Il y a quelque chose d'un peu SDN (Société des nations) à réfléchir depuis l'après 1945 au devenir de la planète, à Genève, chaque année, dans une atmosphère humaniste, tempérante, chaleureuse, au bord du lac. J'y traitais d'"Enjeux d'images à l'heure de la guerre mondiale médiatique" et développais beaucoup de concepts qui me tiennent à coeur : histoire du visuel, identités imbriquées, philosophie de la relativité... Je ne suis pas sûr que toutes les conséquences en furent perçues, car beaucoup sont ancrés dans des schémas anciens : pensées précaires obsédées de lendemains rétros. Je dus partir rapidement pour la Roumanie et le Parlement européen de la culture (Sibiu, Bucarest). J'y vis un pays à deux vitesses effrayant. Aujourd'hui, le malaise me vient de la mort brutale de Bronislaw Geremek. Il contribua à ma revue d'histoire comparatiste européenne Comparare. Je garde le souvenir de sa générosité, de sa chaleur, de sa passionnante culture. Des personnages d'exception s'arrêtent ainsi. Pour lui aussi, il faudrait écrire sur sa tombe : "Je mourrai en vous". |