|
|
01 : 06 : 11 |
Au-delà de l'indignation |
Il est des moments où ce que chacun voit ne semble pas avoir du tout la
même interprétation publique. Evidences d’aujourd’hui, absurdités de demain. Le
rideau se déchire pourtant. Peut-on écouter d’autres manières de concevoir l’organisation
sociale, les valeurs et les conduites individuelles ? Ainsi, un décalage patent
se développe entre les visibles et les invisibles. Les premiers ne sont pas une
« élite » dans un temps où le savoir et la création ont été bannis de
la valorisation publique. Les seconds ne sont pas un groupe organisé, au temps
où la précarisation gagne et l’exclusion de la sphère décisionnelle devient la
règle. Ouvrons les yeux : au-delà d’une petite sphère de riches et
puissants, vivre dans ce pays devient de plus en plus difficile matériellement
et moralement pour la grande majorité des habitants toutes générations
confondues : logements hors de prix, ascenseur social totalement en panne,
coût des denrées du quotidien… Sans parler de la perte de repères et de la
détresse psychique.
Cela conduit à une ambiance d’Ancien Régime sans la philosophie des
Lumières. Allons-nous vivre un de ces soulèvements dont notre pays a le
secret ? Au risque de tomber dans des remèdes parfois pires que le
mal ? Ou la sphère civile va-t-elle se développer en dépit d’un pouvoir
autiste, avec ses règles, ses valeurs ? Ce qui est certain est que la
télévision déliquescente concentre la caricature du pays dans une acculturation
sans précédent et le passage en boucle des mêmes à la longévité historique avec
un perpétuel regard rétro et un langage de la peur (le primat du fait divers)
pour maisons de retraites. Dans l’indifférence générale. Peut-on enfin écouter
d’autres analyses ? Depuis 30 ans, on commence pourtant à intégrer le
nouveau dialogue de l’individu avec la planète. Chacune et chacun porte
l’universel en soi.
Dans ce cadre, l’offre politique ne correspond indéniablement plus aux
attentes. Et, de plus, les nouveaux mouvements de protestation restent incompris.
Qui parle pour demain ?
Tâchons d’analyser rapidement l’offre politique actuelle en France. Le
Président du moment, en reprenant les thèmes du Front national, l’a fait
grimper artificiellement. Sa stratégie payante attrape-tout de campagne
électorale (du Front national à Jaurès) est devenue en fait pénalisante une
fois au pouvoir. Résultat : un Front national surgonflé sur un programme
d’isolement nationaliste totalement impraticable dans le monde d’aujourd’hui.
D’ailleurs, qui –même au Front national—croit vraiment que dresser des
murailles autour de l’Hexagone va apporter le bonheur aux Français ?
Résultat aussi, un Président illisible quoi qu’il fasse, à force de
surcommuniquer dans des sens contradictoires. Lui qui avait senti le besoin de
rupture et de réformes dans un pays très assoupi intérieurement depuis le
deuxième mandat de François Mitterrand, a voulu réformer tous azimuts sans
ligne directrice claire et avec des sorties de routes fatales
(« l’environnement, ça suffit ! » après le Grenelle de
l’environnement), lui faisant perdre même le bénéfice de ses actions
novatrices. Le rejet est terrible, quand le « bling-bling » de
l’argent facile tombe en pleine crise boursière où le rôle des banques et des
actionnaires n’a jamais connu un tel discrédit. Il est fatal quand les valeurs sont défendues par d’autres (le
kidnapping de la citoyenneté par Marine Le Pen) et que la novation réformiste
échappe (Borloo en voie d’autonomisation).
Mais existe-t-il une offre alternative ? Le centrisme, jadis appelé
le « marais », est un méli-mélo de technocratie en col blanc et
d’humanisme bien peu lisible, toujours en quête d’alliances et d’objectifs
clairs. Il fait illusion par moments, par défaut. A gauche, qu’espérer d’un
Parti socialiste occupé de prouver qu’il sait gérer, dirigé par une caste
mitterrandienne indéboulonnable ? La belle affaire. Ce parti est désormais
attendu en réalité sur les questions de justice, de probité et de
renouvellement de générations. Voilà pourquoi d’ailleurs la candidature de
Dominique Strauss-Kahn formait une bulle artificielle prête à exploser à tout
moment. Le Parti socialiste est à un moment crucial où il lui faut replacer le
dessein politique devant la cuisine économique. Et il est attendu aussi sur une
conversion à l’écologie qui ne soit pas juste de façade, mais un regard lucide
sur le monde.
Car il faut sortir de deux inepties concernant cette question. Non,
l’écologie n’est pas une affaire de riches. La malbouffe touche les plus pauvres
d’abord. Les pollutions des villes attaquent les bébés de tous les milieux.
Non, l’écologie n’est pas une question pour demain, juste un luxe pour
aujourd’hui dont on pourrait s’affranchir. C’est maintenant que des pollutions
gigantesques se développent dans les mers, sur les terres, dans l’air et les
eaux. C’est en ce moment qu’opèrent des acculturations de masse sur la planète
entière au nom d’un consumérisme passif suicidaire. Enfin, à l’heure des
tsunamis et des épidémies, croit-on qu’il existe des frontières entre pays
riches et pays pauvres ?
Les écologistes, quant à eux, apparaissent souvent comme sympathiques
mais peu crédibles. Il leur faut montrer qu’ils sont un parti de gouvernement,
qu’ils ont des réponses lucides sur les questions de fond de nos sociétés et
que ce sont les seuls qui regardent le futur et le préparent. Ainsi, la notion
de « décroissance » reste incompréhensible à l’heure de la
précarisation, du chômage et du décrochage social. Chacune et chacun comprend pourtant
désormais qu’imposer un modèle global de vie à la planète –insatisfaisant de
surcroît pour celles et ceux qui le subissent et détruisant durablement les
ressources collectives en multipliant les pollutions—est inepte. On ne veut et
on ne peut pas vivre de la même manière à Ouagadougou, Saint-Agrève, Shangaï ou
Vientiane. Les seules solutions sont des solutions de croissances diversifiées,
de retour au local --sur lequel chacune et chacun a prise-- de pensées en
réseau planétaires. Et l’avenir est à des entreprises éthiques, des
consommateurs citoyens, des spectateurs-acteurs. Une autre organisation d’un
monde solidaire.
Les écologistes sont en fait
les seuls réalistes, les
seuls qui osent penser la planète interdépendante et le pouvoir de chacun pour
orienter ses comportements et son mode de vie. A condition de ne pas devenir les
serviteurs d’une nouvelle religion, de rester toujours en échanges et en débats.
Mais cela est-il assez affirmé ?
Parlons enfin de la dernière catégorie de l’offre politique actuelle en
France –la gauche autoritaire néo-révolutionnaire. Elle bégaie. Partant d’un
constat juste (les injustices croissantes), elle n’offre aucune solution
crédible, se réfugiant comme le Front national dans un antieuropéanisme et un
antimondialisme, une politique de la muraille hexagonale, totalement grotesques.
Pire, elle préconise des bouleversements dont les conséquences liberticides
font frémir celles et ceux qui ont de la mémoire. Quand à nos développements
durables, peu lui chaut.
Dans un tel contexte, quoi d’étonnant à ce que beaucoup se sentent
démobilisés et non-représentés.
Des sociétés kaléidoscopiques
Pour une fois, l’exemple vient du Sud (si, du moins, on accepte cette
orientation subjective de la planète dans l’espace). Les mouvements intervenus
dans le monde arabe et aujourd’hui en Espagne sont des signaux forts. L’Allemagne
décroche avec le nucléaire. Ces mouvements montrent d’abord une planète de la relativité où partout les
individus et les peuples veulent prendre l’initiative de leur devenir dans des
modèles à inventer. Avons-nous des leçons à donner quand nos sociétés
produisent des inégalités croissantes dans des restrictions comportementales de
plus en plus grandes avec de puissants conformismes de pensées ? Ils le
font, comme nous, avec le sens de la fragilité, l’instinct des périls, la peur
historique des basculements autoritaires. Nous les voyons comme naïfs, non
politisés, parce qu’ils n’adhèrent pas à une idéologie, à des groupes
structurés. C’est là probablement, au contraire, leur sagesse : ils
bannissent ces conceptions du monde uniques, exclusives, inévitablement
autoritaires.
