Voilà un moment important. J'ai eu le privilège de travailler avec François Bédarida, de parler avec Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon, de retrouver le général Saint-Macary. Nous sommes allés en Allemagne avec Bédarida, avons organisé la première manifestation franco-allemande sur ce thème, visité des camps. Les survivants nous ont dit que le meilleur moyen de combattre le révisionnisme était de dire tout : l'horreur fut suffisante pour n'avoir besoin de rien cacher, ni d'augmenter les chiffres. Le temps de l'histoire était venu. Ainsi, nous avons parlé de la correspondance entre camps, nous avons dit que tous n'étaient pas des camps d'extermination. J'ai travaillé longuement sur les représentations contemporaines ou postérieures. J'interrogerai mon ami Boris Taslitzky. Simone Veil inaugurera la manifestation. Nous parlerons et je ne l'oublierai pas. A sa demande, plus tard, je ferai partie du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Avec François Bédarida, nous aurons des discussions passionnantes et conniventes sur les dangers de l'instrumentalisation de l'histoire. Autant toute trace d'antisémitisme doit alerter, car c'est de toute façon le signe avant-coureur d'autres exclusions, autant tout communautarisme exclusif se servant d'un drame de l'histoire risque de se retourner contre ceux-là même qui en jouent. Je garde un grand respect pour Simone Veil et la rigueur intellectuelle de François Bédarida me manque (et son exceptionnelle épouse aussi). Il fera preuve ensuite de gestes d'amitié courageux envers moi et mes recherches, jusqu'à sa mort brutale. |