J'étais révolté contre la condescendance française vis-à-vis de Roland Topor, vu comme touche-à-tout mineur (mieux apprécié en Allemagne). Cette exposition napolitaine m'a permis de passer des nuits et des jours avec Roland en fouinant dans tous les tiroirs de la rue Boulainvilliers. J'ai conçu (voir l'esquisse de maquette au-dessus des photos de nous deux à Naples) le concept d'un dictionnaire, pour affirmer tous les aspects de son travail. Je voulais agir avec sérieux pour défendre un esprit subtil, un personnage exigeant, un écrivain précis comme Kafka. Nous avons déjeûné de crèpes fines à la peau de canard laqué et de vin. Nous avons fini des nuits près du Cirque d'Hiver. Nous avons pensé le désordre avec les carreaux froids d'un Mexicain à 4 heures du matin. Par hasard, au vernissage de Naples, il y avait Jorge Semprun invité par Jean-Noël Schifano et, avec Topor (et Christian qui avait scénographié l'expo), nous avons parlé longuement de Picasso sur lequel je travaillais et dont j'avais entretenu le rugueux Pierre Daix. De camps aussi (c'était ma grande manifestation de l'année au Musée d'histoire contemporaine). Je présenterai, mais après sa mort, le travail graphique de Topor à Lisbonne, en écrivant un catalogue jamais paru. Michel Pierre, venu au vernissage, me parle d'Hugo Pratt, que je n'aurai jamais la chance de rencontrer, à mon grand regret et malgré plusieurs occasions successives. Retour amer à Paris avec Christian, où nous perdons à jamais des tirages photographiques grand format de nos installations scénographiques antérieures pour les Peintres d'Histoire. |