La fameuse « indignation », qui est une protestation basique, a
le sens premier et la vertu de ne jamais accepter l’inacceptable. C’est un cri
de résistance. A partir de là, tout est à construire. Voilà une sorte de fatalisme
dynamique. Voilà un évolutionnisme pluriel : remuer sa société en sachant
que le but n’est pas d’imposer une seule voie, une façon de penser, une fin de
l’histoire par le Bonheur et un mode de vie parfait, mais expérimenter des
solutions nouvelles et récupérer des méthodes anciennes oubliées (le rétro-futuro). Cela correspond à l’état
de nos sociétés, partout : nous avons toutes et tous des identités
imbriquées dans des histoires stratifiées du local au mondial. Alors, quand ces
peuples sortent de la répression, ils veulent la diversité d’expressions. Quand
ils protestent contre l’injustice économique, ils cherchent à inventer des
modes de vie innovants. Partout, la résignation et l’impuissance ont été les
maîtres mots sous couvert de « crises » successives depuis les années
1970, un inacceptable discours de la passivité malheureuse.
Mais les contraintes de survie mondiale et les moyens des nouveaux
échanges par Internet changent indéniablement la donne. Quand les Inuit de
Kangirsujuaq au Nunavik décident que leur supermarché sera de propriété
collective, ils ne font aucun bain de sang, aucune révolte. Ils agissent
directement sur leur quotidien, comme les Tunisiens ou les Egyptiens. Pas de
label politique ? Pas de volonté surtout de tomber d’un système fermé à un
autre système fermé. Nous avons le droit aujourd’hui à la pluralité de
convictions, d’habillement, d’attitudes, d’habitat. Les Inuit ont le confort
nord-américain en gardant les pratiques collectives liées à la chasse et à la
pêche. Et nous assistons alors à des oppositions d’une autre nature, sur un
autre terrain. Elles traversent les générations –conjugaison de
générations—entre celles et ceux partisans d’une manière de vivre figée,
souvent autoritaires et prosélytes (monorétros),
et les défenseurs de la diversité et du mouvement (plurofuturos). En tout cas, nous vivons dans du local au milieu de
sociétés kaléidoscopiques.
Alors, on nous dit que nos jeunes sont démobilisés et que nos classes
défavorisées ne croient plus en rien. Mais n’est-ce pas au contraire que nous
avons vécu les pouvoirs corrompus du capitalisme et du communisme, les
oligarchies coercitives, et que nous souhaitons désormais partout –à Tunis,
Buenos-Aires, Paris ou New York—respirer dans un monde d’échanges où chacun
peut diversifier la diversité, se sentir rétro-futuro, choisir ses modes de vie
et de pensée, dans un contexte local-global
de dialogues interplanétaires.
Oui, il est probablement temps d’ouvrir nos esprits et notre
compréhension de la planète, sans ignorer les périls et les embuches, mais avec
des objectifs personnels, de notre collectivité proche, et internationaux. Après
l’indignation, voici les pistes d’expérimentations. De nouvelles visions
émergent. Chaque moment historique est une chance à saisir dans des vies qui
sont des aventures précaires. Bâtissons du sens. Comprenons nos villages et nos
continents pluriels. Peut-être le vent se lève au Sud…
|
14 : 05 : 11 |
Echanges de générosités, Borloo, le cas DSK |
ECHANGES DE GENEROSITES, BORLOOEEN ? ET LE FAMEUX CAS DSK
ECHANGES DE GENEROSITES
Le
11 mai 2011 à 11h eut lieu au château de Grignon près de Versailles (où
sont basées les collections du Musée du Vivant) un petit moment
magique. Dans un happening par un temps irréel, l'artiste
suisso-libanais Hafis Bertschinger déroula 10 peintures géantes en
cascade de 10 mètres de long, comme 10 langues aux
fenêtres, sur la façade du château. Il fut aidé avec enthousiasme par
l'équipe du site et du musée, tandis que quelques invités de Suisse, ou
d'Afrique du Sud, de Corée et d'Australie regardaient, médusés, depuis
les pelouses, cet hommage à René Dumont et à la nature. Un vent malin
se chargea de faire vivre ces oeuvres. Tandis que chacun et chacun,
dans cet échange de bonnes volontés entre un artiste et une institution,
songeaient, perdus, à ce que pouvait être un moment de grâce.
Un
film de l'événement sera projeté à 15h30 le jeudi 9 juin lors du grand
hommage à René Dumont au 16 rue Claude Bernard (venez nombreux, c'est
là, nulle part ailleurs et à aucun autre moment ! gratuit bien sûr). Une
nouvelle économie de la générosité, du don réciproque, se met en place.
ET COMMENT NE PAS ETRE BORLOOEEN : un peu d'analyse politique ?
Il y eut le système booléen, voici l'apparition des Borlooéens. Je récupère en effet un tract du parti radical émancipé de l'ex-ministre Jean-Louis Borloo. Il est titré : "Vous êtes républicain, écologiste et social ?" Bof oui, après tout. Comme SEE (www.see-socioecolo.com), il insiste sur la durabilité et la justice sociale et se revendique d'une pensée "différente". C'est donc du "ratisse large". Heureusement que SEE a publié et diffusé largement son programme, car sinon on penserait à de la copie.
Les intentions sont donc bonnes. L'affichage est éloquent et insiste sur les points qui nous semblent importants. Mais la question reste évidemment politique : comment concilier cela avec un positionnement à droite et un soutien à Nicolas Sarkozy au second tour (si ce dernier y parvient) ?
Personnellement, même si j'ai été sidéré par les débuts de présidence (Fouquet's, yacht, Carla...), j'ai toujours refusé la diabolisation, attendant les actes. Aujourd'hui, à l'heure du bilan, cette présidence qui se voulait réformatrice, s'avère brouillonne, sans ligne directrice, et surtout avec la gestion hyper-autoritaire d'une petite clique se défiant de l'appareil d'Etat et dressant les Français les uns contre les autres, tout en ne cessant d'orienter les débats autour des thèmes du Front national au lieu d'enfin prendre en compte la mondialisation pour y peser. Il serait catastrophique de doubler la mise. UNE PRESIDENCE VERSATILE ET DESTRUCTRICE, sans vision, autoritaire, favorisant une petite oligarchie.
Nicolas Hulot a dû dire finalement qu'il appellerait à voter contre Sarkozy au second tour. Borloo est coincé politiquement : comment affirmer que s'il n'est pas le candidat de droite au second tour, il n'invitera pas à voter Sarkozy ? Du coup, toutes ces bonnes intentions deviennent un écran de fumée pour candidat d'appui au président actuel.
Il est donc temps de penser de véritables alternatives pour que la gauche --voir la panne idéologique des socialistes-- invente enfin des idées pour aujourd'hui.
LE CAS DSK
Dans le maelström sur l'affaire DSK, trois constatations. D'abord, l'hallali public brutal montre bien les excès du news market (il ne faut pas fournir des informations, mais les vendre). En images, on a la fin du film avant qu'il ait commencé (le procès). Une curée et de grandes hypocrisies dans cet extrême décalage entre l'événement (un procès pas commencé) et les scènes livrées.
Deuxièmement, la théorie de la relativité se vérifie encore avec deux points de vue radicalement différents des deux côtés de l'Atlantique sur exactement les mêmes informations. Aux Etats-Unis --ce qui semble plus logique-- la victime apparaît comme la plaignante (pauvre et disant avoir subi des sévices). En France, du moins dans un premier temps, les rôles étaient inversés.
