Après Vichy, voilà encore un sujet difficile et une exposition qui fait date. Elle fait date aujourd'hui où tout le monde court après le livre (320 pages) dirigé avec Jean-Pierre Rioux et Benjamin Stora. En 1992, ce fut un bide complet, personne, tout juste un article assassin dans Le Monde par un stagiaire de passage trouvant que dans un lieu petit il ne fallait pas faire d'exposition ambitieuse (au lieu de souligner notre courage et de réclamer davantage de place...) Et pourtant, grâce aux relations de Benjamin avec Pierre Joxe, nous avons eu accès à tous les fonds photos alors sous embargo de l'armée, dont les photos censurées. Et le cinéma avec Godard (nous nous verrons) et Resnais (nous nous parlerons comme un long running gag et je finirai un film par un de ses messages). Et Paris-Match, Bardot, les yéyés. Et pourtant je montrais pour la première fois le grand tableau antifaciste saisi à milan (en plus aux Invalides). Et les généraux de mon ami Baj, et l'oublié Lapoujade apprécié de Sartre, et la torture par Cremonini, et les artistes algériens, et la France déchirée d'Hains et Villeglé, et Jean-Jacques Lebel, et Fougeron et Taslitzky et les situationnnistes, et Siné, Bosc, Hara-Kiri, Tim. Je serai présent à l'enterrement de Boris, choqué par la disparition subite d'Enrico, toujours content de croiser Jean-Jacques. Mais ce temps reste pour moi à jamais marqué par l'horreur absolue que vivait Benjamin, couchant à Villejuif avec se petite fille mourant d'un cancer. |