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68 |
Type de trace : expo et livre |
date de parution : 3 mai 1988 |
Pas moins de 304 pages. Là encore, le travail fut pionnier. Personnellement, de 1968, j'ai la mémoire de la 2CV de ma prof d'anglais qui nous amenait clandestinement à Paris, des boutiques dans Versailles pillées en sucre et pâtes par une population terrorisée et de l'ordre moral difficile à imaginer aujourd'hui (je lisais Sade grâce à Pauvert et Barbarella grâce à Losfeld). En 1988, dans les années gauche caviar et Bernard Tapie, ce fut le rejet des baba cools. Les maos étaient dans la presse ou la pub. 1968 n'était pas du tout à la mode et nous fûmes les seuls courageux à faire ce gros travail. J'insistais pour appeler cela "mai-juin 68", car en fait toutes les images produites, ou presque, datent de juin. Avec Geneviève Dreyfus-Armand (ex trotskyste de la LCR, qui avait vécu les événements), on s'est partagé le travail. J'ai enquêté sur l'aspect culturel, rencontré et interviewé les créateurs d'affiches ou les activistes, croisé Debord alors à Paris par Merri Jolivet, vu Rancillac, Fromanger, Rougemont, Paris-Clavel... Grapus nous a donné tout son fonds et fait l'affiche de la BDIC. François Le Quernec a inauguré une politique d'images de grands graphistes pour chaque manifestation. Siné, Wolinski ou Cabu devenaient des amis. On installait avec François Miehe un atelier de sérigraphie dans nos salles des Invalides et les visiteurs sortaient avec "La police vous parle tous les soirs à 20h". |
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OULIPO |
Type de trace : photo |
date de parution : 1988 |
En 1988, toujours magasinier en faisant un boulot de conservateur, je déménageais rue Beaurepaire, entre la place de la République et le canal Saint-Martin (grâce à mes parents, car je fais partie de la génération de la crise, qui a toujours tiré la langue). C'était populaire, avec plein de grossistes en tapis, des vieux alcoolos au bar prenant des blancs secs bombés dès l'aube. Avec mon ami Christian, on investira davantage le quartier en trouvant un atelier de couture très grand vers Belleville. On y tentera une aventure de phalanstère artistique débouchant sur créations et manifestations collectives. Dans le même temps, des amitiés, comme ici à Penne-du-Tarn avec Noël Arnaud, encore entouré de ses livres et oeuvres, à parler des Réverbères et de Dada, de la Résistance, de Picasso, Eluard (il avait le manuscrit original de "Liberté") et La Main à Plume, du surréalisme révolutionnaire, de Jorn et Dotremont avec Cobra, de Queneau, de Dubuffet et Jorn faisant de la musique, de Vian, de Debord et leur conférence en 1957, de Wolman, de Caradec, de Jarry, de Prévert, de Pérec et de l'OULIPO, de nos rires, de nos nuits assoiffées et du Jorn qui me réveillait dans la chambre, près de la terrasse aux cactées. Des morts vivants et des vivants défiant la mort. |
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Les Peintres d'histoire |
Type de trace : revue-affiche bilingue |
date de parution : novembre 1988 |
Voilà. Avec mon ami Louis Rollinde (Christian de Beaumont), nous voulions relancer une production artistique avec du SENS, sans pour autant retomber dans l'art militant. Clairement, dès le premier numéro de notre revue-affiche bilingue, nous avons affirmé la nécessité de traiter de l'histoire en général et de l'histoire intime, quotidienne. Nous avons ainsi anticipé, tant le retour des plasticiens vers l'événement après la chute du mur de Berlin, que l'intérêt des musées pour les rapports entre art et histoire. Je serai d'ailleurs en 1996 conseiller de l'exposition Face à l'histoire au Centre Pompidou à Paris, tandis que Londres faisait Art and Power, Berlin Berlin-Moscou, et Paris encore Les Années trente en Europe. Quand au retour de l'intime, avec la webcam, il est devenu partout proliférant, jusqu'au dégoût. |
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Téléphagies |
Type de trace : peintures dans boites noires |
date de parution : octobre 1988 |
J'en avais assez de l'art formel des années 1980, des installations, grands décors abscons. La télévision régnait sans partage. Aussi, je commençais alors une longue série de vues critiques d'après des images arrêtées de télévision. L'étrangeté des vues brutes était pour moi matière à interprétations. Je pensais, pendant ces années-là, à de la peinture de résistance, dans un temps où la mode était à son abolition. Mais une peinture sur nos réalités quotidiennes et imaginaires. Ces téléphagies étaient montées dans des boites noires en relief, présentées de façon unique ou en mur d'images. |
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