Enfin, toute cette affaire --quelle qu'en soit l'issue-- montre l'extrême fragilité de ce candidat putatif, dont l'image --très "sarkozienne"-- est aux antipodes des attentes d'une population subissant dans sa majorité la hausse hallucinante de l'immobilier, celles des produits de la vie quotidienne et le chômage. DSK était de fait (il le pressentait apparemment) un candidat "fragile", constituant une bombe à retardement pour la gauche. La crise ayant eu lieu avant même toute déclaration de candidature, voilà les socialistes libérés d'un danger considérable et d'une erreur stratégique patente (un piège béant construit par la droite ?). Maintenant, ils doivent prendre en mains leurs responsabilités historiques : union, solidarité, ouverture pour rassembler (sur les questions centrales de justice et d'écologie, dans une vision claire de la mondialisation avec un dialogue local-global, toutes choses mises en avant par SEE depuis longtemps). La route est droite, essentielle pour la communauté française, même si les périls ne cesseront pas --n'en doutons nullement.
|
03 : 05 : 11 |
L'ectoplasme évaporé |
La caractérisation du Mal autour de personnages-leaders est un phénomène ancien et qui a connu avec Hitler un sommet historique. Ces personnages étaient et sont hypervisibles, hypermédiatisés, hyperactifs.
Avec Ben Laden, nous observons tout l'inverse. Ce personnage est ectoplasmique. Il apparaît peu, sur des images amateur, comme un sage ermite à longue barbe dans la montagne. A la fin, il devient un homme-radio, un homme-messages, sans figure. Aujourd'hui --comme pour Hitler et pour éviter tout culte post-mortem--, son corps a disparu. Images ou pas images de sa mort, de toute façon rien ne fait preuve (et les Américains craignent de faire un martyr avec les vues du cadavre défiguré ou de l'assaut, comme ce le fut avec Che Guevara en 1967. De plus, ils ont opéré l'évaporation marine du cadavre pour éviter tout lieu de culte (tel Hitler physiquement disparu en 1945). Bien sûr, les images sortiront un jour ou l'autre.
Pourtant, le cas restera totalement singulier. Sa quasi invisibilité et la visibilité à rebours de son rôle rendent Ben Laden irréel. En images, Ben Laden n'a pas existé.
PS Rien à voir, si ce n'est pas l'entremise d'Edgar Poe. Un autre invisible, peintre de l'effroi, du fantastique ou du merveilleux, enfin sorti de l'oubli. C'est la plus exceptionnelle exposition parisienne actuelle, une claque, enfin autre chose que les sempiternelles redites du business culturel, à voir pour être fasciné ou détester mais à voir absolument : le très grand et le très indépendant et le très expérimental et le très exigeant Odilon Redon.
|
27 : 04 : 11 |
Ne laissons pas le champ des idées aux néoréactionnaires ! |
Généralement, les textes-tracts sont éphémères et circonstanciels. Ils se lisent à peine et se jettent, gâchant le papier. Voici tout l'inverse : 30 à 40 ans de réflexions résumées en une feuille, téléchargeable, diffusable, tirable sur papier, distribuable. Pour une fois, lisez et conservez. Ce texte a été distribué --symboliquement, historiquement et dérisoirement-- à l'Assemblée nationale française le mardi 3 mai 2011 (photographie par Jean-Hugues Berrou). Il a été posté et mailé aux politiques et aux médias.
Ne cédons rien à l'aveuglement et à la paresse intellectuelle. Occupons le terrain des idées. Diffusez-le. Faites savoir.
Stop !
Regardez les vraies
urgences
Chômage ?
Il est temps d’instaurer une pensée de l’utilité sociale qui change le rapport au travail (un
travail-enfer ou un chômage-enfer contre des loisirs-paradis). Ainsi les
frontières mentales seront abolies entre travail salarié et travail non
salarié. Ainsi pourront être qualifiées et labellisées des entreprises éthiques (fonctionnement interne, nature des produits
et services, utilité sociale et environnementale). A cet égard, les
systèmes coopératifs ou mutualistes (pour les banques) prendront une actualité
nouvelle. Enfin, il est indispensable d’évaluer des administrations efficaces et utiles, évoluant dans leurs services,
qui font parfois ouvertement de l’insertion sociale.
Pouvoir d’achat ?
Il faut remettre
l’économie au service du politique. Pour cela, retour à l’hyper-local : d’abord s’occuper de notre
vivre-en-commun et en déduire localement ce que cela signifie. Veux-t-on vivre à Limoges comme à
Carpentras ? Il est temps de penser des micro-économies et des micro-marchés dans des croissances diversifiées.
Pas un productivisme uniformisé planétaire destructeur de l’environnement, ni
une sorte de big bang de la décroissance, mais du « tri sélectif »
adapté à chaque situation, à Wellington, Shangaï, Ouagadougou, Houay Gnoum ou
Saint-Agrève.
Insécurité ?
C’est par l’action de consommateurs-acteurs
que s’organise la vie de nos villages (en Ethiopie ou dans le Cotentin) et de
nos micro-quartiers dans les villes et mégalopoles (Sao Paulo ou Marseille). La
question n’est pas seulement la responsabilité, la mobilisation des familles, la
sanction partout égale, mais aussi des choix directs de priorité à la
proximité, d’éducation, de solidarités, d’agricultures vivrières contre des
monocultures intensives, de fiertés collectives par des actions communes… La
morale (ou le moral) du quartier est la morale (ou le moral) de chacune et
chacun, son imagination, sa mobilisation
dans la valorisation de son lieu de vie.
Education ?
Il est temps d’analyser quelle est la boussole éducative nécessaire à notre environnement (lire, écrire,
compter, mais aussi se situer géographiquement et historiquement,
philosophiquement, visuellement ou musicalement…). La priorité est à
l’acquisition de ces bases pour toutes et tous. Ensuite, il importe d’assurer
des apprentissages tout au long de la vie, car une politique de castes par
diplôme (qui ne signifie rien en capacité à animer des équipes et innover)
reste inadmissible, tout en constituant un extraordinaire gâchis d’énergies. Le
mouvement permet également –dans une optique d’utilité sociale
renouvelée—d’opérer une conjugaison des
générations, abolissant le couperet drastique et stupide de la retraite. Faisons
tout cela dans une restitution du sens de l’effort, du travail, de
l’excellence. Admirons à nouveau nos
savants et nos pédagogues et pas seulement nos sportifs et nos bateleurs.
Santé ?
L’affaire est individuelle, comme une grande peur. Elle est
collective aussi (accès aux soins pour toutes et tous). Le fatalisme dynamique reste la seule façon de comprendre la
catastrophe naturelle et le drame personnel comme normaux, aussi normaux que
leur absence. L’individu doit désormais se responsabiliser
face à sa santé et celle de ses proches (comas, longues maladies…), ne pas
être un consommateur de poudres magiques, de gourous ou d’opérations-éclair
mais engagé dans une vraie réflexion sur l’intensité, la durée, le risque
choisi et la possibilité de l’arrêt. Soyons adultes.
Justice ?
La justice est devenue une langue étrangère faite pour les
avocats et les juges, bourrant des prisons indignes productrices de
délinquance. La justice doit reparler
une langue compréhensible par toutes et tous, dans les prétoires ou en dehors. Car la
justice n’est pas juste affaire de procédures mais l’enjeu général d’un vivre
en commun. Elle ne signifie pas l’égalité, notion impossible à mesurer dans
notre univers de diversité. Elle suppose surtout des règles semblables.
Disons-le, un peu partout dans le monde à quelques exceptions près (des
micro-communautés souvent), l’organisation générale de la société est inacceptable
moralement et économiquement. Aujourd’hui
--il faut le souligner--, l’accumulation exponentielle de l’argent dans
quelques mains est particulièrement dangereuse (crises) et improductive.
