Je ne sais plus quand. Je vais voir Enrico Baj, exposé en 1992 et ami fidèle depuis. Rencontre Schwarz sur Duchamp. Erre dans Milan et vais voir Guido Crepax, alors oublié et assimilé à un illustrateur érotique de bas étage. Crepax fut un des dynamiteurs du récit et de l'organisation graphique en bande dessinée (comme Druillet, lui aussi exposé au Musée d'histoire contemporaine). C'est un des plus subtils peintres du désir. Homme simple, à vie de famille en appartement classique, passionné des batailles de l'Empire napoléonien, je voulais travailler à valoriser son formidable imaginaire. Généreusement, il me donne les premiers numéros de la revue Linus, des publications diverses et me dédicace cette composition. Il mourra trop tôt. Tous les soirs, tous les matins, je vois cette femme qui s'offre en face de mon lit. Chaque instant se brouille de sensations croisées, dans le temps et dans la perception. Et j'oublie tellement. |