Voilà un film à voir et revoir. Etude critique du fonctionnement des médias, il se refuse aux mécanismes habituels : thèse accusatrice martelée avec force commentaires, musique et images destinées à "vendre" du scandale.
Il se présente comme une grande enquête sur la crise des médias. Il décrit le difficile passage d'une société du spectacle (à l'ère télévisuelle) à des sociétés des spectateurs-acteurs (à l'ère d'Internet). Ce faisant, il pointe discrètement nombre d'anomalies en refusant un poujadisme facile et dangereux ("tous pourris") quand les citoyens ont besoin de professionnels concurrents pour trier et enquêter --ce qu'ils ne peuvent souvent pas faire-- et que la précarisation des médiateurs constitue un danger patent pour la qualité de leur travail et leur indépendance.
Conçu et tourné en 10 jours à cause d'une interdiction subite de partir en Iran pour faire un autre film longuement préparé ("Planète verte ?"), ce fut une performance. Merci d'abord à Cyril Stern, délicieux et efficace compagnon d'aventure. Merci aussi à celles et ceux qui se sont immédiatement rendus disponibles pour cette introspection délicate (tandis que d'autres fuyaient, très paranoïaques...)
Constat avant évolutions : le marasme touchait en 2010 principalement en France la presse quotidienne et la télévision, alors que les possibilités d'Internet étaient totalement sous-utilisées. |