Localement et mondialement, le système doit être transformé, par des règles de
transparence et de redistribution, l’arrêt de spéculations artificielles,
l’imposition lourde des héritages les plus considérables, le développement de
l’impôt sur le revenu face aux impôts indirects, la nécessité de la
redistribution quand l’argent n’a plus de sens, la compréhension de la monnaie
comme juste un aspect de l’utilité sociale….
Peur du lendemain ?
Dans son quartier, dans son village, nous sommes toutes et
tous dans la même barque. Les crises, les tsunamis, les nuages volcaniques ou
nucléaires, les pollutions des mers, les médicaments dangereux ou la nourriture
cancérigène sautent allègrement d’un continent à l’autre. Les infos aussi.
Voilà pourquoi toutes les théories de la muraille, du bunker, de l’exclusion,
sont mensongères et idiotes. Peur généralisée ? Maîtrise d’ici, où que
l’on soit. Le rapport local-global nouveau
est bien celui-là : sortir de la société du spectacle pour devenir des
spectateurs-acteurs en réseau qui dialoguent. L’isolement n’a pas de sens,
mais la crainte d’être broyé dans un monde sur lequel on a perdu toute maitrise
non plus. Notre pouvoir local reste direct et considérable –plus important
d’ailleurs aussi en le montrant et en le faisant savoir, comme lorsque les
Inuit de Kanjirsujuuaq expliquent comment ils sont tous coactionnaires de leur
supermarché. Alors, la logique veut que les
armées disparaissent petit à petit au profit d’une police planétaire, agissant
au nom de valeurs collectives évolutives minimales laissant le maximum de
latitudes locales.
Environnement ?
Plus personne vraiment ne nie désormais l’impératif
écologique. Le plus passionnant en la matière n’est pas le catastrophisme ni
les donneurs de leçons d’une nouvelle religiosité, mais le fait que nous sommes
obligés de repenser profondément nos comportements individuels et collectifs.
Pas pour une petite élite. Les
pollutions et la malbouffe touchent les plus pauvres partout. Ainsi, l’expérimentation écologique, la recherche
de solutions nouvelles et diversifiées, conduisent à penser rétro-futuro : ce qu’on garde, ce
qu’on récupère, ce qu’on abandonne, ce qu’on invente. Nul doute qu’une
organisation planétaire minimale (un pacte évolutif) ne soit indispensable pour
pouvoir orienter la barque commune. Nul doute qu’il ne faille préserver une
indépendance scientifique contradictoire pour nous éclairer.
Traditions et culture ?
Les cultures sont en perdition ? Il faut se protéger et
préserver la baguette comme la pâquerette ? Parti voici quelque 60 000 ans d’Afrique, homo sapiens n’a cessé d’évoluer dans ses expressions culturelles. Nous
sommes donc toutes et tous des Africaines et des Africains en métamorphoses. Plutôt
que de parler de culture, il faut caractériser des formes culturelles : le
pluriel s’impose. Il s’impose parce que nous avons des identités imbriquées (brestois, passionné de Japon, juif, taoïste,
rugbyman…) et des histoires stratifiées (locale,
régionale, nationale, continentale, mondiale), en vivant l’ubiquité (ici et avec tout ce que nous regardons sur écran). Il
s’impose parce que nous pouvons tenir au baroque praguois comme au catch, au
rap comme à Hitchcock, à la cuisine comme aux romans sud-américains. Alors, aider aux productions culturelles diverses (qui font image de
plus) est donc aussi important que de permettre, non seulement de préserver la
diversité (ce qui serait conserver l’existant seulement) mais surtout de diversifier la diversité (c’est-à-dire
innover, inventer).
En ce sens, par exemple et tant qu’il existe, le service
public télévisé doit être totalement repensé dans des impératifs visibles où le savoir et la création redeviendront des
modèles sociaux. Quand à la notion de patrimoine, elle est large et induit,
pour chaque société et avec des remises en cause constantes, de choisir ce qui
est conservé, ce qui est restauré, ce qui est laissé à l’usure du temps, ce qui
est donné ou vendu, ce qui est détruit. Le
tout-conservation aveugle ne peut être une politique durable pour des
sociétés en évolution.
Bonheur ?
Voilà un mot dangereux. Que de crimes ont été commis en son
nom. Que de sacrifices inhumains. Il est temps d’adopter une conception expérimentale et évolutive de l’existence, une conception relative. Alors
que nous désespérons souvent de nos modes de vie ici en Europe, nous les exportons
de façon violente dans le monde. Ce faisant, en quelques années, nous
acculturons des pays entiers par nos subventions, notre pacotille, nos
médicaments et nos ONG faisant le Bien ou nos images. Il n’est certes pas de
forêt primaire et de civilisation sans évolution et il apparaît normal que
chacune et chacun change, mais cela doit
se faire dans une bourse mondiale des comportements. Un Yao en pleine forêt
a autant raison qu’un Parisien de la Goutte d’Or. Pas de progrès, pas de
regrets, un mouvement rétro-futuro, une dynamique évolutive.
Alors, dans ce monde multipolaire, ce monde de la relativité,
ce qui devient la vraie césure réside entre les tenants du pluralisme (accepter la pluralité de conceptions du monde et
évoluer : plurofuturos) et ceux
de la voie unique (avoir une
conception arrêtée et figée et vouloir l’imposer partout : monoretros). Désormais –religieux ou
pas religieux--, le pluralisme est, pour certaines et certains, un combat sans
cesse à renouveler.
Rejoignez-nous, propagez ces idées.
www.see-socioecolo.com
|
05 : 04 : 11 |
Socio-ecolo from everywhere ! |
Le parti socialiste français a fait 30
propositions pour l'élection présidentielle de 2012. Elles sont intéressantes
et prometteuses, donnant des signes dans les domaines qui nous semblent
prioritaires : justice et durabilité (voir SEE). Néanmoins, trois aspects
manquent : la revitalisation du local, la place du savoir et de la création
comme modèles sociaux et la solidarité planétaire. Tentons de hausser les
perspectives pour mettre en évidence ces enjeux et aider notre pays à bouger,
s'ouvrir, continuer à faire modèle (avec d'autres).
La revitalisation du local consiste à
responsabiliser chacune et chacun pour une vraie démarche de citoyenneté. Des
consommateurs-acteurs pèsent sur les micro-économies diversifiées des
territoires. Des modes de vie et des comportements variés peuvent se
développer. Veux-t-on vivre à Quimper comme à Meaux ? Il est temps de comprendre
les marges de manoeuvre considérables que nous avons sur notre vivre-en-commun,
ne serait-ce que grâce à nos choix de consommation. Les Inuit de Kanjirsujuuaq
sont copropriétaires à égalité de leur supermarché et de leur banque. Chaque
ville est un agrégat de petits quartiers. Chaque immeuble est une communauté de
vie. La vision déstabilisante de choses décidées de loin dans une globalisation
aveugle se combat par des comportements de proximité. Il faut réveiller
les solidarités locales où chacune et chacun peut agir directement.
C'est la remise à plat d'une économie qui devient la conséquence d'attitudes
philosophiques individuelles, de choix personnels pour la vie collective dans
son univers directement visible.
Deuxième aspect : la mise en valeur du savoir et
de la création comme modèles sociaux est désormais un impératif fondamental des
sociétés actuelles. La seule visibilité des puissances d'argent ou politiques
ou sportives ou des bateleurs médiatiques (chanteurs, acteurs, actrices) ne
peut suffire comme modèle pour nos enfants. Cela constitue de plus une vision
déformée de l'utilité sociale. Il faut réévaluer le travail comme un
moyen d'émancipation et de développement individuel, en sortant de la
caricature : travail-enfer, loisirs-paradis. C'est bien à des entreprises éthiques que nous appelons, à une vraie réflexion
interne sur les fonctionnements et à la visibilité publique induite. C’est à
des administrations efficaces que
nous appelons aussi, car le service public est central pour nos sociétés. C’est
enfin à un tissu d’associations qui permettent la conjugaison des générations et l’insertion que nous appelons.
Pour tout cela, l'éducation est fondamentale.
