Voilà une vraie opération comparatiste, telles que je les ai initiées et pratiquées au Musée d'histoire contemporaine. Sur des années oubliées, de réconciliations et d'échanges franco-allemands. Un commissariat presque toujours partagé, ici avec mon ami Hans-Joachim Neyer et Robert Frank. La moitié de spécialistes allemands et la moitié de spécialistes français. Toujours de grands artistes/graphistes pour créer l'image générique : ici, l'Allemand Gunter Rambow. Des oeuvres et pièces venant des deux pays. Une interprétation libre de la scénographie dans chaque lieu. Paris, Musée d'histoire contemporaine, où je me suis battu pendant des années pour expliquer que ce n'était pas le Musée de l'Armée (nous dépendions de l'Education nationale) et, non, qu'on avait pas plus de place ni d'argent. Alors, nous faisions de vrais livres-bilans bourrés d'inédits et tentions d'innover sur les thématiques. Je découvrirai au Martin-Gropius-Bau une exposition totalement différente avec les mêmes éléments : quel plaisir, puis à Saarbrück. Mais quel trouble d'être si près d'un mur disparu dans une cité éclatée, sans centre, avec traces (exhumation de salles de torture). Je garde la mémoire d'un îlot hors du monde, avec une vie peu chère à l'Ouest, Kreuzberg et tous les amis alternatifs du Werkbund, les concerts dans les squatts et la peinture rageuse et tout le fonds de Herzfelde, éditeur frère de John Heartfield. Et le petit musée dans le métro du truculent dessinateur Heinrich Zille, fulgurant photographe du quotidien en petits clichés de 1900. La course au moderne, quand on voulait bâtir un monde neuf après 1918, des années 1920 oubliées, de cris d'abord et d'appels à la beauté moderne ensuite. Le temps-cinéma. |