Voilà la racine de mes appétences intellectuelles. Je ne suis pas un enfant des sixties, mais des fifties, de l'angoisse atomique, du jeu et de la reconstruction. J'aurais voulu (et ai proposé à Suzanne Pagé) monter enfin une belle expo sur les années 1950 (1946-1960), insistant sur la France existentialiste (et bien sûr l'Internationale lettriste ou le Collège de 'Pataphysique) et la Beat Generation aux Etats-Unis (et Robert Frank). Cinéma, littérature, peintres abstraits (Hartung, Soulages...), science-fiction (K. Dick et soucoupes volantes). A défaut, j'ai réuni dans ce livre sur Asger Jorn une toute petite partie de mes recherches. J'y ai dit, pour la première fois, mes amours intellectuelles. J'ai fait une enquête dans toute l'Europe sur les traces de Jorn, aussi bien avec ses épouses Matie (entretien filmé) ou Nanna, son galeriste van de Loo à Munich, son frère Nash à Orkeljunga, Andersen dans son musée à Silkeborg au Danemark, Constant à Amsterdam (je collaborerai à l'expo Constant au musée Picasso d'Antibes avec Maurice Fréchuret), ou Michèle Bernstein et Alice Debord en France. Et d'autres encore (Spur, Dubuffet, Arnaud, contact avec Vaneigem...). L'essentiel : tout cela s'est fait parce que Paul-Hervé Parsy, directeur alors du Musée d'art moderne de Strasbourg a accepté de monter avec moi l'exposition historique La Planète Jorn. Nous projetions de recommencer avec Richard Hamilton, mais son départ fut brutal. |