C'est là où le respect du savoir s'établit et où chaque enfant peut disposer
d'une "boussole éducative" : lire, écrire, compter,
certes, mais aussi se situer dans l'espace et dans le temps, maîtriser son
corps et avoir des repères face à cette nouvelle interface à notre ère de
l'ubiquité : le bombardement d'images venues d'ailleurs. L'éducation se fait
tout au long de la vie dans une vision évolutive des tâches.
De plus, la déqualification à l'oeuvre par le
brouillage et la circulation de tout et n'importe quoi doit être combattue
grâce à la mise en valeur des scientifiques et des créateurs. Il faut redonner
de l'ambition --et une raison d'être-- au service public télévisé, par exemple,
comme à l'édition aidée d'ailleurs. Les cultures sont des expressions
sociales fondamentales sur plusieurs niveaux : la défense des diversités
d'expressions ; les industries culturelles et leurs développements planétaires
; les images de marque des territoires. Ce sont bien ces ambitions
renouvelées avec la volonté de structurer des pôles d'excellence en réseau qui
doivent dynamiser ce qui reste peu visible et faire modèle.
Enfin, les catastrophes nous montrent que nous
sommes entrés sur une planète pas seulement finie mais inévitablement
solidaire. Nous y avons des identités imbriquées dans des niveaux qui vont du
local, au national, au continental, au mondial. Il faut penser ici et
partout. La chance offerte par les questions globales --énergétiques,
de pollution, alimentaires, climatiques...-- réside dans l'obligation de
structurer un pacte mondial minimal commun et de repenser, avec une variété de
solutions, les comportements quotidiens. La relativité générale conduit à
expérimenter partout, écouter, évoluer, sortir de l'illusion d'un modèle
parfait applicable uniformément.
La fin de la vérité absolue pour tout le
monde, à l'heure des diversités de convictions et d'interprétations du
réel, est une très bonne nouvelle. Elle situe le véritable
affrontement à venir : les tolérants qui acceptent (et désirent souvent)
l'altérité et les intolérants qui veulent imposer une vision arrêtée de
l'histoire et uniformiser les comportements. En antireligieux cohérent, je me
sens plus proche d'un religieux tolérant que d'un athée intolérant. Et suis
prêt d'ailleurs à combattre toute persécution dans ce domaine.
Voilà donc les termes des vrais débats de fond à
mener. Haussons le ton et servons-nous de cette élection présidentielle pour
afficher des ambitions, en sortant de débats fétides et éculés qui ne sont en
rien porteurs de solutions d'avenir.
PS J'ai eu, après ce texte, un échange électronique avec Michel Onfray. Il a en effet publié dans le journal Le Monde du 3 avril 2011 un article sur les trois gauches françaises : libérale, anti-libérale et libertaire. La distinction est assez juste, sauf qu'il oublie la variable écologiste conduisant à reclassements et sous-classements et liant parfois des tendances qui vont de la droite bonapartiste ou démocrate-chrétienne aux libertaires. Personnellement, je suis écolo-libertaire et pense que les dimensions sociale et environnementale sont fondamentales (voir SEE). La gauche anti-libérale, que j'appelle autoritaire, m'a toujours fait peur depuis la fin des années 1960, d'où mes amitiés situationnistes et libertaires ou ma seule adhésion au début des années 1970 : au Collège de 'Pataphysique. D'où le fait que j'ai toujours considéré que le romantisme terroriste des anarchistes perdit le mouvement. Mes amitiés n'ont pas cessé (voir mon film A travers les utopies). Avec l'âge, j'ai voté pour la gauche libérale et le referai en espérant qu'elle puisse être aiguillonnée par les millions d'écolo-libertaires. Car --je le vois dans le monde-- des masses entières de personnes sont en fait sur cette position théorique dans leur manière de se comporter, sans jamais la définir ainsi par volonté de ne pas s'enfermer dans une étiquette. Du coup, le peu de mobilisation de ces millions de personnes, leur totale invisibilité quand 10 crétins extrémistes occupent les médias et aussi leur non-représentation, puisque la plupart ne votent pas. C'est un grave déficit du système dit-démocratique. Désormais, il faut agir localement, mais aussi le faire savoir. Justice et durabilité.
|
30 : 03 : 11 |
Nouveaux médias, nouvelles idées |
La période actuelle est délétère. Il est vraiment temps de renouveler totalement nos manières de penser et les vecteurs de nos idées.
Avec SEE (www.see-socioecolo.com), nous tentons de faire comprendre aux Français que les débats sans objet sur leur identité ou quelques boucs émissaires nous ont été servis depuis trop longtemps. C'est un écran de fumée aux vrais problèmes. J'ai envoyé la brochure SEE à beaucoup de personnalités et aux médias. Pas de réponse mais des signes : Martine Aubry parle le soir des cantonales à plusieurs reprises de "justice". Laurent Wauquiez avec d'autres signataires ou les responsables des différentes religions s'inquiètent des dérives d'un débat sur la laïcité.
Nous le répéterons : la présidentielle ne doit pas être l'occasion de s'embourber dans des
questions délétères, mais traiter des deux vrais sujets
essentiels pour le présent et le futur : la justice et la durabilité. Et de bouger : repartons du local, de ce sur quoi nous avons prise, pour interpeler le global. Il est temps de cesser de dresser les Français les uns contre
les autres et de dénigrer les compétences avec des ascenseurs sociaux en
panne. Voilà pourquoi il importe de réévaluer le savoir et la création
comme modèles sociaux, sous peine de tomber dans la marchandisation
comme seule bourse de la valeur dans une acculturation généralisée, ce
qui ne peut en rien former le socle pérenne d'un vivre-en-commun.
Nous ne nous ferons pas voler cette présidentielle par des caquetages excités sur des problèmes sans objet pour laisser en place tout ce qui ne va pas : l'oligarchie politico-médiatico-financière et la non-préparation du futur.
Voilà pourquoi l'écroulement médiatique n'est pas une bonne nouvelle : les anciens médias paniqués se concentrent et serrent les fesses, les nouveaux sont à peine émergents, peu nombreux et de peu d'audience. Alors l'argent et le marketing dominent à la télévision déliquescente évidemment mais aussi dans la presse et l'édition. On célèbre à juste titre Gaston Gallimard, au temps où un tel homme est impossible et serait foutu à la porte. Relisez le journal de Queneau ou l'album Pléïade Queneau et vous verrez quelqu'un qui ne vendait rien mais continuait à être publié. Impensable désormais, hormis un intérêt stratégique mais pas littéraire.
Dans les médias, c'est pareil : chacun a peur de perdre sa place. Vous avez des grands patrons qui passent allègrement de poste en poste, du Nouvel Obs au Figaro puis au Point, des multicartes qui se repassent les plats entre eux, même sur le service public télévisé, sans que personne n'y trouve à redire. L'amoralité et l'avidité n'ont jamais été à ce niveau. Parallèlement, il existe un lumpenproletariat médiatique précarisé dont les conditions de travail sont de plus en plus mauvaises, la marge de manoeuvre quasi nulle et la capacité d'enquêter impossible. Et puis, nos médias alternatifs restent souvent dans l'ombre.
La multiplication des médias est un moyen d'étouffer la diversité d'expression. En effet, le nombre (toutes ces fausses chaîne de télévision sans contenu ou ces milliers de sites Internet pour ne rien dire) noie le public et les quelques voix sérieuses et différentes ont du mal à émerger : on ne parle que de ce dont on parle. La vraie liberté d'opinion est en danger quand le savoir et la création ne sont plus des modèles sociaux respectés. Ainsi n'importe quel people hurlera une assertion factuellement fausse et personne ne le contredira, par ignorance. Si un vrai spécialiste le fait (et pas ces péroreurs de café du commerce qui s'arrogent des étiquettes, "philosophe", "sociologue", "historien"...), il ne sera pas entendu et, si par miracle il l'est, le "people" ne sera pas pour autant déconsidéré.
