France ouverte, c’est une France qui redevient motrice dans la pensée d’une planète nécessairement solidaire pour sa survie, certes, mais avec des idéaux communs clairs de justice et de durabilité. Par rapport à cela, les tenants de la France fermée, à idéaliser le passé, ne croient plus en la capacité des Françaises et des Français d'inventer le futur, de créer, d'innover dans tous les domaines. Eux qui ne cessent de trier les bons Français et les mauvais Français, ils ne croient plus en la France. Assez de masochisme ! Assez de cécité, de mensonges et d’hypocrisies !
Levons l'espoir d'une République durable et solidaire, construisons le futur au lieu de se bloquer avec morbidité sur la nostalgie du passé. Retrouvons des idéaux dans le respect de la relativité des pensées, des croyances, des civilisations : une écologie culturelle. Ces idéaux ont fait les meilleurs moments de notre Histoire comme de celle des Etats-Unis, ceux d'appels généreux à la communauté humaine. Rallumons les Lumières !