De plus, une étrange agressivité voit le jour. La haine féroce des féodaux submergés. Alors, des péroreurs cacochymes (du genre Claude Hagège) s'étranglent pour le moindre accent circonflexe omis, tandis que la mutation quotidienne de l'écriture est immense. Personnellement, l'évolution d'une langue ne me terrorise pas même si je suis --dans ce domaine encore-- un adepte du grand écart, aimant la radicalité d'expressions crues du moment et la poésie d'un mot rare (j'ai le sentiment délicieux de le sauver en le prononçant, mais j'en invente aussi d'autres).
Pour le numérique en général, je suis pareillement consterné par la bunkerisation idiote des tenants d'un système ancien. Il va falloir panacher les pratiques. Un cri comme celui de raphaëlle Rérolle en "une" du Monde des livres contre l'auto-édition me fait beaucoup rire (j'espère que c'est une blague pour le 1er avril 2011). Car, contrairement à ce qu'elle écrit, le marketing vendant des livres comme des "boites de petits pois" n'est pas le fait des auteurs-éditeurs mais bien la conséquence de la disparition des éditeurs au sens gastongallimardien du terme ou bernardgrassettien. Bien qu'ayant beaucoup publié, je n'ai personnellement jamais été "suivi" par aucun éditeur et, désormais, échappant à la peoplisation, l'auto-édition est le seul moyen de sortir des ouvrages novateurs, d'échapper aux savonnettes.
Heureusement, il y aura un tri sélectif aux poubelles de l'histoire.
De même, ne jamais citer ce qui sort sur Internet de plus original pour en donner une image négative et claironner que le Net est le lieu des rumeurs et des fausses nouvelles, est ridicule. Il existe beaucoup d'infos maltraitées dans le système traditionnel, vite fait mal fait, avec des à priori lourds comme des immeubles et un panurgisme éreintant, rendant beaucoup de personnes inaudibles et invisibles, même si elles ont raison. Pourquoi pareille agressivité ? Pour garder son influence, en petit commando de la pensée ?
Pourtant, malgré le marasme d'un système aidé artificiellement ne servant que lui-même, les internautes demandent-ils la disparition du papier et la fermeture des officines sous respiration artificielle (avec argent de l'Etat) ? Non, nous nous organisons autrement et réclamons une attention égale et respectueuse. De toute façon, bientôt il existera probablement des entreprises au sein de groupes multimédia pour du marketing papier et des éditeurs de niches, micro-édition pouvant avoir par moments un succès plus large.
Ne nous lamentons pas : voilà les errements d'une mauvaise période de transition. Face à cela, il faut tenir le cap des idées (quitte à être récupéré), de l'intransigeance, et mettre en place des réseaux parallèles d'expression, comme ce site Internet.
Va-t-on enfin regarder le monde tel qu'il se transforme ou sempiternellement s'adresser aux plus veules et aux plus stupides, aux plus peureux et aux plus rétrogrades ? En souhaitant qu'ils le soient au lieu de les tirer vers d'autres idéaux. Nouvelles idées, nouveaux médias. Ici et partout, nous bougerons, nous n'accepterons pas la société de la haine et du fric, des pollutions et de la peur de l'autre. Et, même si personne ne nous donne la parole, nous sommes des millions, en fait.
|
30 : 03 : 11 |
Parti de rien... |
Parti de rien,
je suis arrivé nulle
part
Le blues des 55 ans et
de pas toutes mes dents
Certaines ou certains partent de quelque part. Ce quelque
part ne consiste ni en un lieu, des personnes, un environnement, mais un
héritage, une marque de fabrique, souvent financière, politique, religieuse ou
de notoriété, toujours héritée. Concédons que cet héritage peut être lourd et
difficile à gérer.
A l’heure où tout le monde montre ses plaies à la Terre entière, dévoile ses
grains de beauté et ses verrues, ses peines de cœurs et ses maladies, je me
considère comme parfaitement insignifiant et inintéressant. Certes, j’ai des
caractéristiques biographiques mais bon, tellement anecdotiques que je n’en
fais pas une soupe (et invite d’ailleurs mes congénères à nous lâcher un peu
les baskets avec leurs éraflures de l’âme). Mon admiration profonde va à ces
peuples du fatalisme dynamique, qui
comprennent que le bonheur et le drame sont également inévitables et qu’il
importe, face à cela, d’avoir le sens de la relativité et l’énergie du présent.
Parti de rien, de pas grand-chose donc, mais pour arriver
où ? En rase campagne, en no man’s land, en Los Feld, en terrain vague. J’ai
tellement réussi à brouiller les pistes que personne ne suit ? Une
roulette où la boule tombe inévitablement ailleurs, chez les autres ? Il est
difficile de poser un regard lucide sur le présent.
Livrons en vrac les spasmes d’un essai de bilan.
La vérité oblige d’abord à accepter son inefficacité. Suis-je
parvenu à une fonction sociale valorisante ? A la fortune ? Honorable
sûrement, valorisante pas vraiment. Disons-le nettement, ma vie est un échec en
termes de pouvoir et d’argent. Un échec total à l’époque où les idées et la
culture sont méprisées face au business et au show business. Mon père était nettement
plus riche que moi, alors qu’à 55 ans mon banquier m’appelle encore pour des
débits chroniques, quand se loger est devenu hors de prix pour les
non-héritiers et les carrières moyennes devenues très médiocres. Mais sont-ce là
les indicateurs de la satisfaction et du regard positif sur soi ?
Tout dépend des buts que chacune ou chacun s’assigne –ou
devrait s’assigner. Moi, je suis incapable de tenir un bar, laver les verres et
bavarder avec les amis en dormant sous les ramures de chênes quand le lac étale
luit sous un soleil poudré. Du moins, le vivre dans la durée, la répétition.
Insatisfait perpétuel ? Au moins suis-je exempt des
excès de la nostalgie imbécile survalorisant sans mémoire réelle ce qu’on
choisit dans le passé. Un passé impossible rendant le présent invivable.
Quel est le blème alors Laurent ? Probablement
l’invisibilité vécue comme une inefficacité à peser sur l’évolution
collective : je me sens sous-employé. En effet, faisant partie des
invisibles de nos sociétés, je n’existe pas. Mais ai-je fait quoi que ce soit
pour exister médiatiquement ? Ai-je ciré des bottes et pris des cartes
pour obtenir des postes ? Certes, non. Donc, je n’ai nullement à me
plaindre. J’obtiens ce que j’ai cherché et évite ce que j’ai fui.
D’autant qu’on peut observer, par contraste, la cruauté peu
enviable vis à vis de superpuissants s’écroulant dans l’anonymat ou l’opprobre.
Parallèlement, des personnages comme Tristan Tzara ou Guy Debord, étaient dans
une semi-confidentialité et ont connu ensuite –pour un milieu intellectuel—une
gloire parfois excessive (dans le cas de Debord), car touchant presque au
fétichisme, à la religiosité.
Roland Topor, à l’intelligence surnuméraire, généreux
d’esprit et de conduite, disait de ses livres invendus, soldés pour presque rien,
qu’ils trouvaient leur vrai public. Elégance du rire foutraque face à la
bêtise, malgré les pincements de la tristesse.
Alors, panique à bord ? Stop. Faut sauter par les
hublots ? All is black ?
N’y aurait-il pas là un peu de coquetterie intellectuelle,
Mister Gerv ? Une manœuvre afin de susciter des compliments ?
Bon, donc crachons-le, quand on a réfléchi sous diverses
formes à notre monde en transformations, soit sous l’angle scientifique
(histoire des images), soit sous l’angle philosophique (philosophie de la
relativité) ou politique (SEE/socio-ecolo-evolutionists) et littéraire (L’homme planétaire) ou cinématographique
(« cinema espresso »), on peut raisonnablement s’estimer satisfait.
D’autant que mes presciences des années 1970 sont plus que confirmées
maintenant au XXIe siècle.
Mais combien de fois me suis-je senti seul à voir ce que je
voyais ? Comme si tout l’enrobage social et médiatique obscurcissait
complètement la vision de mes contemporains. Comme si j’étais le dernier des
Mohicans à considérer, par exemple, le service public télévisé dévoyé, le
savoir éliminé des modèles sociaux, les consommateurs totalement passifs face
au fonctionnement des entreprises, nos identités imbriquées et nos histoires
stratifiées ou l’écologie comme d’abord un impératif social (car la pollution,
les catastrophes ou la malbouffe touchent en premier lieu les plus pauvres).
Cela importe peu : j’ai pris date et ce travail
souterrain ressortira à un moment ou un autre. Ressortira-t-il ? Les
dangers de notre époque sont doubles : immersion et récupération.
L’immersion constitue l’aspect probablement le plus grave. La quantité de sons,
d’images ou de textes produits est telle que forcément des choses remarquables
peuvent se faire sans qu’il n’y ait plus aucun rattrapage, d’autant moins que
les supports numériques signifient aussi danger de disparition totale. Le bon
grain et l’ivraie se mêlent quand la déqualification généralisée règne et que
des « people » présentent ce qu’ils n’ont ni écrit ni conçu.
La récupération, elle, est une manie déjà dénoncée par Guy
Debord. A son époque, elle se pratiquait généralement en citant les sources.
Désormais, au temps des thèses copiées-collées ou inventées, au temps de la
baisse du niveau culturel des médiateurs et des politiques –d’où d’ailleurs
leur haine des savants considérés comme des « emmerdeurs »--, au
temps où les plus brillantes ou brillants sont moqués en classe, la
récupération devient un exercice habituel et mafieux. Personne ne cite plus la
source première, jamais, ni la référence, et des olibrius se précipitent en
pleine lumière pour hurler sans vergogne (il faut hurler sur les plateaux de
télévision désormais –probablement pour réveiller les maisons de retraite) les
idées des autres, tandis que des pionniers courageux ont passé leur temps à
entendre qu’ils n’entraient dans aucune catégorie, que cela n’intéressait aucun
public, qu’il n’existait pas de rayon pour présenter cela. Ensuite, les voleurs
se gobergent et se constituent ainsi une image de marque en petits cambrioleurs
du lumpenproletariat de l’intellect, ces crétins modestes qui ont le tort de
faire un travail de fond dans l’ombre, les rats peureux de la pensée,
faméliques parfois.
Coucou à mes amies et amis des galeries souterraines…
De surcroît, ma génération est celle des sacrifiés :
passés de crise en crise, arrivée après celle du « baby boom » qui a
tout eu, du développement économique et de la longévité, il nous fut asséné
d’attendre des conditions meilleures. Nous avons attendu et les conditions sont
pires, au temps où les techniciens de l’économie et du marketing dictent leur
loi : le triomphe des plombiers sur les architectes. Cela a commencé avec
Giscard d’Estaing. Le politique est revenu au pouvoir avec Mitterrand au début
mais ensuite les techniciens n’ont plus lâché prise entre un Mitterrand malade,
un Chirac ne sachant pas quoi faire du pouvoir et un Sarkozy courant dans tous
les sens après les sondages, plus mauvais communiquant au monde à force de
vouloir communiquer, zébulon illisible répulsif agissant en commando contre
même l’appareil d’Etat vu comme hostile. Alors, pour nous, qui voulons
simplement que l’argent public soit bien employé et qui avons une connaissance
certaine des moyens à mettre en œuvre, arrive la marginalisation.
J’ai heureusement réussi, avec mes activités autour de
l’écologie culturelle, à ouvrir un territoire passionnant et à ne pas être
honteusement sous-employé comme nombre de mes collègues (qui souvent foncent
vers une retraite anticipée). Mais que de « cadavres » autour de
moi, que de gâchis humains et matériels et que d’amour nous devons avoir pour
ce pays à y être resté au détriment de nos finances et de notre prestige (ce
pays est incapable d’exporter ses savoirs et ses créateurs).
Bon, sachons raison garder. Même si cela ne m’a absolument
rien rapporté, car je suis arrivé au temps de l’écroulement du livre et que je
n’ai généralement pas eu le support des grands éditeurs, j’ai la présomption de
penser que mon long travail de fond, lu juste par quelques-uns, finira par atteindre
une certaine lumière. Hasardons-nous dans un élan présomptueux : même une
lumière internationale, car ma réflexion fut toujours locale-globale.
Bon. D’accord, continuons à nous rassurer. Pour éviter la
corde ou les pilules à cause du sentiment d’inutilité et de vanité absolue, je
sais avoir autour de moi et même dans mon univers professionnel des personnes
qui m’aiment et que j’aime profondément. Il arrive d’ailleurs que des
débordements commencent avec des « fans » que je calme assez vite en
leur expliquant l’aspect sympathique mais déplacé de la démarche. Etre libre,
c’est aussi déplaire.
Finalement le terrain vague où je suis arrivé, au pays des
diplômes et des étiquettes à vie, peut être, à y regarder bien, un beau pays.
Ce n’est pas un enclos, une prison, mais un terrain d’expérimentations et
d’explorations. Rester curieux. Fureter.
Alors Gervereau, de quoi te plains-tu ? Je peste surtout
contre la cécité collective. Elle est probablement due à la période de
transition que nous vivons. La concentration médiatique liée à une oligarchie
qui passe en boucle, dans un contexte de surproduction généralisée noyant tout,
n’est pas encore compensée par une vraie démocratisation des sources, par cette
apparition nécessaire d’autres regards. Des X ou Y (genre savonnettes marketing
nommées BHL ou Max Gallo) écrivent n’importe quoi n’importe où, quand on passe
encore son temps à alerter par des articles ou des images –en vain. Ce n’est
jamais son tour. Et quand on parle, cela n’intéresse personne.
En 1992, par exemple, tout le monde se foutait de la guerre
d’Algérie (mon expo avec Benjamin Stora et Jean-Pierre Rioux fut un bide). En
2004, tout le monde se surexcitait autour de la guerre d’Algérie (et avec
Benjamin, nous avions un éditeur en faillite incapable de fournir les livres au
vernissage…)
Bref, nous ne sommes vraiment pas passés de la société du
spectacle aux sociétés des spectateurs-acteurs, lançant des canaux différents
pour des choix différents, permettant au public de comprendre la relativité, le
comparatisme, les emballements et les rumeurs.
Je dois être un impatient.
Et probablement mourrai insatisfait de ce que je n’aurai pas
encore réalisé. Ou gâteux bavant piqué.
P.S. Si je survis, ce
texte me servira à ne pas oublier mes rages et mes espoirs, tout en portant
témoignage de nos temps confus et piégeux.
|
18 : 03 : 11 |
APPEL : remise à plat du service public télévisé |
Un service public télévisé dévoyé : exigeons une remise à plat !
Ce
qui vient de se passer sur FRANCE 2 (11 mars 2011) devrait conduire à
prendre des mesures d’urgence. Une émission de seconde partie de soirée a
en effet été consacrée à faire la promotion d'un livre d'anecdotes
historiques de Stéphane Bern, présentateur par ailleurs
de la chaîne : collusion d'intérêt inacceptable. Bern est de plus donné
comme modèle de l'historien : insulte au travail historique et signe de
l'écroulement culturel total. Il est d'ailleurs le seul à rappeler
qu'il n'est pas historien.
Les mots ne veulent plus rien dire
dans ce monde de l'apparence. Quel modèle pour nos enfants ? Il importe
donc de redonner leur valeur aux termes, sa dignité au travail, du
respect aux chercheurs. Ce scandale de collusion d'intérêt et d'insulte
au labeur scientifique devrait éclater, en analysant par le menu la
nature des pratiques et des programmes. Le plus étonnant est que de tels
faits n’émeuvent plus personne. Il s'agit pourtant d'un détournement
d'argent public à l'heure où les médias vont mal et où une véritable
pluralité est nécessaire.
Que fait le Conseil supérieur de l'audiovisuel ?
Pourquoi
un tel silence (le reste de l’émission consistant d’ailleurs pour le
Directeur du magazine Le Point, patron de l’émission, à faire la
promotion du livre du directeur du magazine Marianne) ? Parce que
beaucoup ont démissionné en ne regardant plus cette petite lucarne ?
Parce qu'ils ont peur d'être bannis des écrans, alors que c'est déjà
matériellement le cas et que même une chaîne comme France 5, censée être
éducative, sert à recycler les journalistes en ne donnant à aucun
scientifique ou pédagogue la moindre maîtrise sur un programme ? Les
médias se plaignent de leur mauvaise image dans l'opinion publique, mais
ce genre de copinage patent par des multicartes est visible et dégoûte
beaucoup en silence. Ne rien dire décrédibilise encore plus la sphère
médiatique : ce n'est pas son intérêt.
Il est donc temps de
mettre en place un code de déontologie clair pour empêcher de telles
pratiques (comme lorsque le journal Le Monde signale les ouvrages de ses
collaborateurs dans une rubrique à part) et de redonner du sens aux
mots "service public" (en l'occurrence en invitant de vrais historiens
pour parler d'histoire). Le savoir et la création doivent trouver ou
retrouver une visibilité, parmi les modèles de notre société. C'est toute la conception du service public
télévisé qui doit être repensée --ou ce dernier supprimé.
La
chose est suffisamment grave pour que le Conseil supérieur de
l’audiovisuel et nos deux Assemblées se prononcent. Il est de plus de
l’intérêt même des médias et de leur image dans l’opinion publique que
certaines pratiques cessent.
Un rapport à l’issue d’une grande
enquête est désormais nécessaire pour assainir le fonctionnement de
France Télévisions et que les mots « service public » aient un sens
autre que l’appropriation de l’argent public par quelques intérêts
privés, tout en ouvrant la visibilité sociale au savoir et à la création, bannis
des écrans.
Soutenez cet Appel sur ce site : www.gervereau.com en allant sur "contact"
(Laurent Gervereau est Président de l’Institut des Images). L’Appel a
été officiellement adressé aux Présidents de l’Assemblée nationale, du
Sénat et du Conseil supérieur de l’Audiovisuel. Il est soutenu et publié
par la Ligue de l’Enseignement.
Je publie avec cet Appel une
photo de Jean-Pierre Vernant fouillant en Grèce, un de ces personnages à
côté desquels la télévision est passée, comme Georges Charpak ou
Edouard Glissant et tant d'autres.
Post Scriptum : la librairie Encre de Chine (51 bis rue Lamarck 75018 Paris-FRANCE) est devenue le dépositaire de la brochure SEE / Socio-Ecolo-Evolutionists ! (regardez "lire plurofuturo / SEE" sur ce site et allez sur www.see-socioecolo.com) et de la bande dessinée Mixplanet.
|
11 : 03 : 11 |
Japon : admirons le fatalisme dynamique |
Je publie cette image ancienne d'un paysage serein, rapportée du Japon, alors que le tsunami frappe. Le Japon résiste à la dévastation avec pragmatisme, dans un fatalisme dynamique. Voilà ce qui doit nous toucher.
En tournant mon film La Fabrique des images hybrides, j'ai pu voir la sérénité au moment du passage d'un cyclone. Ce panorama des images au Japon, de Hiroshima à nos jours, va être projeté à nouveau, demandez-le par ce site. Il est urgent en effet de comprendre et de rendre hommage à une société très attachante, respectueuse de l'autre, amoureuse de la nature. Cela devrait donner honte à nos médias excités de spectaculaire, avides de larmes et de hurlements en direct, qui courent après une ou un franchouillard hurlant à 400 kilomètres du drame. Leçon de courage et de responsabilité. Cette société esthétique nous montre l'exemple.
Concevoir une planète relative, c'est avoir la modestie de grappiller partout des modèles différents. Voilà le sens de l'écologie culturelle, en diversifiant la diversité, en changeant de valeurs ("lire plurofuturo"/SEE sur ce site et allez voir www.see-socioecolo.com qui s'ouvre).
Je pense intensément à mes amis japonais et incite à la dignité.
Et maintenant, les angoisses liées à cette peste invisible : le nucléaire (j'ai voulu émigrer en Australie dans les années 1970 où Giscard d'Estaing multipliait les centrales...).
Post Scriptum. Allez voir sur Facebook la page Laurent Gervereau où j'ai publié, en dernier des Mohicans d'une certaine morale du service public télévisé, un article condamnant les conflits d'intérêt quand les présentateurs s'invitent entre eux (il est urgent d'établir un code de déontologie à cet égard) et le n'importe quoi de bateleurs intronisés "historiens" pour des livres-marketing d'anecdotes de seconde main. Nous ne devons jamais nous habituer à l'inadmissible. Il est temps de faire un grand rapport sur les fonctionnements de France Télévisions, de manière à ce que les mots "service public" retrouvent un sens autre que l'appropriation de l'argent collectif par quelques intérêts privés.
|
28 : 02 : 11 |
Visite à Vigo, images qui mentent, faux débats croupis |
Je suis revenu à Jean Vigo par le dessinateur Raoul Cabrol, son ami. Revenons à Vigo (avec l'aide de sa fille passionnée, Luce). A Nice, je cherchais Vigo. Mais, comme partout, personne ne connait l'histoire de sa ville, même à la cinémathèque locale, alors que Vigo avait lancé un ciné-club. Revenir au local : propager la connaissance longue du local et l'inscrire dans un rapport local-global, voilà un combat que je mène depuis longtemps et qu'il faut faire déboucher (SEE).
J'ai peiné pour le suivre à la trace après Manuel de Oliveira (A propos de Vigo en 1983). Voilà son premier logement (repeint) quand il arrive en décembre 1928 près du port chez son amie communarde Janine Champol au 19 bis boulevard de l'Impératrice de Russie, devenu boulevard de Stalingrad (avec une partie boulevard Lech Walesa). Dans ce jeu de piste --prétexte en fait aux dérives, aux songes et à reparler de lui--, il va, s'étant marié avec Lydu Lozinska, avenue Padéri (villa des Deux Frères, quartier du Bas-Fabron) près des studios de la Victorine et sa correspondance indique ensuite : Villa La Muette (sic), Chemin de Fabron.
Tout en suivant ses traces, j'écrivais dès 6 heures du matin Les images mentent ? Manipuler les images ou manipuler le public, synthèse qui m'est réclamée sans cesse depuis 2000. Ce sera une exposition en 40 étapes de diffusion gratuite sur le site www.decryptimages.net. Ce sera un livre. Il est écrit.
Et puis, ça y est, la brochure SEE (socio-ecolo-evolutionists) est imprimée et va être diffusée pour ouvrir un peu les fenêtres mentales et interpeler. Merci aux ami(e)s du Brésil et du Canada qui m'ont poussé avec chaleur. Soutenez et imaginons autant que de l'autre côté de la Méditerranée, quelles que soient les difficultés. Arrêtons le piège des faux débats genre "islam" ou "laïcité". Notre urgence est la "justice" (ascenseur social à rétablir, droit équitable et appliqué pour tous, éthique de l'économie --qui est la base de son efficacité) et la "durabilité" (repenser nos comportements, devenir des consommateurs acteurs, agir sur notre univers visible direct en dialogue avec d'autres sur la planète). Cela fait des années que j'écris à ce sujet. Maintenant, les ficelles sont un peu grosses. Entrons enfin dans le XXIe siècle. Balayons les esprits croupis à droite comme à gauche, les baveux aigris. Parlons des enjeux réels. Une fois de plus ne nous faisons pas voler l'avenir (fauteuiltronik.com/BOOK) et bâtissons une planète juste et durable (SEE dans "lire plurofuturo" sur ce site). Bougeons.
|
|